Mohammad Moniruzzaman, Author at Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/author/mohammad-moniruzzaman/ Research that matters Wed, 19 Apr 2023 13:43:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3 https://globaldev.blog/wp-content/uploads/2023/03/Logotype_02-1.svg Mohammad Moniruzzaman, Author at Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/author/mohammad-moniruzzaman/ 32 32 Perte de ressources découlant de la migration : pourquoi les ménages d’origine ne sont pas toujours gagnants https://globaldev.blog/fr/perte-de-ressources-decoulant-de-la-migration-pourquoi-les-menages-dorigine-ne-sont-pas/ Mon, 14 May 2018 09:01:45 +0000 http://wordpress.test/perte-de-ressources-decoulant-de-la-migration-pourquoi-les-menages-dorigine-ne-sont-pas/ L’importance des envois de fonds par les travailleurs migrants vers leurs pays d’origine est largement reconnue. Cependant, les ‘pertes de ressources’ subies par plusieurs ménages d’origine en termes de fardeau de dettes élevés ou de réduction d’économies et d’actifs sont beaucoup moins appréciées. Cet article soutient qu’à mesure que la migration des travailleurs devient de

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L’importance des envois de fonds par les travailleurs migrants vers leurs pays d’origine est largement reconnue. Cependant, les ‘pertes de ressources’ subies par plusieurs ménages d’origine en termes de fardeau de dettes élevés ou de réduction d’économies et d’actifs sont beaucoup moins appréciées. Cet article soutient qu’à mesure que la migration des travailleurs devient de plus en plus temporaire et circulaire, les envois de fonds par les migrants ne peuvent souvent pas compenser entièrement les coûts encourus. Cet argument a des incidences profondes sur le débat autour du rôle de la migration dans l’appui au développement durable.

Les transferts d’argent par les travailleurs migrants à partir de leurs pays d’accueil ont récemment atteint des niveaux record après deux années consécutives de déclin. Un rapport publié en avril 2018 par la Banque mondiale montre que les transferts de fonds vers les pays à faible et à moyen revenus ont atteint 466 milliards de dollars en 2017, soit une augmentation de 8,5 % par rapport au montant des transferts en 2016 qui atteignait 429 milliards de dollars. Le montant total des transferts, qui inclut les flux vers les pays à revenu élevé, a augmenté de 7 %, passant de 573 milliards de dollars en 2016 à 613 milliards de dollars en 2017.

Ces tranferts de fonds représentent « l’empreinte économique » la plus visible de la migration internationale, et ils apparaissent souvent dans l’ordre du jour des discussions sur le rôle de la migration dans le développement. Toutefois, les « pertes de ressources » – les ressources dépensées par les ménages de migrants pour soutenir et maintenir la migration, ne sont presque jamais abordées.

La migration circulaire venant de l’hémisphère sud entraîne souvent d’importantes dépenses de la part de ménages qui épuisent leurs économies, vendent leurs actifs de précaution et empruntent de l’argent à des taux d’intérêt exorbitants pour financer la migration des membres de leur famille. Ce processus, en retour, réduit les ressources, les actifs et les capacités des ménages des migrants d’une manière susceptible d’entraver par la suite le bien-être économique et de créer une dépendance préjudiciable vis-à-vis la migration.

Dans l’une de nos récentes études, nous nous appuyons sur des données recueillies auprès des ménages au Bangladesh pour analyser les processus de financement de la migration internationale de la main-d’œuvre et les pertes de ressources qui lui sont relatives. Nous avons conclu que même si la migration est devenue une stratégie de subsistance pour de nombreux ménages dans le Bangladesh rural, les ménages épuisent de façon considérable leurs ressources en termes de terrains et autres actifs de précaution afin de pouvoir accéder aux opportunités de migration vers les États du Golfe et les pays émergents d’Asie.

