Santé Archives - Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/blog_categories/sante-fr/ Research that matters Wed, 13 Mar 2024 14:58:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3 https://globaldev.blog/wp-content/uploads/2023/03/Logotype_02-1.svg Santé Archives - Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/blog_categories/sante-fr/ 32 32 Assainissement : l’accès mondial est essentiel, mais à quel prix pour les ménages ? https://globaldev.blog/fr/assainissement-lacces-mondial-est-essentiel-mais-a-quel-prix-pour-les-menages/ Wed, 13 Mar 2024 14:58:26 +0000 https://globaldev.blog/?p=6705 L’accès à l’assainissement est un droit humain fondamental. Pourtant, plus de 40 % de la population mondiale n’a pas les moyens d’accéder à un assainissement sûr. Cet article explore les options possibles pour financer l’assainissement autonome des ménages dans les pays du Sud et montre pourquoi les communautés sont si importantes dans la réussite des programmes

The post Assainissement : l’accès mondial est essentiel, mais à quel prix pour les ménages ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
L’accès à l’assainissement est un droit humain fondamental. Pourtant, plus de 40 % de la population mondiale n’a pas les moyens d’accéder à un assainissement sûr. Cet article explore les options possibles pour financer l’assainissement autonome des ménages dans les pays du Sud et montre pourquoi les communautés sont si importantes dans la réussite des programmes de financement.

Le sixième objectif de développement durable des Nations Unies (ODD6) prévoit un accès équitable à l’assainissement et à l’hygiène pour tous d’ici à 2030. Pourtant, en 2022, 3,5 milliards de personnes n’avaient pas accès à un assainissement sécurisé, ce qui confirme que le monde n’est pas du tout sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. Il faudrait que la communauté internationale accélère les efforts et travaille jusqu’à six fois plus vite pour y parvenir.

Il est donc urgent que les bailleurs de fonds, les agences gouvernementales et les organisations à but non lucratif ainsi que de la société civile ne se contentent pas d’intensifier les interventions actuelles, mais qu’ils et elles restent constamment à la recherche de solutions alternatives pour améliorer l’accès à l’assainissement.

L’un des principaux obstacles à l’accès à un assainissement de qualité est son coût élevé. Lorsque les ménages ne disposent pas d’une somme suffisante pour construire des toilettes complètes et salubres, ils se tournent souvent vers des solutions moins coûteuses, notamment des latrines moins sûres, partagées ou la défécation à l’air libre.

Les initiatives financières constituent donc une méthode populaire pour améliorer l’accès à l’assainissement et représentent une alternative à d’autres interventions courantes, telles que les programmes pour faire changer les comportements (par exemple, l’assainissement total piloté par la communauté, qui décourage la défécation à l’air libre) et le développement du marché (par exemple, les incitations fiscales pour encourager les entreprises à desservir les zones rurales).

Les initiatives financières en matière d’assainissement visent à rendre les installations sanitaires financièrement abordables ou à proposer des incitations pour encourager un assainissement plus sûr. En fait, de nombreuses études ont montré que les initiatives qui prévoient des investissements monétaires, des subventions ou des infrastructures d’assainissement tendent à améliorer la couverture, l’accès et l’utilisation des latrines par rapport aux initiatives d’assainissement total piloté par la communauté ou aux initiatives uniquement éducatives.

Subventionner l’assainissement

Dans les années 80, les premières approches de financement ont souvent entièrement subventionné la construction d’installations sanitaires à faible coût. Cependant, ces approches ont eu du mal à se pérenniser en raison du manque de financement pour l’entretien courant, des difficultés à identifier les ménages dans le besoin, de la force de la corruption, de l’incapacité à répondre aux préférences des usagers et du coût élevé de la mise à l’échelle d’une infrastructure entièrement subventionnée.

Étant donné les limites des subventions totales, de nombreuses initiatives subventionnent aujourd’hui partiellement les solutions d’assainissement, en utilisant une variété de moyens tels que l’argent liquide, les bons, les crédits d’impôts, ou la fourniture des installations elles-mêmes. Les subventions peuvent être accordées directement aux ménages ou aux collectivités locales, aux services publics, aux associations d’usagers ainsi qu’à d’autres membres de la société civile.

Parfois, les subventions sont accordées sous forme de remises ou sont basées sur les résultats, ce qui signifie qu’elles ne sont accordées que lorsque certains résultats sont atteints, comme l’utilisation active de latrines. Bien que les fonds soient généralement fournis par des organisations externes, il arrive que le produit des achats des ménages plus aisés soit utilisé pour subventionner les achats des ménages plus pauvres.

