Comment les villes côtières peuvent-elles répondre aux évènements météorologiques extrêmes dus aux changements climatiques ? Cet article met en exergue la vulnérabilité, l’exposition et les défis des communautés d’agriculteurs et de pêcheurs dans la région indienne de Jamnagar. Les capacités d’adaptation des habitants sont loin d’être suffisantes, et il est urgent d’agir aux niveaux local, étatique et national.
Les pays en développement sont hautement vulnérables au changement climatique : ils ont moins de capacité pour faire face à ses impacts négatifs. En Asie du Sud, l’Inde est l’un des pays les plus vulnérables, nécessitant des mesures d’adaptation et d’atténuation pour faire face aux effets potentiels des évènements météorologiques extrêmes résultant des changements climatiques.
Les villes côtières d’Inde sont comparativement plus exposées étant donné que leur population totale est susceptible de croître rapidement, et éventuellement d’atteindre 500 millions d’habitants d’ici les 50 prochaines années. L’évaluation des impacts du changement climatique et de l’adaptabilité aux niveaux macro et micro est nécessaire pour élaborer des politiques d’atténuation efficaces.
Selon l’India Disaster Knowledge Network, 12 % de la surface totale des masses terrestres indiennes sont sujettes aux inondations, et 68 % des terres arables sont vulnérables à la sécheresse. La vulnérabilité le long de la côte indienne et la hausse du niveau de la mer qui en résulte entraîneront en fin de compte un énorme impact socio-économique sur les communautés et leurs moyens de subsistance.
Les risques dans les villes côtières indiennes sont liés davantage à leur vulnérabilité intrinsèque qu’à leur exposition aux dangers externes. Ces zones connaissent une croissance démographique rapide et sont susceptibles de faire face à des problèmes de changement climatique plus importants.
Le cas de la région du Jamnagar sur la côte du Gujarat dans le golfe de Kutch illustre la vulnérabilité, l’exposition et les défis perçus du changement climatique dans les communautés côtières d’agriculteurs et de pêcheurs au niveau des ménages et des communautés.
L’analyse des variables climatiques révèle une tendance croissante dans la température moyenne annuelle observée sur une période de 40 ans, entre 1969 et 2009, à Jamnagar. La précipitation moyenne annuelle n’indique pas de baisse. Cependant, une réduction du nombre de jours de pluie par an au cours d’une période de 50 ans, entre 1955 et 2004, a été notée.
Ceci a entraîné une augmentation des phénomènes de sécheresse et d’inondation dans la région, menant à des pertes matérielles et humaines. Les habitants de Jamnagar font face à des problèmes tels que la rareté de l’eau potable, l’intrusion saline provenant de l’océan, la fréquence des inondations dans les régions basses (en particulier les bidonvilles) et l’incidence élevée des dangers naturels et des dangers créés par l’homme.
Les habitants doivent faire face à ces priorités locales en ce qui concerne la planification urbaine, alors que les priorités nationales et étatiques en matière de changement climatique portent essentiellement sur la réduction des gaz à effet de serre et l’élaboration de nouvelles politiques énergétiques.
Vulnérabilité perçue, risques et mécanismes d’adaptation
Notre enquête auprès de 100 ménages dans chacune de deux communautés côtières, l’une engagée dans des activités agricoles, et l’autre dans des activités de pêche, révèle que les deux communautés sont hautement exposées aux effets du changement climatique et sont plus sensibles aux évènements climatiques extrêmes, notamment les sécheresses, les inondations, les cyclones et les intrusions salines. Cependant, elles ne sont pas suffisamment sensibilisées aux impacts du changement climatique.
Les ménages dans la communauté d’agriculteurs ont signalé un changement dans leur calendrier de récolte du fait de la nature changeante de la saison agricole. Ce qui a entraîné la réduction des rendements souhaités des principales cultures. La communauté de pêcheurs a signalé la chute des volumes de prises tout au long de l’année par rapport à la dernière décennie.
Une évaluation comparative des deux communautés montre que la communauté de pêcheurs est plus vulnérable que la communauté d’agriculteurs du fait du manque de sensibilisation, de l’absence de réseaux sociaux, de l’utilisation de faibles techniques, du faible profil socio-économique et d’une plus grande dépendance vis-à-vis des ressources côtières et marines pour leurs moyens de subsistance.
Conclusion
La région de Jamnagar, située dans une zone côtière, est vulnérable au changement climatique. Son exposition et sa sensibilité à la variabilité du changement climatique ont augmenté au cours des 50 dernières années. Les variables climatiques en termes de hausse de températures et de réduction du nombre de jours pluvieux ont entraîné de plus grandes exposition et sensibilité aux effets du changement climatique.
Les capacités d’adaptation des habitants ne sont pas suffisantes en raison du manque de sensibilisation et de la négligence générale des questions liées au changement climatique. La vulnérabilité des personnes engagées dans les activités de pêche et agricoles au niveau communautaire indique une exposition et une sensibilité plus élevées vis-à-vis des variables du changement climatique, alors que leur capacité d’adaptation est faible. Il est évident que la communauté de pêcheurs est comparativement plus vulnérable au changement climatique.
Une étude menée en Thaïlande illustre les politiques publiques conçues pour atténuer les problèmes liés au changement climatique auxquels sont confrontés des agriculteurs. Toutefois, il faut du temps pour que les agriculteurs s’adaptent à ces nouvelles pratiques agricoles.
Les implications politiques sont claires. Les priorités locales en matière de développement doivent être examinées tout en déterminant les mesures à prendre aux niveaux nationale et étatique pour atténuer les effets du changement climatique. Cette stratégie fonctionne mieux lorsque les communautés locales sont impliquées dans la définition des mesures d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique.
Auteurs:
Dr Anil Kumar Roy est professeur associé à la Faculté de Planification de l’Université CEPT à Ahmedabad. Il est titulaire d’un doctorat en géographie urbaine de l’Université Jawaharlal Nehru (JNU), New Delhi
Shweta Sharma est professeure adjointe à l’école de langues Chitkara de l’université de Chitkara à Rajpura, au Pendjab. Elle est titulaire d’une maîtrise en gestion des ressources en eau de la TERI School of Advanced Studies, à New Delhi, en Inde.