Darmi Jattani, Author at Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/author/darmi-jattani/ Research that matters Mon, 14 Aug 2023 18:23:13 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3 https://globaldev.blog/wp-content/uploads/2023/03/Logotype_02-1.svg Darmi Jattani, Author at Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/author/darmi-jattani/ 32 32 Les véritables coûts sociaux et économiques du paludisme au Kenya https://globaldev.blog/fr/les-veritables-couts-sociaux-et-economiques-du-paludisme-au-kenya/ Wed, 16 Aug 2023 06:27:00 +0000 https://globaldev.blog/?p=6053 Le paludisme laisse de nombreux Kenyans sans ressources aucunes. La maladie cause en outre des dommages à court et long terme au système économique national. Cet article quantifie l’énorme fardeau économique et social que représente le paludisme pour le Kenya, en présentant des chiffres qui mettent en évidence le besoin urgent de mesures préventives, comme

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Le paludisme laisse de nombreux Kenyans sans ressources aucunes. La maladie cause en outre des dommages à court et long terme au système économique national. Cet article quantifie l’énorme fardeau économique et social que représente le paludisme pour le Kenya, en présentant des chiffres qui mettent en évidence le besoin urgent de mesures préventives, comme les vaccins.

Chaque 25 avril se tient la Journée mondiale du paludisme, qui rappelle que des milliers de personnes meurent encore tous les ans d’une maladie que l’on peut à la fois prévenir et guérir. En outre, on estime que le fardeau financier de la maladie pousse chaque année plus de 100 millions de personnes dans le monde sous le seuil de pauvreté en raison des dépenses de santé non remboursées, donc des frais de santé qu’elles doivent prendre en charge elles-mêmes.

Le gouvernement kenyan a lancé plusieurs initiatives visant à garantir l’accès de tous et toutes à des services de santé de qualité sans avoir à subir des difficultés financières. Le programme de couverture sanitaire universelle (CSU) est la plus récente de ces initiatives. Il avait été testé dans quatre des 47 comtés en 2022, mais n’a pas été déployé à l’échelle nationale en raison de contraintes budgétaires. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (ou NHIF en anglais), en charge de la mise en œuvre de la CSU, offre une sécurité financière de base. Cependant, il n’offre qu’une protection financière limitée, les pauvres, les personnes âgées de plus de 60 ans et les patient(e)s souffrant de maladies chroniques étant les moins bien loti(e)s.

Le paludisme est également un obstacle sérieux à la croissance économique nationale. Cet article donne une idée plus précise de l’ampleur de la maladie et de son coût réel pour la société – un coût qui renforce les arguments en faveur des vaccins et d’autres mesures préventives. Ces mesures permettront non seulement de sauver des vies et de favoriser le bien-être, mais aussi de prévenir les préjudices économiques causés par le paludisme aux ménages et à la société. Les idées présentées dans cet article peuvent aider les responsables politiques à élaborer des mesures politiques telles que des réformes du NHIF, tout en menant des recherches, en particulier dans le domaine de la vaccination contre le paludisme.

Prévalence du paludisme au Kenya

L’Organisation mondiale de la santé indique que presque chaque minute, un enfant meurt du paludisme en Afrique. Au Kenya, environ 70 % de la population est exposée au risque de paludisme. Selon l’ Enquête économique du Kenya 2023, le paludisme représentait la deuxième maladie par ordre d’importance, soit 11,7 % en 2022. Les enquêtes annuelles auprès des ménages montrent une réduction de la prévalence des parasites du paludisme de 8 % en 2015 à 5,6 % en 2020. L’Organisation mondiale de la santé attribue notamment cette baisse à l’introduction du vaccin antipaludique en 2019. Toutefois, le taux de diminution s’est ralenti depuis 2017. Cette tendance souligne la nécessité de mettre en place des mesures préventives alternatives et durables afin de réduire et d’éliminer la prévalence du paludisme au Kenya.

Les coûts du paludisme au Kenya : indirects et directs

Le paludisme entraîne des dépenses directes et indirectes pour les individus et l’économie dans son ensemble. Les coûts directs correspondent aux dépenses liées à la prise en charge médicale de la maladie, tandis que les coûts indirects correspondent aux dépenses liées à d’autres pertes. Ces coûts vont de la perte de salaire à la perte de productivité, en passant par les dépenses liées à la garde d’enfants qui n’auraient pas été engagées autrement.