Les subventions ont permis d’accroître l’accès à l’assainissement. Par exemple, le projet WASH-SUP2 financé par Water for Women d’International Development Enterprises (iDE) et le projet GREEN de l’UE ont révélé que le fait d’offrir des subventions de 50 % aux ménages dans les zones rurales du Cambodge augmentait de 31 % la probabilité que le ménage achète des latrines.

La microfinance au service de l’assainissement

Outre les subventions, des organisations à but non lucratif ont récemment commencé à proposer des investissements privés aux ménages pour financer des installations sanitaires. Les ménages remboursent ensuite le prêt, ainsi que les intérêts, au prêteur. Cette approche s’inspire des programmes de microfinance, via lesquels les institutions de microfinance gèrent de petits prêts pour soutenir les activités entrepreneuriales.

Dans le contexte de l’assainissement, les programmes de microfinance se sont révélés efficaces. Au Cambodge, des chercheurs de l’iDE ont constaté que les ménages étaient quatre fois plus susceptibles d’acheter des latrines avec un microprêt qu’avec un paiement en espèces à la livraison. Toutefois, les recherches ont également montré que, bien que les ménages acceptent de contracter un prêt pour financer les installations sanitaires, beaucoup d’entre eux (en particulier les plus pauvres) n’ont pas accès au microfinancement.

Les prêts communautaires pour financer l’assainissement

Bien qu’il ait permis d’augmenter le nombre de latrines, le microfinancement de l’assainissement est limité par le fait qu’il dépend souvent d’un financement externe continu, qui peut être assorti de taux d’intérêt élevés et de périodes de remboursement courtes. Les techniques de développement menées par les communautés peuvent apporter une autre orientation au microfinancement de l’assainissement.

En 2019 et 2020, trois organisations communautaires philippines, soutenues par Outreach International (OI) et Outreach Philippines Inc, ont mis en œuvre des projets de prêts pour l’assainissement dirigés par les communautés. Avec des propositions de projet conçues et développées par la communauté, ils ont demandé des fonds à OI pour construire des unités d’assainissement pour 121 familles.

Au lieu de fournir aux familles tous les fonds dont elles avaient besoin, les organisations communautaires ont subventionné 60 % des coûts de construction, les participants au projet remboursant les 40 % restants à l’organisation sur une période de cinq ans à un taux d’intérêt de 3 %.

Les trois organisations communautaires ont depuis construit 118 latrines qui servent à plus de 722 personnes. En décembre 2023, les participants auront remboursé 344 024,00 pesos philippins (₱)(6 254,98 USD), soit 56 % de la somme de remboursement prévue.

Grâce à cette structure de financement, les organisations communautaires ont décidé de la manière de gérer les prêts et de structurer le remboursement. L’un des avantages de cette autonomie est que les organisations ont pu choisir de financer non seulement la construction de nouvelles latrines, mais aussi leur réparation et leur entretien. La flexibilité permet également aux organisations communautaires d’accorder des dégrèvements aux ménages en cas de circonstances atténuantes ; par exemple, la suspension des paiements pendant six mois en 2020, lors de la première vague de COVID-19. En outre, une des organisations a choisi de collecter les paiements une fois par an, tandis que les deux autres les collectent une fois par mois.

Outre la flexibilité de la structure du prêt, le microfinancement de l’assainissement par la communauté permet aux remboursements, ainsi qu’aux intérêts accumulés, de rester au sein du groupe communautaire pour être dépensés à d’autres fins. Jusqu’à présent, les organisations communautaires ont utilisé ce capital récupéré pour fournir de l’électricité à leur centre communautaire et mettre en place des programmes de microcrédit plus larges, entre autres projets. Fonctionnant sur des échéances plus courtes de 2 à 3 mois, ces prêts fournissent des sommes plus modestes de 1 000₱ à 2 500₱ (18,18 à 45,45 dollars américains). Les organisations communautaires ont soutenu environ 117 ménages dans les trois communautés et ont accumulé des intérêts d’une valeur de 84 907₱ (1 543,76 USD).

Implication des communautés

L’importance de l’implication des communautés dans le développement des programmes de financement est également illustrée par le programme Sustainable Sanitation and Hygiene for All (SSH4A). Depuis 2008, année où l’organisation de développement SNV a commencé à mettre en œuvre le programme, SSH4A a développé ses activités dans 135 districts de 18 pays d’Asie et d’Afrique. L’un des aspects du programme SSH4A concerne les mécanismes de financement. En Tanzanie, par exemple, SNV a mis en place un fonds renouvelable pour les entrepreneurs afin d’augmenter la production de latrines. Malgré le succès initial, les entrepreneurs ont choisi de ne plus recourir au fonds parce qu’ils craignaient de ne pas pouvoir rembourser les prêts. Cela montre comment la participation de la communauté peut aider à garantir que les préoccupations des usagers sont bien prises en compte.