La dette est un élément essentiel du système de migration. Bien que les ménages adoptent une stratégie de migration pour compenser leurs incertitudes concernant leurs revenus, le système de migration en soi crée une précarité extrême, à mesure que les ménages ploient sous le fardeau de la dette liée à la migration. Il est malheureux de constater qu’il faut parfois le temps d’une période entière d’immigration pour rembourser la dette. Cet argument a de profondes incidences sur le débat autour du rôle de la migration dans l’appui au développement durable.

Au niveau mondial, il existe de nombreuses données probantes sur la manière par laquelle les migrations et les envois d’argent peuvent avoir un impact positif sur le bien-être des ménages restés dans le pays d’origine, par le biais de l’augmentation des revenus, du financement de l’éducation et des soins de santé, de l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire et de l’accroissement des économies et de l’investissement. Toutefois, les migrations deviennent de plus en plus temporaires et circulaires, caractérisées par des flux épisodiques plus courts, et malheureusement, les salaires gagnés par les travailleurs immigrés sont souvent insuffisants pour compenser les dépenses liées à la migration.

Je soutiens qu’en l’absence de l’inclusion des coûts complets, toute évaluation de l’impact de la migration est partielle. Il est par conséquent extrêmement important d’inclure les dépenses liées à l’immigration pour savoir si et comment les fonds rapatriés reçus par les ménages sont suffisants pour compenser la perte d’actifs et de ressources associée au financement de la migration internationale.

La migration est également considérée par la communauté internationale comme « une stratégie de moyen de subsistance transnationale » par laquelle les ménages diversifient leurs moyens de subsistance en envoyant la main-d’œuvre vers des marchés du travail géographiquement distincts. Cependant, les conditions de subsistance nécessaires comprennent les capacités et les actifs des ménages.

La subsistance transnationale obtenue à travers la migration pourrait ne pas toujours produire de grandes opportunités et pourrait en réalité finir par réduire les capacités des ménages si l’immigration entraîne des coûts irrécupérables considérables et l’épuisement des ressources. Toute analyse de la migration en tant que moyen de subsistance transnational doit intégrer les coûts liés à la migration et évaluer la mesure dans laquelle ces coûts représentent une perte inéquitable et non viable de ressources par la région d’origine.

Les questions relatives à la migration ont été intégrées de façon explicite dans cinq des sept objectifs de développement durable (ODD) et des 169 cibles. Les migrations et les rapatriements de fonds sont au centre de l’objectif 10, qui met en exergue différentes stratégies pour réduire les inégalités au sein des pays et entre ceux-ci.

La cible 10.7 précise la nécessité de faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable à travers la mise en œuvre de politiques migratoires planifiées et bien gérées, tandis que la cible 10.c souligne le besoin de réduire les coûts de transaction liés aux envois de fonds à moins de 3 % au plus tard en 2030.

Il semble que cette intervention politique sur le financement des migrations est essentielle pour assurer la migration et la mobilité des personnes de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable. Par conséquent, il est important de comprendre le financement de la migration dans l’atteinte des cibles des ODD.

Il est vital d’adopter une approche globale à l’égard de la recherche sur les migrations et les rapatriements de fonds concernant le bien-être général des ménages bénéficiaires. Si le transfert de ressources liées à la migration est conceptualisé uniquement comme un flux à sens unique de la destination du migrant vers sa région d’origine, à travers les envois d’argent et d’autres flux de ressources, cela aboutira à une compréhension inexacte de la circulation mondiale des ressources liées à la migration internationale.

La compréhension rapide de cette réalité nous permettra de mieux évaluer de façon globale les gains et pertes de ressources associés aux systèmes de migration de travail contractuelle.

