{"id":2055,"date":"2021-11-29T12:38:02","date_gmt":"2021-11-29T12:38:02","guid":{"rendered":"http:\/\/wordpress.test\/informalite-financiere-au-sein-des-entreprises-formelles-lexemple-de-legypte\/"},"modified":"2023-04-19T13:49:08","modified_gmt":"2023-04-19T13:49:08","slug":"informalite-financiere-au-sein-des-entreprises-formelles-lexemple-de-legypte","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/globaldev.blog\/fr\/informalite-financiere-au-sein-des-entreprises-formelles-lexemple-de-legypte\/","title":{"rendered":"Informalit\u00e9 financi\u00e8re au sein des entreprises formelles : l’exemple de l’\u00c9gypte"},"content":{"rendered":"

Un nombre important de petites et moyennes entreprises restent d\u00e9connect\u00e9es des march\u00e9s du cr\u00e9dit m\u00eame apr\u00e8s \u00eatre devenues des entreprises formelles – une situation que l’on peut qualifier d’\u00ab informalit\u00e9 financi\u00e8re \u00bb. L’acc\u00e8s au cr\u00e9dit est pr\u00e9cieux pour les entreprises jouissant d’importantes possibilit\u00e9s de croissance, mais entra\u00eene aussi une plus grande difficult\u00e9 \u00e0 dissimuler des revenus aux autorit\u00e9s fiscales. Cet article explore les caract\u00e9ristiques des entreprises et des march\u00e9s locaux du cr\u00e9dit qui influencent ce compromis en \u00c9gypte, ainsi que les politiques qui pourraient permettre une meilleure inclusion financi\u00e8re des entreprises non bancaris\u00e9es et de celles qui sont d\u00e9courag\u00e9es avant m\u00eame de demander des pr\u00eats pour financer leurs investissements.<\/em><\/strong><\/p>\n

L’informalit\u00e9<\/a> est largement reconnue comme un facteur cl\u00e9 limitant la croissance dans les pays en d\u00e9veloppement. Mais des preuves empiriques<\/a> r\u00e9centes montrent que les avantages de la formalisation des entreprises peuvent \u00eatre limit\u00e9s. L’un des principaux avantages de la formalit\u00e9 est   un meilleur acc\u00e8s au financement <\/a> .<\/p>\n

N\u00e9anmoins, cet avantage n’a que peu de valeur si les entreprises enregistr\u00e9es restent d\u00e9connect\u00e9es<\/a> des march\u00e9s de cr\u00e9dit formels. Ces entreprises sont moins susceptibles de profiter des opportunit\u00e9s d’investissement et de croissance qui accompagnent l’acc\u00e8s au cr\u00e9dit. Dans une \u00e9tude r\u00e9cente<\/a>, nous constatons que cette situation est tr\u00e8s courante parmi les petites et moyennes entreprises (PME) op\u00e9rant en \u00c9gypte. Nous appelons cette situation l’informalit\u00e9 financi\u00e8re des entreprises formelles.<\/p>\n

L’informalit\u00e9 financi\u00e8re peut prendre au moins deux formes. La premi\u00e8re est que les entreprises peuvent renoncer \u00e0 disposer d’un compte d’\u00e9pargne ou d’un compte ch\u00e8que, et ne compter que sur les transactions en esp\u00e8ces. Ce qui, \u00e0 son tour, peut gravement limiter leur acc\u00e8s au syst\u00e8me financier formel.<\/p>\n

Le fait d’avoir un compte ch\u00e8que est important pour l’acc\u00e8s au financement car il permet aux banques de surveiller les entr\u00e9es et les sorties de fonds, et ainsi de r\u00e9duire les asym\u00e9tries d’information qui entravent l’octroi de pr\u00eats aux petites entreprises. En particulier, les informations sur le compte aident les banques \u00e0 \u00e9tablir des chiffres d’affaires et des flux de tr\u00e9sorerie fiables, ce qui est crucial pour \u00e9tablir des \u00e9tats financiers rudimentaires.<\/p>\n

La figure 1 montre que la non bancarisation est tr\u00e8s r\u00e9pandue parmi les entreprises \u00e9gyptiennes. Seules 60 % des entreprises disposaient d’un compte ch\u00e8que ou d’un compte d’\u00e9pargne en 2013, cette proportion \u00e9tant pass\u00e9e \u00e0 69 % en 2016.<\/p>\n

Le taux de p\u00e9n\u00e9tration des comptes en \u00c9gypte est faible, mais le pays n’est en aucun cas une exception. Les pays o\u00f9 ce taux est le plus faible sont le Vietnam, le Pakistan et la R\u00e9publique d\u00e9mocratique du Congo, pour ne citer que quelques pays \u00e0 forte population.<\/p>\n

Nous constatons que le fait d’avoir un compte bancaire varie en fonction des caract\u00e9ristiques des cadres sup\u00e9rieurs. Par exemple, l’arriv\u00e9e d’un directeur g\u00e9n\u00e9ral plus instruit et plus exp\u00e9riment\u00e9 augmente la probabilit\u00e9 que l’entreprise ouvre un compte bancaire. Ces r\u00e9sultats peuvent s’expliquer en partie par la culture financi\u00e8re des dirigeants.<\/p>\n