Atteindre l’équité en matière d’assainissement d’ici 2030 nécessite un investissement mondial. Étant donné que l’accessibilité financière est le principal obstacle à un assainissement de qualité, les interventions visant à alléger la charge financière des ménages sont une composante importante des plans qui visent à atteindre cet objectif. Les interventions doivent favoriser un accès durable à l’assainissement, afin de pérenniser les progrès réalisés au fil du temps.

L’un des moyens de garantir la viabilité de nos objectifs en matière d’assainissement est d’investir dans des solutions véritablement menées par les communautés. Nous avons constaté les avantages des approches communautaires tant dans nos propres recherches aux Philippines que dans celles d’autres parties. Nous espérons donc que les solutions locales aux problèmes d’assainissement recevront désormais plus d’attention. L’intensification de ces solutions peut conduire à de meilleurs résultats que les solutions uniques.

The post Assainissement : l’accès mondial est essentiel, mais à quel prix pour les ménages ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Les véritables coûts sociaux et économiques du paludisme au Kenya https://globaldev.blog/fr/les-veritables-couts-sociaux-et-economiques-du-paludisme-au-kenya/ Wed, 16 Aug 2023 06:27:00 +0000 https://globaldev.blog/?p=6053 Le paludisme laisse de nombreux Kenyans sans ressources aucunes. La maladie cause en outre des dommages à court et long terme au système économique national. Cet article quantifie l’énorme fardeau économique et social que représente le paludisme pour le Kenya, en présentant des chiffres qui mettent en évidence le besoin urgent de mesures préventives, comme

The post Les véritables coûts sociaux et économiques du paludisme au Kenya appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Le paludisme laisse de nombreux Kenyans sans ressources aucunes. La maladie cause en outre des dommages à court et long terme au système économique national. Cet article quantifie l’énorme fardeau économique et social que représente le paludisme pour le Kenya, en présentant des chiffres qui mettent en évidence le besoin urgent de mesures préventives, comme les vaccins.

Chaque 25 avril se tient la Journée mondiale du paludisme, qui rappelle que des milliers de personnes meurent encore tous les ans d’une maladie que l’on peut à la fois prévenir et guérir. En outre, on estime que le fardeau financier de la maladie pousse chaque année plus de 100 millions de personnes dans le monde sous le seuil de pauvreté en raison des dépenses de santé non remboursées, donc des frais de santé qu’elles doivent prendre en charge elles-mêmes.

Le gouvernement kenyan a lancé plusieurs initiatives visant à garantir l’accès de tous et toutes à des services de santé de qualité sans avoir à subir des difficultés financières. Le programme de couverture sanitaire universelle (CSU) est la plus récente de ces initiatives. Il avait été testé dans quatre des 47 comtés en 2022, mais n’a pas été déployé à l’échelle nationale en raison de contraintes budgétaires. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (ou NHIF en anglais), en charge de la mise en œuvre de la CSU, offre une sécurité financière de base. Cependant, il n’offre qu’une protection financière limitée, les pauvres, les personnes âgées de plus de 60 ans et les patient(e)s souffrant de maladies chroniques étant les moins bien loti(e)s.

Le paludisme est également un obstacle sérieux à la croissance économique nationale. Cet article donne une idée plus précise de l’ampleur de la maladie et de son coût réel pour la société – un coût qui renforce les arguments en faveur des vaccins et d’autres mesures préventives. Ces mesures permettront non seulement de sauver des vies et de favoriser le bien-être, mais aussi de prévenir les préjudices économiques causés par le paludisme aux ménages et à la société. Les idées présentées dans cet article peuvent aider les responsables politiques à élaborer des mesures politiques telles que des réformes du NHIF, tout en menant des recherches, en particulier dans le domaine de la vaccination contre le paludisme.

Prévalence du paludisme au Kenya

L’Organisation mondiale de la santé indique que presque chaque minute, un enfant meurt du paludisme en Afrique. Au Kenya, environ 70 % de la population est exposée au risque de paludisme. Selon l’ Enquête économique du Kenya 2023, le paludisme représentait la deuxième maladie par ordre d’importance, soit 11,7 % en 2022. Les enquêtes annuelles auprès des ménages montrent une réduction de la prévalence des parasites du paludisme de 8 % en 2015 à 5,6 % en 2020. L’Organisation mondiale de la santé attribue notamment cette baisse à l’introduction du vaccin antipaludique en 2019. Toutefois, le taux de diminution s’est ralenti depuis 2017. Cette tendance souligne la nécessité de mettre en place des mesures préventives alternatives et durables afin de réduire et d’éliminer la prévalence du paludisme au Kenya.

