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Promouvoir une meilleure nutrition pour les adolescentes dans les pays pauvres
Santé et hygiène

Promouvoir une meilleure nutrition pour les adolescentes dans les pays pauvres

6 min

by

Andreas Georgiadis

Dans les pays pauvres, des millions d’enfants ont une taille inférieure à la normale pour leur âge du fait d’une nutrition déséquilibrée. Cependant, à quel moment de la vie d’un enfant les ressources rares devraient-elles être investies de façon idéale afin d’éviter l’arrêt prématuré de croissance et de promouvoir un développement sain ? Cet article présente les preuves que des interventions destinées à promouvoir la bonne nutrition et éviter les grossesses chez les filles adolescentes peuvent avoir d’importants avantages, non seulement en termes d’amélioration de leur santé, mais également pour le développement de leur progéniture. Les interventions au cours de l’adolescence présentent un important potentiel pour réduire le retard de croissance découlant de la sous-alimentation pendant la petite enfance.

La nutrition insuffisante est l’une des principales menaces à la survie et à la santé des enfants dans les pays pauvres. En outre, en entravant leur potentiel de développement, elle limite le capital humain et par conséquent, le développement économique de ces pays.

Le retard de croissance – un indicateur de taille inférieure à la normale par rapport à l’âge d’un enfant – est une mesure commune utilisée pour la faible croissance et la malnutrition des enfants. En 2012, on estimait à 165 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’un retard de croissance à travers le monde.

L’une des questions clés que doivent résoudre les décideurs politiques pour répondre au problème de retard de croissance est la suivante : à quel moment de la vie d’un enfant les ressources rares devraient-elles être mises à contribution pour lutter contre le retard de croissance et promouvoir le développement sain ?

Un certain nombre d’études dans les sciences biomédicales et sociales montrent que les interventions visant à réduire le retard de croissance devraient se focaliser sur les premiers mille jours à compter de la conception (jusqu’à l’âge de 2 ans). Ainsi, au cours de cette période, la croissance des enfants est particulièrement sensible à la nutrition.

Ces études montrent aussi qu’il est difficile de rattraper la croissance après l’âge de deux ans, et que cela entraîne un cycle intergénérationnel de mauvaise croissance et de développement inapproprié. Les femmes ayant souffert d’un retard de croissance dans leurs enfances demeurent plus petites que la moyenne à l’âge adulte et ont plus de chance d’avoir des enfants présentant des retards de croissance.

D’autres, toutefois, ont soutenu que l’adolescence, période de croissance rapide, présente une occasion pour rattraper la croissance et remédier aux carences précoces. Plus spécifiquement, il a été suggéré qu’il serait bénéfique d’axer les interventions sur la promotion de la nutrition des filles adolescentes, étant donné que cela permettra de résoudre les problèmes de retard de croissance des générations à venir.

Cela est particulièrement valable pour les pays pauvres, où de nombreuses femmes tombent enceintes durant leurs adolescences. De plus, une grossesse précoce pourrait aggraver l’impact de la malnutrition sur la croissance d’une fille, ainsi que sur le développement de sa progéniture.

Il existe à ce jour peu de preuves sur l’étendue de la croissance de rattrapage et l’implication des conditions néfastes pendant l’adolescence, notamment la malnutrition maternelle et la grossesse, dans le développement des enfants. Cette preuve est nécessaire pour établir l’efficacité potentielle des interventions pendant l’adolescence qui visent à contrer le retard de croissance chez les femmes et leurs enfants.

Notre recherche apporte de nouvelles preuves soutenant l’idée selon laquelle l’adolescence pourrait être une période particulièrement prometteuse pour les interventions visant à contrer le retard de croissance chez les femmes et les enfants. Après l’analyse des données sur un échantillon de filles d’Éthiopie, d’Inde, du Pérou et du Vietnam, qui ont été suivies tout au long de l’adolescence, nous avons découvert que parmi les filles qui avaient une taille inférieure à la moyenne pour à l’âge de 12 ans, la moitié du retard de croissance était récupéré en moyenne, avant l’âge de 15 ans.

Nos résultats indiquent aussi qu’aucune croissance de rattrapage n’a été enregistrée pour les filles âgées de 15 à 19 ans. Nous avons également découvert que cette croissance rapide des filles âgées entre 12 et 15 ans, par rapport à la norme pour leur âge, s’explique par le fait qu’elles ont un régime alimentaire amélioré, notamment riche en légumes et légumineuses.

La conclusion clé de ces résultats est qu’il existe un potentiel énorme de réduction du retard de croissance découlant de la malnutrition pendant la première enfance à travers des interventions en matière de nutrition pendant l’adolescence.

Notre étude a également permis d’analyser des données provenant d’un échantillon de femmes et de leurs enfants, originaires des mêmes quatre pays, afin de savoir si les interventions visant à lutter contre le retard de croissance et la grossesse précoce chez les adolescentes ont également des implications sur la croissance et le développement des enfants.

Nous avons comparé la prévalence du retard de croissance et les résultats moyens obtenus dans les tests de mathématiques à différents âges pour quatre groupes d’enfants définis par le fait que leurs mères étaient des adultes de petite taille (ayant connu un retard de croissance), les ont accouchés pendant l’adolescence (définie comme 19 ans ou moins), les deux ou aucun.

Ces comparaisons montrent que les enfants dont les mères ont connu un retard de croissance ont 16 % plus de risque de connaitre eux même un retard de croissance pendant la petite enfance et resteront plus petits que la moyenne jusqu’à leur adolescence. Nous avons également découvert que les enfants des mères qui les ont accouchés pendant l’adolescence ont enregistré des scores inférieurs de 2 % dans un test mathématique à l’adolescence.

Toutefois, nos résultats montrent que le retard de croissance chez les mères n’est pas systématiquement associé à la faible réussite des enfants ; et que les grossesses des adolescentes ne sont pas associées au niveau élevé de retard de croissance. Nous soutenons qu’une explication potentielle du premier résultat pourrait être due aux améliorations notées dans les environnements scolaires des enfants, ce qui améliore l’apprentissage, et non la nutrition.

De plus, une explication possible du second résultat pourrait être que la large majorité des mères dans nos données, qui ont donné naissance pendant l’adolescence, l’ont fait à l’âge de 19 ans – c’est-à-dire après que leur croissance se soit arrêtée et, ainsi, la grossesse n’avait pas affecté leur croissance ou celle de leurs enfants.

En conclusion, les preuves découlant de notre étude soutiennent l’opinion selon laquelle les interventions qui encouragent la bonne nutrition et qui préviennent les grossesses chez les adolescentes dans les pays pauvres peuvent avoir d’importants avantages, en termes d’amélioration de la croissance de ces filles, et de la croissance et du développement de leurs enfants tout au long de leurs vies.

 

Andreas Georgiadis
Senior Lecturer, Brunel Business School