Environnement, énergie et nature

Brésil et Canada, deux approches pour un seul objectif : garantir le droit à l’eau

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Claudio Antonio Klaus Junior

Chacun à sa façon, le Brésil et le Canada se sont attaqués aux défis posés par l’accès à l’eau, un droit humain fondamental, et à sa gestion ; et ont élaboré des solutions en conséquence. Cette analyse comparative met en lumière les pratiques politiques innovantes et les enseignements précieux qui enrichissent la lutte mondiale pour la durabilité de l’eau, grâce aux contributions du Brésil et du Canada.

Imaginez un monde où chaque mesure prise en faveur du développement durable aurait un impact direct sur la vie de milliers de personnes. Telle est la réalité de la gestion de l’eau au Brésil et au Canada, deux géants aux approches différentes qui partagent l’objectif commun de garantir l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. En analysant de plus près leurs politiques et leurs stratégies, nous découvrirons non seulement l’importance de l’innovation technologique et des infrastructures, mais aussi les rôles cruciaux de la gouvernance et de l’engagement communautaire dans la résolution de cette crise mondiale.

Brésil

Le Brésil, qui s’enorgueillit d’une riche biodiversité et d’importantes ressources en eau, est confronté à des défis particuliers découlant de sa topographie complexe et des inégalités socio-économiques qui y règnent. Le pays a adopté des politiques ambitieuses visant non seulement à améliorer l’infrastructure de l’eau, mais aussi à promouvoir l’équité au niveau de son accès.

Au cours de la dernière décennie, le Brésil a réalisé des progrès remarquables dans le secteur de l’assainissement, comme en témoigne l’augmentation de 292 % du nombre de villes desservies par des stations d’épuration privées. Les partenariats public-privé (PPP) ont joué un rôle essentiel, aboutissant à 21 contrats qui ont bénéficié à 16 millions de consommateurs. Ces progrès représentent une étape importante dans l’amélioration de l’accès aux services d’assainissement de base, essentiels pour la santé publique et la qualité de vie.

Depuis l’approbation du nouveau cadre juridique pour l’assainissement en juillet 2020, le secteur de l’assainissement de base au Brésil a connu des améliorations significatives, en particulier dans les domaines où les efforts des secteurs public et privé se sont combinés. En 2020, selon l’Agence du Sénat, près de 35 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à de l’eau traitée et environ 100 millions à des systèmes d’assainissement. La mise en œuvre de technologies avancées, telles que les systèmes membranaires et l’ozonation, a considérablement amélioré la qualité du traitement de l’eau et de l’assainissement dans l’ensemble du pays.

De plus, la mise en œuvre de la gestion communautaire de l’eau dans les zones les plus vulnérables, notamment dans les régions du Nord et du Nord-Est, a révolutionné l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de base. Ces dernières années, ce modèle a bénéficié à environ 17 millions de personnes dans les zones rurales et a considérablement amélioré leur qualité de vie.

Amérique du Nord

En comparaison, le Canada, qui dispose de l’une des plus grandes réserves d’eau douce au monde, est confronté à des défis liés à son immensité géographique et aux effets du changement climatique. Les communautés autochtones, en particulier, ont payé un tribut disproportionné en raison de l’inadéquation des infrastructures et de l’absence de politiques de soutien. Le Canada a réagi en renforçant la collaboration entre les différents niveaux de gouvernement et les communautés concernées, et en encourageant la recherche et le développement de technologies de purification et de conservation de l’eau.

Un projet pilote entrepris dans la province de l’Alberta illustre l’efficacité de ces stratégies. La mise en œuvre d’une nouvelle technologie de filtration membranaire dans de petites communautés rurales a permis d’améliorer sensiblement la qualité de l’eau sans que les coûts d’exploitation n’augmentent de manière substantielle. Dans la communauté de la Première nation de Neskantaga,en Ontario, qui compte 374 habitants, des efforts sont actuellement déployés pour étendre et améliorer le système de traitement de l’eau. Ce projet vise à éliminer l’avis d’ébullition de l’eau qui a affecté 76 foyers et 6 bâtiments communautaires de la Première nation de Neskantaga depuis 1995.

Bien que le système soit devenu opérationnel en décembre 2020, certaines lacunes restent encore à corriger. Aussi, Indigenous Services Canada soutient l’initiative « Trust the Taps », qui vise à renforcer la confiance dans les sources d’eau locales en finançant des programmes de soins et de bien-être supplémentaires.

De la coopération locale à la coopération internationale

L’expérience des deux pays montre qu’une gestion efficace de l’eau exige plus que des solutions technologiques ; elle nécessite des politiques inclusives qui s’attaquent aux inégalités et encouragent la participation locale.

Par exemple, au Brésil, la collaboration entre les communautés a non seulement favorisé le développement d’infrastructures adaptées, mais a également renforcé les liens communautaires, créant ainsi un sentiment de responsabilité et de coopération parmi les habitants des régions concernées. De son côté, le Canada a investi dans des technologies de pointe qui permettent de contrôler et de gérer plus efficacement ses ressources en eau, garantissant ainsi une distribution plus équitable.

La coopération internationale naissante entre le Brésil et le Canada pourrait servir de modèle à d’autres pays. Bien qu’il n’y ait pas encore de collaboration formelle sur les stratégies nationales de l’eau, les interactions en cours, telles que les missions commerciales virtuelles et les accords de recherche interuniversitaires, montrent le potentiel d’un échange enrichissant de connaissances, de technologies et de stratégies. Ces initiatives préliminaires peuvent ouvrir la voie à des solutions innovantes à des problèmes persistants, tout en renforçant la résilience des deux pays face aux défis émergents du changement climatique et de la croissance démographique.

En bref, le droit à l’eau n’est pas seulement une question d’infrastructure ; il englobe des défis de gouvernance, d’équité et de coopération internationale. En s’inspirant des succès et des défis rencontrés au Brésil et au Canada, d’autres pays pourraient découvrir des voies viables vers la durabilité de l’eau qui non seulement en amélioreront l’accès, mais favoriseront également la justice sociale. Cette approche holistique est essentielle pour lutter contre la crise mondiale qui s’annonce et garantir que chaque individu, où qu’il se trouve, ait accès à de l’eau propre et à un avenir plus sûr et plus durable.

Claudio Antonio Klaus Junior
Professeur associé, Universidade Alto Vale do Rio do Peixe