Les coûts du paludisme au Kenya : indirects et directs

Le paludisme entraîne des dépenses directes et indirectes pour les individus et l’économie dans son ensemble. Les coûts directs correspondent aux dépenses liées à la prise en charge médicale de la maladie, tandis que les coûts indirects correspondent aux dépenses liées à d’autres pertes. Ces coûts vont de la perte de salaire à la perte de productivité, en passant par les dépenses liées à la garde d’enfants qui n’auraient pas été engagées autrement.

Une étude menée au Kenya a estimé que le coût économique direct du paludisme pour le gouvernement et les ménages avec des enfants de moins de cinq ans s’élevait à environ 251 millions de dollars américains en 2009. Les coûts directs totaux du paludisme représentent 43,5 % du coût total estimé, tandis que les coûts indirects, y compris les décès, représentent 56,5 %. Le décès contribue aux coûts indirects car le ménage et la société perdent les revenus futurs de l’individu tout au long de sa vie.

Le coût direct des soins de santé se traduit par une augmentation des dépenses personnelles, en particulier lorsque les services publics sont défaillants. Ces dépenses empiètent sur le revenu disponible des ménages, qu’ils auraient pu consacrer à des produits et services plus favorables à l’économie.

Des chercheurs ont estimé le coût indirect du paludisme : une augmentation de 10 % de la prévalence du paludisme entraîne une baisse de 3,3 % à 3,8 % des salaires mensuels individuels. Au Kenya, le paludisme entraîne une perte annuelle de plus de 170 millions de jours de travail. Selon les économistes, le paludisme entraîne une « pénalité de croissance » pouvant aller jusqu’à 1,3 % par an dans certaines nations africaines. Au fil du temps, cette perte se traduit par d’importantes disparités de PIB entre les pays touchés par le paludisme et ceux qui ne le sont pas. Dans le secteur de l’éducation, on estime que le paludisme est à l’origine de 5 à 8 % de l’absentéisme chez les enfants scolarisés. Cela équivaut à 50 % de l’absentéisme évitable.

Conclusion

Il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre des méthodes permettant d’éliminer le paludisme, compte tenu de son impact économique considérable. Il est évident que la majorité des Kenyans n’ont pas les moyens de payer ces coûts-là de leur poche. L’augmentation annuelle des fonds alloués au secteur de la santé devrait être étayée par des données et accordée en priorité à l’accès, à l’adoption et à l’utilisation d’interventions préventives contre le paludisme afin de réduire le fardeau socio-économique de cette maladie. L’impact de la vaccination antipaludique ne peut être sous-estimé et le déploiement national du vaccin antipaludique devrait être ciblé afin d’augmenter la couverture de huit à l’ensemble des 47 comtés.

The post Les véritables coûts sociaux et économiques du paludisme au Kenya appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Prise en charge du VIH au Mozambique après un conflit, le Covid-19 et des catastrophes naturelles https://globaldev.blog/fr/prise-en-charge-du-vih-au-mozambique-apres-un-conflit-le-covid-19-et-des-catastrophes/ Wed, 16 Nov 2022 08:35:40 +0000 http://wordpress.test/prise-en-charge-du-vih-au-mozambique-apres-un-conflit-le-covid-19-et-des-catastrophes/ En cas de catastrophe naturelle ou de toute autre crise, le manque de continuité dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH peut avoir des conséquences désastreuses. Cet article rend compte de l’expérience du Mozambique qui a cherché à maintenir son efficacité dans le traitement du VIH en dépit de divers chocs

The post Prise en charge du VIH au Mozambique après un conflit, le Covid-19 et des catastrophes naturelles appeared first on Globaldev Blog.

]]>
En cas de catastrophe naturelle ou de toute autre crise, le manque de continuité dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH peut avoir des conséquences désastreuses. Cet article rend compte de l’expérience du Mozambique qui a cherché à maintenir son efficacité dans le traitement du VIH en dépit de divers chocs défavorables au cours des dix dernières années. Les enseignements tirés de la réponse de ce pays peuvent contribuer à éclairer l’élaboration des politiques de santé ailleurs en Afrique subsaharienne et au-delà.