Mais nous constatons \u00e9galement que les entreprises dirig\u00e9es par des managers plus instruits sont plus susceptibles de disposer d’un site web, d’innover et d’avoir des projets d’expansion.  Cela sugg\u00e8re que le capital organisationnel d\u00e9coulant des comp\u00e9tences et de l’exp\u00e9rience des dirigeants peut \u00e9galement soutenir l’inclusion financi\u00e8re en augmentant les co\u00fbts d’opportunit\u00e9 de la non bancarisation<\/p>\n

Les mesures qui pourraient permettre au secteur priv\u00e9 d’\u00eatre plus dynamique, comme de faibles barri\u00e8res \u00e0 l’entr\u00e9e et des r\u00e8gles du jeu qui ne favorisent pas les entreprises politiquement influentes<\/a>, seraient appropri\u00e9es. Une r\u00e9forme de l’\u00e9ducation pourrait \u00e9galement apporter des avantages \u00e0 plus long terme<\/a>. Contrairement aux interventions traditionnelles qui cherchent \u00e0 renforcer l’offre de cr\u00e9dit, ces politiques agiraient sur la demande du march\u00e9.<\/p>\n

La deuxi\u00e8me forme d’informalit\u00e9 financi\u00e8re au sein des entreprises formelles peut survenir m\u00eame chez celles qui poss\u00e8dent un compte bancaire. Ce ph\u00e9nom\u00e8ne se produit quand ces entreprises se voient d\u00e9courag\u00e9es de demander un pr\u00eat pour financer un investissement. La d\u00e9cision de ne pas recourir au cr\u00e9dit formel peut \u00eatre prise d’autant plus facilement que la capacit\u00e9 d’interm\u00e9diation du syst\u00e8me bancaire est faible et que la probabilit\u00e9 d’un rationnement du cr\u00e9dit est \u00e9lev\u00e9e. Nous \u00e9tudions cette hypoth\u00e8se en analysant l’impact de l’augmentation drastique de la dette publique entre 2013 et 2016, qui a eu raison des pr\u00eats priv\u00e9s aux PME.<\/p>\n

La figure 2 montre que la part de la dette publique dans le bilan des banques a consid\u00e9rablement augment\u00e9 apr\u00e8s 2011. Mais les banques se distinguent par la mesure dans laquelle elles accumulent de la dette publique. En utilisant des donn\u00e9es sur la localisation des banques en \u00c9gypte, nous constatons que les entreprises sont plus expos\u00e9es \u00e0 l’\u00e9viction lorsqu’elles sont situ\u00e9es \u00e0 proximit\u00e9 d’agences bancaires qui investissent plus massivement dans la dette publique. Ces entreprises expos\u00e9es deviennent moins susceptibles de demander des pr\u00eats bancaires lorsqu’elles en ont besoin en raison d’un choc de liquidit\u00e9 inattendu.<\/p>\n

Il s’av\u00e8re que nos r\u00e9sultats sont principalement li\u00e9s aux banques publiques et \u00e0 leur tendance plus \u00e9lev\u00e9e \u00e0 accumuler de la dette publique. Les banques publiques jouent un r\u00f4le important sur les march\u00e9s du cr\u00e9dit<\/a> des pays en d\u00e9veloppement, repr\u00e9sentant 71 % des actifs totaux en \u00c9thiopie, 67 % en Inde, 61 % en Chine et plus de 40 % dans les grands pays d’Am\u00e9rique latine comme l’Argentine et le Br\u00e9sil. <\/p>\n

Les banques publiques sont particuli\u00e8rement importantes pour servir les r\u00e9gions<\/a> financi\u00e8rement moins d\u00e9velopp\u00e9es. Compte tenu de leur importance, nos r\u00e9sultats apportent un \u00e9clairage nouveau sur le lien entre la capacit\u00e9 d’interm\u00e9diation du syst\u00e8me financier et la demande limit\u00e9e de pr\u00eats formels parmi les entreprises enregistr\u00e9es.<\/p>\n

Cela a des cons\u00e9quences importantes sur la p\u00e9riode de reprise \u00e9conomique qui a suivi l’\u00e9pid\u00e9mie de Covid-19. La dette publique a fortement augment\u00e9 pour amortir l’impact n\u00e9gatif de la pand\u00e9mie sur l’\u00e9conomie. L’augmentation des besoins de refinancement, conjugu\u00e9e \u00e0 une plus grande aversion au risque chez les investisseurs, pourrait faire grimper les taux d’int\u00e9r\u00eat et emp\u00eacher les pr\u00eats au secteur priv\u00e9.<\/p>\n

Les autorit\u00e9s doivent tenir compte des implications pour la capacit\u00e9 d’interm\u00e9diation du syst\u00e8me bancaire et les conditions de financement du secteur priv\u00e9 :<\/p>\n