Une étude menée au Kenya a estimé que le coût économique direct du paludisme pour le gouvernement et les ménages avec des enfants de moins de cinq ans s’élevait à environ 251 millions de dollars américains en 2009. Les coûts directs totaux du paludisme représentent 43,5 % du coût total estimé, tandis que les coûts indirects, y compris les décès, représentent 56,5 %. Le décès contribue aux coûts indirects car le ménage et la société perdent les revenus futurs de l’individu tout au long de sa vie.

Le coût direct des soins de santé se traduit par une augmentation des dépenses personnelles, en particulier lorsque les services publics sont défaillants. Ces dépenses empiètent sur le revenu disponible des ménages, qu’ils auraient pu consacrer à des produits et services plus favorables à l’économie.

Des chercheurs ont estimé le coût indirect du paludisme : une augmentation de 10 % de la prévalence du paludisme entraîne une baisse de 3,3 % à 3,8 % des salaires mensuels individuels. Au Kenya, le paludisme entraîne une perte annuelle de plus de 170 millions de jours de travail. Selon les économistes, le paludisme entraîne une « pénalité de croissance » pouvant aller jusqu’à 1,3 % par an dans certaines nations africaines. Au fil du temps, cette perte se traduit par d’importantes disparités de PIB entre les pays touchés par le paludisme et ceux qui ne le sont pas. Dans le secteur de l’éducation, on estime que le paludisme est à l’origine de 5 à 8 % de l’absentéisme chez les enfants scolarisés. Cela équivaut à 50 % de l’absentéisme évitable.

Conclusion

Il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre des méthodes permettant d’éliminer le paludisme, compte tenu de son impact économique considérable. Il est évident que la majorité des Kenyans n’ont pas les moyens de payer ces coûts-là de leur poche. L’augmentation annuelle des fonds alloués au secteur de la santé devrait être étayée par des données et accordée en priorité à l’accès, à l’adoption et à l’utilisation d’interventions préventives contre le paludisme afin de réduire le fardeau socio-économique de cette maladie. L’impact de la vaccination antipaludique ne peut être sous-estimé et le déploiement national du vaccin antipaludique devrait être ciblé afin d’augmenter la couverture de huit à l’ensemble des 47 comtés.

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Les trois grands défis financiers qui pourraient empêcher le Kenya d’atteindre ses objectifs en matière de changement climatique https://globaldev.blog/fr/les-trois-grands-defis-financiers-qui-pourraient-empecher-le-kenya-datteindre-ses-objectifs-en-matiere-de-changement-climatique/ Wed, 28 Jun 2023 13:41:13 +0000 https://globaldev.blog/?p=5732 Le financement actuel de la lutte contre le changement climatique au Kenya ne permettra de répondre que partiellement aux problèmes climatiques. La recherche pourrait aider le pays à mieux atteindre ses objectifs climatiques en identifiant les failles critiques et les priorités inadaptées dans les dépenses gouvernementales. Le plan d’adaptation au changement climatique du Kenya –

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Le financement actuel de la lutte contre le changement climatique au Kenya ne permettra de répondre que partiellement aux problèmes climatiques. La recherche pourrait aider le pays à mieux atteindre ses objectifs climatiques en identifiant les failles critiques et les priorités inadaptées dans les dépenses gouvernementales.

Le plan d’adaptation au changement climatique du Kenya – mis en œuvre depuis 2013 dans des plans quinquennaux (2013-2017 et 2018-2022) – intègre les actions climatiques dans la planification, la budgétisation et la mise en œuvre du développement. Soutenue par une politique nationale d’atténuation du changement climatique, cette approche donne l’impression que la politique du Kenya en matière de changement climatique est rigoureuse. De plus, la loi sur le changement climatique de 2016 définit les cadres institutionnels et les responsabilités en matière de gestion et de supervision des plans d’action nationaux de lutte contre le changement climatique. Toutefois, un examen approfondi montre que l’approche actuelle en matière de dépenses ne permettra pas au Kenya d’atteindre les objectifs environnementaux définis dans le cadre de Vision 2030, le plan de développement à long terme du pays vers la prospérité.