Plus de 30 ans se sont écoulés depuis que le VIH/SIDA est apparu comme l’une des menaces les plus importantes pour la santé mondiale. Depuis lors, les progrès scientifiques accomplis dans les connaissances de base et les traitements du virus ont fait de cette maladie autrefois mortelle une maladie chronique. Si les personnes recevant des thérapies antirétrovirales (TAR) peuvent désormais espérer vivre plus longtemps, les barrières socio-économiques et les inégalités géographiques font de l’accès aux TAR l’une des plus grandes difficultés de la prise en charge du VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Les objectifs « 90-90-90 » des Nations unies pour la lutte contre le VIH prévoyaient que, d’ici 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) connaissent leur statut sérologique, que 90 % d’entre elles reçoivent un traitement et que 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale nulle. Ces objectifs ambitieux ont depuis été actualisés pour devenir les objectifs « 95-95-95 » d’ici à 2030.

L’accent est mis sur l’Afrique subsaharienne : alors que la région n’abrite que 12 % de la population mondiale, elle est responsable de plus de 70 % de la charge mondiale des infections par le VIH.

Par le passé, chaque pays a déployé une stratégie de soins différente pour cibler le VIH. En 2015, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté une politique de « traitement universel », selon laquelle toutes les « personnes vivant avec le VIH » (PVVIH) doivent être mises sous traitement antirétroviral, indépendamment de leur statut immunologique ou clinique. Cette politique a été mise en œuvre à des degrés divers en Afrique subsaharienne.

Le Mozambique, où 2,2 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH, affiche l’une des proportions les plus élevées de décès attribuables au VIH/sida dans la région. La prévalence du VIH est plus élevée chez les femmes (15 %) que chez les hommes (9,5 %), l’inégalité des sexes et la violence sexiste contribuant à ces différences.

Des progrès substantiels ont été réalisés dans le traitement et la prévention du VIH au Mozambique, en particulier dans la prévention des transmissions de la mère à l’enfant, ce qui a permis d’atteindre une efficacité de plus de 90 % pour les femmes enceintes et de réduire le taux de transmission verticale à moins de 12 % en 2021.

Mais les événements anthropiques et naturels survenus à partir de 2013 ont jeté un doute sur la possibilité d’atteindre les objectifs d’éradication du VIH d’ici 2030. En effet, le Mozambique a été confronté à diverses menaces internes et externes qui ont entraîné des pressions accrues sur un système de santé déjà fragile, notamment en ce qui concerne la prise en charge du VIH.

Catastrophes naturelles

Selon le rapport d’évaluation mondiale des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophe, le Mozambique est le troisième pays d’Afrique le plus vulnérable aux risques de catastrophe. Le pays subit des cyclones tropicaux, des inondations et des sécheresses qui se sont intensifiés au cours de la dernière décennie. En 2013, les inondations ont déplacé plus de 180 000 personnes dans la province de Gaza, et en 2015, 56 000 personnes supplémentaires ont été contraintes de se réinstaller dans la province de Zambézia.

Plus récemment, en 2019, les cyclones Idai et Kenneth ont dévasté Beira, la deuxième ville du pays, ainsi que les provinces de Nampula et de Zambézia. On estime que 1,85 million de personnes ont été touchées, que 400 000 ont été déplacées à l’intérieur du pays et que 19 établissements de santé ont été entièrement ou partiellement détruits.

Les catastrophes humanitaires peuvent être dévastatrices pour les PVVIH. L’impossibilité de suivre un traitement antirétroviral, la malnutrition, les infections opportunistes et les épidémies peuvent accroître la morbidité et la mortalité de cette population. La perte des moyens de subsistance associée aux catastrophes peut également pousser les femmes et les filles à avoir des relations sexuelles transactionnelles, augmentant ainsi leur risque d’exposition au VIH.

On estime à 350 000 le nombre de PVVIH habitant les régions touchées par les cyclones de 2019, qui se sont retrouvées coupées des services de soins de santé primaires et incapables d’accéder aux traitements antirétroviraux. Après la dévastation, le ministère de la Santé a mené une évaluation rapide des besoins dans les zones touchées. Les résultats montrent que les patients ont manqué des rendez-vous et se sont retrouvés à court de TAR, sans compter la destruction des dossiers et la rupture des stocks de préparations principalement pédiatriques et de médicaments TAR de deuxième intention.

Une mobilisation rapide des ressources a tout de même eu lieu au Mozambique. Une étude décrit la réussite de la remise en place des services de lutte contre le VIH précédemment mis en œuvre. Le nombre de volontaires des services de santé a été multiplié par trois après le passage de l’ouragan, entraînant la création d’un nouvel outil de collecte électronique des données pour éviter toute perte et améliorer le suivi.