 

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Sécurité alimentaire dans les mégapoles : migrations climatiques et systèmes alimentaires informels https://globaldev.blog/fr/securite-alimentaire-dans-les-megapoles-migrations-climatiques-et-systemes-alimentaires/ Wed, 28 Feb 2018 05:00:30 +0000 http://wordpress.test/securite-alimentaire-dans-les-megapoles-migrations-climatiques-et-systemes-alimentaires/ À mesure que les habitants des pays en développement continuent d’affluer vers les mégapoles, parfois du fait de la migration liée aux problèmes climatiques, le risque d’insécurité alimentaire au sein des communautés pauvres des zones urbaines demeure élevé. L’auteur souligne la nécessité d’élaborer des politiques visant à atténuer ce risque et renforcer la résilience des

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À mesure que les habitants des pays en développement continuent d’affluer vers les mégapoles, parfois du fait de la migration liée aux problèmes climatiques, le risque d’insécurité alimentaire au sein des communautés pauvres des zones urbaines demeure élevé. L’auteur souligne la nécessité d’élaborer des politiques visant à atténuer ce risque et renforcer la résilience des systèmes alimentaires urbains. Les gouvernements des mégapoles comme à Dhaka au Bangladesh doivent envisager des façons d’intégrer des systèmes alimentaires informels, qui peuvent rendre les produits alimentaires plus accessibles et abordables pour les migrants à faible revenu.

Le monde s’urbanise de plus en plus. Selon la Division de la population des Nations Unies, plus de 54 % de la population mondiale habitent dans des zones urbaines, avec plus de 10 % vivant dans les mégapoles (des villes abritant au moins 10 millions d’habitants). D’après une étude menée par l’Institut universitaire des Nations Unies pour l’environnement et la sécurité humaine, les changements climatiques aggraveront les migrations, éventuellement de pas moins de 200 millions de personnes d’ici 2050.

À l’issue de l’urbanisation croissante, on peut s’attendre à une augmentation du risque d’insécurité alimentaire pour les populations pauvres vivant dans les zones urbaines. L’une des stratégies de survie des personnes à faible revenu migrant vers les zones urbaines est de dépendre de ce que les chercheurs dans le domaine du développement appellent les systèmes alimentaires informels. Cette question sera au centre du programme stratégique pour le développement à l’international dans les prochaines décennies pour un certain nombre de raisons.

Premièrement, les migrations liées aux changements climatiques transformeront progressivement les systèmes d’approvisionnement alimentaire en milieux urbains et augmenteront les risques liés à l’insécurité alimentaire, aggravant ainsi les vulnérabilités et les inégalités existantes.

Deuxièmement, les systèmes alimentaires informels se démarquent progressivement pour devenir une composante essentielle de l’approvisionnement alimentaire des migrants en milieu urbain. Compte tenu du nombre réduit de stratégies relatives aux moyens de subsistance qui leur sont disponibles, les migrants, contrairement aux résidents, ne sont pas suffisamment armés pour faire face aux chocs alimentaires et aux goulots d’étranglement de la chaine de valeur, en raison de leur manque de connaissances sur les réalités locales, de réseaux et d’actifs. Désireux d’être plus autonomes et d’avoir plus de flexibilité, les migrants ont de plus en plus recours aux systèmes alimentaires informels pour combler leurs besoins en matière de moyens de subsistance et de sécurité alimentaire.  

Dhaka est une illustration claire des relations complexes qui existent entre les migrations climatiques et les systèmes alimentaires informels dans les mégapoles. Dhaka est la dixième plus grande ville au monde et abrite 16,8 millions de personnes vivant sur une superficie 325 km² (soit une densité de plus de 51 000 habitants/km²).

De plus, selon l’indice mondial des risques climatiques, le Bangladesh fait partie des six pays les plus touchés par les dangers environnementaux. Les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire sont extrêmement vulnérables aux risques liés au climat au Bangladesh, et la migration est aujourd’hui la stratégie d’adaptation la plus utilisée par les personnes vivant dans les zones affectées.

La migration à grande échelle des zones rurales vers les zones urbaines est l’un des principaux facteurs de la croissance urbaine rapide enregistrée dans la mégapole de Dhaka. Un demi-million de Bangladeshis affluent vers la ville chaque année, en particulier en provenance des régions côtières et rurales, et, par conséquent, l’insécurité alimentaire se déplace des zones rurales vers les zones urbaines.