Un rapport commandé par le Trésor national étudie l’approche actuelle et présente trois facteurs principaux qui limitent l’efficacité de l’exécution des plans d’adaptation et d’atténuation du changement climatique au Kenya. Bien que ces facteurs ne soient pas les seuls, le fait de mieux les comprendre permettra d’améliorer la gestion des dépenses publiques et d’aider le pays à réaliser ses ambitions en matière de lutte contre le changement climatique.

Trop peu de fonds consacrés à l’adaptation

Pour le Kenya, le premier défi à relever pour atteindre les objectifs climatiques, comme l’ont rappelé d’autres partenaires de développement, réside dans l’importance des dépenses consacrées à l’atténuation des effets du changement climatique. Cette approche va à l’encontre de la priorité accordée par le pays à l’adaptation. Compte tenu de la faible marge de manœuvre budgétaire, qui ne permet pas une grande flexibilité, et des niveaux d’endettement élevés du Kenya, il est impératif de dépenser dans les domaines qui ont le plus d’impact.

Le coût estimé de la mise en œuvre du plan d’adaptation du pays s’élève à 6 775 milliards de shillings kenyans (48 milliards de dollars américains) pour la période 2020-2030. Les données disponibles montrent également qu’en 2018, seul un tiers (243,3 milliards de shillings, soit 1,7 milliard de dollars) du financement total requis pour les investissements liés à l’adaptation au changement climatique a été réalisé. Cela se traduit par un déficit de ressources annuel de 486,6 milliards de shillings (3,5 milliards de dollars).

Le budget prévisionnel pour l’exercice 2023/24 montre que les dépenses du pays pour le remboursement et le service de la dette ainsi que pour les pensions passeront de 44 % l’année précédente à 49 %. Il ne restera donc que 51 % (1 930 milliards de shillings) des 3 790 milliards estimés pour la mise en œuvre des budgets des programmes au niveau national et au niveau des comtés. Ce tableau met en évidence la nécessité d’une allocation budgétaire stratégique et d’une rationalisation du budget consacré au climat afin de garantir des dépenses efficaces en s’appuyant sur des preuves de ce qui fonctionne.

Les comtés ont besoin de plus de fonds pour lutter contre le changement climatique

La Banque mondiale souligne que le deuxième problème est le manque d’intérêt pour les mesures de lutte contre le changement climatique au niveau local. Le décret relatif à la création d’un département d’État pour l’environnement et le changement climatique sous l’égide du ministère de l’environnement montre que l’engagement dans la lutte contre le changement climatique est une question d’intérêt national. Toutefois, cette attention devrait également être portée au niveau des comtés, étant donné que ceux-ci assurent une prestation de services plus proche des citoyens.

Pourtant, la part des comtés dans les dépenses publiques totales a diminué, le gouvernement national conservant une part plus importante des ressources fiscales, même dans les secteurs où des fonctions ont été dévolues. On observe un chevauchement des tâches dû à des exercices de dégroupage incomplets, signe d’une mise en œuvre inefficace des systèmes de relations fiscales intergouvernementales.

Ainsi, une part substantielle des fonds nationaux partageables est toujours détenue au niveau national. Afin de relever ce défi, le nouveau Programme de financement des actions locales de lutte contre le changement climatique, financé par la Banque mondiale, vise à soutenir les communautés rurales et à renforcer la capacité des administrations des comtés à gérer les risques climatiques. Les actions de résilience climatique menées au niveau local sont une excellente stratégie, mais la déclaration de politique budgétaire 2023 n’en tient pas compte, car la plupart des stratégies proposées sont concentrées au niveau national.

Une focalisation disproportionnée sur les énergies renouvelables

Le troisième problème mis en évidence par l’étude est que la stratégie de financement climatique du Kenya cible de manière disproportionnée le secteur des énergies renouvelables, alors que d’autres secteurs clés, tels que l’agriculture, la sylviculture et l’utilisation des terres, les transports et la gestion de l’eau, sont sous-financés. L’agriculture est au cœur de la croissance économique, de l’emploi et de la réduction de la pauvreté, et les effets néfastes du changement climatique sur ce secteur peuvent réduire à néant les progrès réalisés au cours de la dernière décennie.