Dans le même temps, les ONG ont mené des missions dans les centres d’hébergement, où des équipes fixes de santé/VIH ont été déployées pour fournir des services de dépistage et de traitement antirétroviral aux personnes dont le test était positif. Des cliniques mobiles et des agents de santé communautaires ont été envoyés dans les zones difficiles d’accès pour localiser les personnes séropositives perdues de vue.

Bien que des retards aient été signalés, les patients ont exprimé des avis positifs sur la réponse du gouvernement. Les PVVIH et les médecins ont souligné que l’introduction de la prestation de services différenciés (DSD) en 2018 – une approche centrée sur les patients qui simplifie et adapte les services VIH pour refléter leurs préférences, attentes et besoins – a été très utile pour éviter les interruptions de traitement. La DSD comprenait la délivrance plurimensuelle (MMD) de traitements antirétroviraux allant jusqu’à trois mois pour les patients VIH stables, des groupes communautaires de traitement antirétroviral et des approches centrées sur la famille.

Même si l’on ne dispose pas d’un tableau complet de l’effet des cyclones sur les soins du VIH, il est indéniable que les catastrophes consécutives ont fragilisé le système de santé du Mozambique. Avec l’aide de bailleurs de fonds et d’institutions internationales, le gouvernement a préservé le maintien de services flexibles pour le traitement du VIH, ce qui montre l’importance de la DSD pour les patients comme pour les cliniciens.

Mais malgré le nombre élevé d’infections par le VIH, les premiers rapports sur les cyclones Idai et Kenneth publiés par l’OMS en 2019 ne faisaient pas référence à une augmentation potentielle des risques de VIH après le déplacement. Les futurs plans de préparation aux catastrophes devraient souligner l’importance de placer les services VIH au premier plan, d’autant plus que ces soins n’étaient jusqu’à présent pas inclus dans les structures de gestion des catastrophes et des urgences du pays.

Covid-19

La pandémie de Covid-19 est un autre événement qui a entravé la prestation de services liés au VIH. Les PVVIH sont exposées de manière exponentielle aux infections au Covid-19 et aux complications qui en découlent, tout en étant confrontées à des difficultés d’accès aux vaccins. Par conséquent, les pays où le VIH est endémique, comme le Mozambique, ont dû s’efforcer d’atténuer l’exposition des PVVIH au Covid-19 tout en poursuivant leurs efforts pour fournir les soins VIH indispensables. Les directives actualisées de l’OMS concernant les services liés au VIH pendant le Covid-19 ont souligné l’importance du DSD et de l’adaptation des services de santé pour répondre aux besoins des PVVIH.

Le Mozambique a rapidement mis en œuvre des changements de politique afin de permettre la fourniture optimale de TAR aux personnes sous traitement pendant la pandémie. Ces changements comprenaient l’éligibilité au DSD après trois mois de TAR, l’abandon des critères d’éligibilité pour la suppression de la charge virale, l’inclusion de groupes précédemment exclus tels que les femmes enceintes et allaitantes, et l’extension de la MMD jusqu’à six mois.

Le Mozambique a également intensifié ses efforts en matière de fourniture de TAR à l’échelon communautaire pendant la pandémie, avec des modèles de groupes dirigés par des patients assurant une fourniture ininterrompue de TAR selon le principe de la distanciation sociale. En outre, la distribution plurimensuelle de médicaments antirétroviraux a été intégrée à d’autres programmes de distribution de médicaments.

Bien que les recherches soient limitées quant à l’impact du Covid-19 sur les services de lutte contre le VIH au Mozambique, les premiers commentaires laissaient présager des conséquences désastreuses. Mais ces prédictions négatives ne semblent pas s’être matérialisées. En effet, une étude axée sur l’exécution des programmes de lutte contre le VIH montre des tendances positives en ce qui concerne le nombre de personnes recevant des traitements antirétroviraux (+12,6 %) et le pourcentage de personnes présentant une suppression virale (+7,6 %) entre janvier et décembre 2020.

Un autre rapport constate que le Covid-19 a eu un effet négatif transitoire sur les services de lutte contre le VIH de janvier/mars 2020 à avril/juin 2020, suivi d’un rétablissement rapide et de tendances positives en matière de dépistage du VIH (+12,5 %), de personnes nouvellement initiées aux TAR (21,2 %) et de nombre de personnes sous TAR (9,9 %) d’avril/juin 2020 à juillet/septembre 2020.

