Environnement, énergie et nature

Appel à contributions : changement climatique, migrations humaines et mobilités

6 min

by

Dharani Thangavelu

Le changement climatique remodèle les lieux et les modes de vie des populations, contraignant des millions de personnes à se déplacer ou à vivre piégées dans des endroits de plus en plus inhabitables. Pour y faire face, il faut des politiques résilientes qui transcendent des gros titres pour reconnaître les forces complexes et intersectionnelles qui façonnent la mobilité humaine.  

Les inondations, les vagues de chaleur, les sécheresses et les tempêtes déracinent désormais plusieurs millions de personnes chaque année, mais la plupart d’entre elles ne passent jamais une frontière.  Elles restent déplacées à l’intérieur de leur propre pays, tandis que la mobilité liée au climat augmente fortement dans le monde entier. En Asie du Sud et du Sud-Est, la montée des eaux et l’intensification des cyclones poussent les communautés côtières dans des cycles répétés de pertes et de déplacements. Dans les Andes et en Amazonie, des incendies dévastateurs et des inondations sans précédent détruisent les foyers, les moyens de subsistance et les écosystèmes dont dépendent des millions d’autochtones. En Éthiopie et dans les régions environnantes, des sécheresses sévères et prolongées ont affecté environ 36 millions de personnes, compromettant la sécurité alimentaire et forçant des familles entières à se déplacer à la recherche d’eau et de pâturages. En Amérique centrale, les agriculteurs du Guatemala et du Honduras perdent la quasi-totalité de leurs récoltes en raison de l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, poussant nombre d’entre eux à abandonner purement et simplement leurs terres. 

Lors de la récente COP30, les experts ont prévenu que si les tendances actuelles se poursuivent, certains pays pourraient bientôt devenir inhabitables, submergés par la montée des eaux ou desséchés au point de devenir invivables. La mobilité humaine liée au stress climatique est déjà importante et devrait s’accroître encore. D’ici 2050, les effets du climat pourraient déplacer environ 143 millions de personnes rien que dans les pays du Sud : 86 millions en Afrique subsaharienne, 40 millions en Asie du Sud et 17 millions en Amérique latine. Ces chiffres s’expliquent en grande partie par des stress climatiques à évolution lente, comme le manque d’eau, les mauvaises récoltes et l’élévation du niveau des mers, qui dégradent les moyens de subsistance et rendent les terres de plus en plus inhabitables.

Pourtant, la mobilité climatique n’est ni uniforme ni simple. Elle résulte de la conjonction de facteurs de stress environnementaux, de conditions économiques, d’inégalités sociales et de contextes politiques. Les recherches montrent clairement les liens entre la perte des moyens de subsistance due au climat et les changements dans les schémas migratoires, les décisions en matière d’emploi et l’évolution démographique. Dans le même temps, les régions d’accueil sont confrontées à leurs propres défis quand elles absorbent les nouveaux arrivants, d’où le besoin d’investissements dans des infrastructures résilientes, des services publics inclusifs et un urbanisme tourné vers l’avenir.

Le changement climatique remodèle les lieux et les modes de vie des populations, car la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes, les variations des précipitations, la salinisation et la baisse de la productivité agricole entraînent à la fois des déplacements soudains et des changements progressifs de mobilité. Dans ce contexte, rester dans des zones exposées aux risques peut traduire une immobilité volontaire lorsque les personnes choisissent de ne pas déménager, ou une immobilité involontaire lorsqu’elles voudraient déménager mais ne le peuvent pas, ce que l’on appelle souvent les « populations piégées ». Par conséquent, les personnes les plus touchées par les effets du changement climatique sont souvent les moins mobiles, confrontées à des risques croissants et à des options d’adaptation limitées, alors que les systèmes humanitaires restent principalement focalisés sur celles qui possèdent des moyens de déplacement.

Il est clair que la migration liée au climat n’est pas qu’une question environnementale, mais essentiellement une question humaine. Pour y remédier, il convient de réduire les émissions, renforcer la résilience locale et comprendre la migration comme une forme possible d’adaptation lorsqu’elle est soutenue par des politiques bien gérées fondées sur les droits humains.

Nous lançons un appel à contributions pour le blog

Dans ce contexte, nous sommes heureux d’annoncer un appel à contributions pour notre blog à l’intention des universitaires, des praticiens, des experts communautaires et des chercheurs interdisciplinaires travaillant sur les dimensions du changement climatique et des migrations humaines.

Nous acceptons les articles qui explorent des thèmes suivants, mais sans s’y limiter :

  • Financement et flux de ressources : comment les modèles de financement climatique affectent-ils les communautés confrontées à des pressions liées au déplacement ou à la mobilité ?
  • Impacts sociaux et culturels : comment les dynamiques migratoires remodèlent-elles la cohésion sociale, les identités et les structures communautaires ?
  • Dimensions économiques et professionnelles : quelles sont les conséquences de la mobilité climatique sur les marchés du travail, les transferts de fonds, les économies rurales ou le développement urbain ?
  • Intersectionnalité : comment les aspects tels que le genre, l’âge, le handicap, la caste, l’ethnicité ou le statut de minorité influencent-ils les risques et les expériences des migrants climatiques ?
  • Moyens de subsistance des populations côtières et des pêcheurs : comment le changement climatique transforme-t-il les économies côtières traditionnelles et les modèles de mobilité ?
  • Politique et gouvernance : quels cadres et interventions sont nécessaires pour soutenir une mobilité sûre, digne et volontaire en tant que stratégie d’adaptation ?

Nous n’acceptons pas de documents de recherche, d’articles universitaires et de notes d’orientation. Nous demandons aux auteurs et autrices de se concentrer sur un défi de politique de développement et de nous partager leurs connaissances à ce sujet, issues de leurs propres recherches et de celles d’autres chercheurs/chercheuses. Nous acceptons les articles en anglais, en espagnol ou en français. 

Un comité de rédaction spécial sera chargé de l’examen des soumissions en réponse à ce « débat spécial » sur GlobalDev. Nous recommandons vivement aux auteurs/autrices de consulter notre guide de style avant de soumettre leurs articles via la page Écrire pour GlobalDev.

À propos de cet appel

Cet appel à contributions est lancé dans le cadre des travaux menés par le Global Development Network (GDN) en étroite collaboration avec le Center for Systems Solutions et le centre mondial Future Earth US, afin de soutenir l’action de recherche collaborative (ARC) du Belmont Forum sur les approches intégrées des migrations/mobilités humaines, un programme de recherche mondial financé par 12 bailleurs de fonds internationaux. Ce programme soutient cinq consortiums de recherche mondiaux dont les études se focalisent sur l’évolution des relations entre le changement climatique et les migrations/la mobilité humaines. Le travail mené conjointement par le GDN, le CRS et FE renforce l’impact stratégique du programme. À travers cette nouvelle série d’articles, GlobalDev, la plateforme de communication scientifique du GDN, vise à rassembler des points de vue variés, à amplifier les voix sous-représentées, à générer des connaissances et à susciter un débat public et politique susceptible d’éclairer les décisions, les pratiques, les mentalités et les futures recherches et actions autour de cette question urgente. 

Dharani Thangavelu
Manager, GlobalDev