En outre, l’agriculture kenyane est tributaire des précipitations, moins de 5 % des terres étant irriguées, et le secteur a souffert de la variabilité croissante des précipitations. Le changement climatique constitue un défi supplémentaire pour les perspectives du secteur, car il met en péril la production agricole et la sécurité alimentaire en raison de ses effets sur la disponibilité de l’eau et sur l’incidence et l’intensité des nuisibles et des maladies animales et végétales. Le Trésor national rappelle que le financement actuel cible de manière disproportionnée certains secteurs qui ne répondront que partiellement aux problèmes climatiques et que des efforts considérables seront nécessaires pour aligner tous les secteurs.

La recherche montre qu’il existe une relation entre le changement climatique et les catastrophes, telles que le COVID-19, les sécheresses, les incendies de forêt et les invasions de criquets en Afrique de l’Est. Par conséquent, une approche politique qui n’englobe pas tous les secteurs n’est pas en mesure de répondre aux défis sectoriels évidents et aux priorités budgétaires disproportionnées.

Il est impératif que les gouvernements et les décideurs politiques adoptent une approche globale pour relever les défis complexes posés par les catastrophes naturelles et le changement climatique. Cela nécessite une stratégie globale qui tienne compte de l’interconnexion des différents secteurs. En outre, il est essentiel de donner la priorité au financement de la recherche et du développement de nouvelles technologies qui peuvent aider à s’adapter à l’évolution du climat. Cela nécessitera un changement significatif de l’orientation budgétaire vers des solutions à long terme plutôt que des solutions à court terme.

La voie à suivre

Que faut-il faire à la lumière de ces résultats ? L’étude montre que la première étape consiste à améliorer le système de suivi et de rapport sur le financement de la lutte contre le changement climatique. Cela permettra de savoir si le financement répond aux besoins climatiques et de connaître les domaines dans lesquels il existe des failles. Il en résultera une augmentation des investissements ou des réductions en connaissance de cause, si nécessaire.

Le Kenya dispose d’un système intégré de gestion financière et d’information qui peut être utilisé par les ministères, les services de l’État, les agences et les comtés pour rendre compte régulièrement des dépenses liées au climat. La coordination entre les acteurs étant essentielle à la mise en œuvre efficace du plan national, un système intégré améliorera les rapports entre les acteurs à tous les niveaux.

Les difficultés budgétaires actuelles, aggravées par les effets du COVID-19 et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, constituent un défi unique pour la mise en œuvre des actions de lutte contre le changement climatique. Elles offrent également la possibilité d’impliquer le secteur privé par le biais d’initiatives telles que les partenariats public-privé. Le secteur privé peut jouer un rôle important pour combler le déficit de financement.

En 2018, 98,9 milliards de shillings kenyans (979 millions de dollars) ont été investis par le secteur privé dans des dépenses liées au climat, 65,6 % provenant de sociétés privées étrangères finançant des projets nationaux et 34,4 % provenant d’entreprises kenyanes utilisant leurs propres fonds.

Près de 41 % de l’ensemble du financement climatique suivi au Kenya provient de sources privées, la majorité de cet argent étant consacré au développement de sources d’énergie renouvelables. Des subventions et des incitations peuvent être accordées au secteur privé afin de créer un environnement favorable aux investisseurs dans tous les secteurs. La certitude politique et l’amélioration de l’infrastructure publique devraient permettre d’accélérer le financement privé de la lutte contre le changement climatique, qui passerait de 10 % actuellement à 15 %. Cela permettra de dégager 196,5 milliards de shillings (1,4 milliard d’USD) pour la période de dix ans (2020-2030).

L’analyse coûts-avantages confirme qu’en dépit du coût élevé, il est très intéressant d’investir dans le financement de la lutte contre le changement climatique. Pour chaque dollar dépensé, un gain économique de quatre dollars est réalisé. Bien que les données sur les gains estimés du Kenya ne soient pas disponibles, l’inversion des effets du changement climatique atténuera la perte économique actuellement estimée à 2,6 % du PIB. À l’échelle mondiale, les mesures de lutte contre le changement climatique devraient générer un gain économique direct de 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030.

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