Ces études soulignent que l’expansion des modèles de DSD et d’autres innovations, notamment la distribution de médicaments et de TAR dans la communauté, est la principale raison de la réussite de la lutte contre le VIH. Mais si le DSD a été identifié comme une stratégie vitale dans la prestation des soins de santé liés au VIH, on ne sait toujours pas quels modèles sont les plus pertinents dans différents contextes et populations, en raison du manque d’évaluation et d’études de rentabilité.

Alors que toutes ces études étaient principalement basées sur les donateurs, aucune donnée n’est disponible sur la situation globale des programmes VIH financés par le gouvernement. En effet, des rapports récents évaluant l’ensemble de la région d’Afrique australe indiquent une diminution du nombre de tests VIH en même temps qu’une augmentation du pourcentage de tests positifs entre 2019 et 2020, ainsi qu’une diminution de la couverture du TAR. Des études seraient nécessaires pour suivre les tendances à long terme de l’infection par le VIH dues aux confinements, et pour évaluer le paysage global du VIH après la pandémie de Covid-19 au Mozambique.

Conflit et terrorisme

La situation dans la province septentrionale de Cabo Delgado est l’une des plus instables du Mozambique. En octobre 2017, un conflit intense a éclaté dans la région, qui a contraint près d’un million de personnes à fuir la région. En raison du conflit en cours lié à un groupe armé affilié à l’État islamique (ISIS), Al-Shabab, un tiers des établissements de santé de la province du nord ont été endommagés ou contraints de fermer, limitant ainsi la couverture sanitaire de la population.

La province a une prévalence du VIH estimée à 11,4 % chez les adultes. Les perturbations du système de santé ont particulièrement touché les PVVIH. En raison de la destruction et de la fermeture des établissements de santé dans la province du nord, plus de 2,2 millions de PVVIH ne reçoivent aucun traitement. Les femmes et les filles sont exposées à de multiples formes de violence sexiste dans les contextes de déplacement et à une propension accrue à se livrer à des relations sexuelles transactionnelles pour survivre, accroissant le risque d’infection par le VIH.

Le gouvernement et les ONG ont investi dans des services de santé mobiles pour assurer la continuité de la chaîne d’approvisionnement en produits essentiels à la lutte contre le VIH, dans des points de prestation de services à guichet unique pour la santé sexuelle et reproductive et dans des services de lutte contre la violence sexiste. Des agents de santé communautaires ont également été formés pour dispenser des messages sur la prévention et le traitement du VIH/TB et des messages de sensibilisation pour réduire la stigmatisation entourant le VIH.

Jusqu’à présent, aucune étude n’a été réalisée sur la manière dont ces mesures d’atténuation ont aidé les PVVIH et l’évolution du VIH dans les régions touchées par le conflit. Les ONG ont tiré la sonnette d’alarme sur le fait qu’une résurgence de la violence dans la province du Nord nécessite une énorme réponse humanitaire qui fait actuellement défaut, tout en soulignant l’importance du suivi du VIH.

Conclusions

L’ONUSIDA a récemment averti que les objectifs mondiaux en matière de VIH ne seraient pas atteints si les progrès dans la lutte faiblissent. Lors de la 7e reconstitution du Fonds mondial, les gouvernements ont renouvelé leur engagement à lutter contre les trois maladies les plus meurtrières – la tuberculose, le paludisme et le VIH – en réunissant 14,25 milliards de dollars, soit le montant le plus important jamais réuni pour ce fonds.

L’absence de continuité des soins pour les personnes vivant avec le VIH pendant les catastrophes et les crises a des conséquences délétères, notamment l’aggravation de leur état, l’arrêt des progrès cliniques et la résistance aux traitements antirétroviraux. Les perturbations observées lors des crises mondiales peuvent être atténuées par une formation à la préparation, une mobilisation rapide des services locaux et un renforcement immédiat des structures existantes.

De telles actions ont été observées lors de catastrophes naturelles, du Covid-19 et de conflits au Mozambique. Elles ont non seulement permis d’éviter directement l’interruption complète des soins aux patients atteints du VIH, mais aussi d’atténuer les effets de la catastrophe sur la santé et le bien-être général de la communauté. L’expansion du DSD, l’inclusion de stratégies d’atténuation des effets du VIH en tant que piliers de la gestion des catastrophes et des situations d’urgence, et le suivi des tendances du VIH seront fondamentaux pour les prochaines étapes de la lutte du pays contre le VIH/sida.

