Les pratiques actuelles de financement de la recherche sont-elles adaptées à l’objectif visé ?
Pour les bailleurs et bailleuses de fonds qui financent la recherche et s’intéressent au développement international, ces dernières années ont été riches en discussions intéressantes sur la manière dont le financement pourrait ou devrait changer. Ce qui est capital ici, c’est l’idée que changer le fonctionnement de ce système pourrait avoir des conséquences sur l’équité, sur les opportunités et, même, sur l’impact de la recherche. En d’autres termes, beaucoup de ces discussions soutiennent que le financement de la recherche pourrait fonctionner bien plus efficacement pour répondre aux besoins du développement. Pour contribuer au débat, GlobalDev s’est associé au UK Collaborative on Development Research (UKCDR). Nous voudrions mettre en avant les connaissances essentielles produites par les chercheurs/euses et les bailleurs/euses de fonds au sujet des approches de financement au cours de ces dernières années. Nous prévoyons de partager les données existantes ainsi que des opinions éclairées sur ce sujet de niche, afin de clarifier davantage les pratiques des donateurs de toutes sortes (internationaux, nationaux, privés et publics). Nous sommes intéressé(e)s par les contributions des bailleurs/euses de fonds et des chercheurs/euses. Si vous souhaitez poser des questions supplémentaires (ou des réponses), n’hésitez pas à nous écrire.
Les approches en matière de financement de la recherche sont sujettes à controverse à bien des égards. Tout d’abord, les bailleurs/euses de fonds de la recherche se soucient de plus en plus de l’impact de la recherche sur les politiques et les pratiques de développement. Cependant, l’impact est lui-même un sujet de recherche, sans qu’il y ait de critère clair sur la manière de l’utiliser dans les décisions de financement de la recherche (qui, par définition, interviennent avant qu’un impact soit même prévisible). Comment la priorité accordée à l’impact affecte-t-elle le paysage du financement de la recherche ?
Un autre sujet de débat est de savoir dans quelle mesure les bailleurs/euses de fonds doivent coller aux réalités que leur financement vise à éclairer, et à quel point ils doivent faire preuve de souplesse pour tenir compte de l’évolution de la situation sur le terrain. Est-il possible de trouver un équilibre entre l’ambition, la portée et une bonne connaissance des systèmes locaux ? Comment l’impératif de proximité avec le contexte du développement est-il susceptible d’affecter le paysage du financement de la recherche ?
La question de savoir à qui profite réellement le financement de la recherche sur le développement continue également de faire l’objet de nombreux débats. Les grand(e)s bailleurs/euses de fonds de la recherche du Nord posent souvent comme condition que le financement soit géré par leurs propres institutions nationales, et la « recherche hélicoptère » reste courante. Le plus souvent, les chercheurs et chercheuses des pays à faibles et moyens revenus (quelles que soient leurs qualifications et leurs capacités) restent cantonné(e)s aux rôles subsidiaires de « partenaires locaux » ou ciblé(e)s par les budgets de « renforcement des capacités ». Existe-t-il un « nationalisme » dans le développement des pratiques de financement de la recherche et comment cela affecte-t-il la recherche ?
Enfin, une grande partie de la recherche financée par les donateurs internationaux se retrouve toujours derrière des murs payants, les chercheurs/euses des pays dits développés1 pouvant y accéder beaucoup plus facilement que n’importe qui d’autre. La pression croissante en faveur de la mise en place de politiques de libre accès peut-elle contribuer à lutter contre les inégalités systémiques dans le domaine de la recherche pour le développement ?
Nous avons décrit ici quelques-unes des difficultés et des controverses que soulèvent les méthodes de financement de la recherche. En s’appuyant sur leur propre expérience, nous invitons les chercheurs/euses et les bailleurs/euses de fonds de la recherche à rédiger un article de blog sur l’impact des approches de financement sur la recherche. Les billets doivent compter environ 800 mots et se concentrer sur l’un des points clés suivants (la liste est indicative et non exhaustive) :
1. Comment, le cas échéant, l’accent mis sur l’impact de la recherche influe-t-il sur les recherches financées ?
2. Dans quelle mesure les chercheurs/euses des pays dits en développement2 participent-ils au processus de financement et cette situation peut-elle être améliorée ?
3. En tant que chercheur/euse ou bailleur/euse de fonds, pouvez-vous envisager un mécanisme permettant de réduire la fragmentation du financement de la recherche ?
4. Comment les approches de financement pourraient-elles mieux soutenir les chercheurs/euses des pays dits en développement et contribuer à créer un paysage de la recherche plus équitable ?