Les quatre raisons suivantes expliquent l’accroissement rapide des migrations à destination de Dhaka :

  • les migrants ruraux sont à la recherche d’emplois dans les usines de vêtements, le secteur de la construction et l’économie informelle ;
  • les problèmes environnementaux dans la région sud du Bangladesh (y compris la montée des niveaux de la mer, l’intrusion des eaux salées, l’augmentation de la salinité dans les terres agricoles, la rareté de l’eau potable, et la réduction de la production de poisson et de l’élevage de crevettes en eau douce) attirent les migrants de la division de Barisâl vers Dhaka ;
  • les migrations saisonnières à partir de la région nord-ouest du Bangladesh sont en augmentation en raison de la variabilité pluviométrique, des sécheresses saisonnières et de l’insécurité alimentaire qui en suit, ainsi que de la famine connue sous le nom de « Monga » ;
  • les inondations, les cyclones et l’érosion des rives entraînent de fortes poussées migratoires occasionnelles des zones affectées vers Dhaka.

Par conséquent, le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles urbains n’ayant pas accès aux services et aux commodités de base a augmenté de 60 % depuis 2000. Les systèmes alimentaires informels de Dhaka sont devenus un réseau dense et diversifié de marchés informels, de commerçants ambulants, de vendeurs à la sauvette, de vendeurs à la criée, de détaillants, de fournisseurs et de transporteurs.

Le secteur informel opère généralement dans les espaces publics, rendant les aliments plus accessibles et plus abordables aux migrants à faible revenu. Selon une étude, 100 000 vendeurs ambulants vendent des aliments dans des lieux publics, permettant ainsi à plus 400 000 personnes de gagner leur vie. Un sur deux citadins dépend de ces marchés informels pour s’approvisionner en aliments.

Dhaka est situé sur une plaine uniforme deltaïque où convergent trois grands fleuves (Padma, Bramhaputra et Meghna). Les évènements induits par les changements climatiques, en particulier les inondations de mousson, interrompent périodiquement la chaîne d’approvisionnement alimentaire formelle, entraînant des pénuries et le blocage des voies de transport. Les systèmes alimentaires informels sont plus résistants et agiles que le système alimentaire formel, et ils font fonctionner la mégapole en cas de catastrophe.

De manière surprenante, même si la sécurité alimentaire constitue un élément clé du programme de développement du gouvernement du Bangladesh, il semble que les systèmes alimentaires informels ne sont pas appréciés par les autorités publiques. Ainsi, des expulsions et des actes de violence contre les réseaux alimentaires informels sont perpétrés au quotidien par les organes de répression et les autorités locales à Dhaka. Les politiques actuelles n’abordent pas la question du caractère informel du système alimentaire dans les mégalopoles.

Cette situation doit changer. La sécurité alimentaire dans les mégapoles est différente de celle des zones rurales ou des petits centres, et par conséquent, elle doit être traitée au moyen d’un ensemble de diverses politiques qui permettent de réduire le risque et de renforcer la résilience des systèmes alimentaires urbains, et qui reconnaissent l’approvisionnement alimentaire informel comme faisant partie de la solution. Les gouvernements des mégapoles partout dans le monde (pas seulement à Dhaka) doivent donc réfléchir à la meilleure façon d’intégrer les systèmes alimentaires informels dans les systèmes alimentaires urbains.

Nous devons lancer un plus vaste débat et un dialogue politique sur un certain nombre de questions clés :

  • la mesure dans laquelle les migrations climatiques transforment le système alimentaire informel des mégapoles ;
  • comment les migrants abordent le problème de l’insécurité alimentaire et comment ils s’organisent dans le cadre des systèmes alimentaires informels ;
  • les politiques et directives en vigueur aux niveaux urbain, régional, national et international dans le but de renforcer les systèmes alimentaires informels ;
  • les problèmes qui sont à la base de la gouvernance urbaine de la sécurité alimentaire, et comment le système alimentaire informel peut être adapté aux approches de sécurité alimentaire publique aux niveaux local et urbain.

Plus vite nous parviendrons à répondre à ces questions, plus nous aurons la chance de rendre nos mégapoles plus résilientes aux répercussions combinées des changements climatiques et de la croissance démographique rapide.

 

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