 

The post Prise en charge du VIH au Mozambique après un conflit, le Covid-19 et des catastrophes naturelles appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Propre, pratique et équitable fiscalement : utiliser l’énergie domestique pour la cuisine https://globaldev.blog/fr/propre-pratique-et-equitable-fiscalement-utiliser-lenergie-domestique-pour-la-cuisine/ Wed, 09 Nov 2022 13:12:46 +0000 http://wordpress.test/propre-pratique-et-equitable-fiscalement-utiliser-lenergie-domestique-pour-la-cuisine/ L’énergie utilisée pour cuisiner affecte le bien-être des enfants et des femmes de manière disproportionnée. Pour tirer pleinement parti des avantages sanitaires des énergies propres, il faut non seulement adopter des pratiques non polluantes, mais aussi abandonner celles qui le sont. De nombreux gouvernements ont accordé des subventions universelles pour le gaz de cuisine en

The post Propre, pratique et équitable fiscalement : utiliser l’énergie domestique pour la cuisine appeared first on Globaldev Blog.

]]>
L’énergie utilisée pour cuisiner affecte le bien-être des enfants et des femmes de manière disproportionnée. Pour tirer pleinement parti des avantages sanitaires des énergies propres, il faut non seulement adopter des pratiques non polluantes, mais aussi abandonner celles qui le sont. De nombreux gouvernements ont accordé des subventions universelles pour le gaz de cuisine en pensant qu’un tel soutien permettrait aux plus pauvres de l’utiliser durablement, mais en pratique, les riches en profitent bien davantage. En prenant le gaz de cuisine comme illustration, cet article avance que si aucun gouvernement ne peut espérer atteindre l’accès universel en subventionnant simplement l’énergie propre, des progrès plus rapides peuvent être réalisés en étudiant mieux le comportement des ménages et les dynamiques du marché.

L’utilisation traditionnelle de combustibles polluants par les ménages a un coût économique élevé : la fumée émise est à l’origine de 3,2 millions de décès et d’encore plus de maladies par an, tandis que le temps passé à collecter la biomasse gratuite nuit à l’éducation des enfants et aux activités productives des adultes.

La moitié la plus riche du monde n’utilise que l’électricité et le gaz pour cuisiner, pour des raisons de commodité et de propreté. Pour les ménages qui le souhaitent, le gaz canalisé est préférable, mais à défaut, le gaz en bouteille est le plus souvent utilisé. D’autres technologies, comme les fours solaires, à éthanol et à biogaz sont beaucoup moins utilisées pour diverses raisons. Les poêles à biomasse à combustion avancée apparaissent comme une option propre et potentiellement moins coûteuse.

L’électricité peut ne pas être une option viable en cas de pénurie grave et de coupures de courant. Ces pannes et l’absence de gazoducs caractérisent l’Afrique subsaharienne, qui est à la traîne de toutes les autres régions en matière d’accès aux combustibles et technologies de cuisson propres.

Les limites du soutien fiscal

L’obstacle le plus important à la réalisation de l’objectif des Nations unies concernant l’accès universel à des services énergétiques abordables, fiables et modernes d’ici à 2030 est, de loin, d’ordre financier. Pour surmonter ledit obstacle, les gouvernements ont accordé des subventions universelles aux prix, et celles pour le gaz en bouteille restent courantes dans de nombreux pays en développement.

Mais des décennies d’aide fiscale de ce type montrent non seulement que les subventions universelles pour le gaz en bouteille sont hautement régressives et qu’elles profitent bien plus aux riches qu’aux pauvres, mais aussi qu’elles sont fiscalement inabordables et qu’aucun pays ne peut espérer « s’en sortir » en subventionnant le problème de l’accès. Récemment, plusieurs gouvernements sont passés des subventions universelles à des subventions ciblées, les rendant ainsi plus progressives et limitant la charge fiscale, mais les degrés de réussite sont variables.

Ces réformes des subventions ont été confrontées à de nouveaux défis, car les prix internationaux ont fortement augmenté de fin 2020 à mi-2022, alors que les devises de nombreux pays se dépréciaient. En conséquence, certains gouvernements sont revenus sur leurs réformes et ont rétabli les subventions universelles des prix, notamment le Salvador et le Pérou. En l’absence de subventions, les prix de détail se sont envolés, comme au Nigeria, où le coût de remplissage des bouteilles de gaz a doublé entre août 2021 et juin 2022.

Qu’en est-il des granulés densifiés ?

L’un des moyens d’éviter la volatilité des prix mondiaux du carburant est de s’appuyer sur des poêles à combustion lente brûlant des granulés densifiés à partir de biomasse d’origine locale. S’ils sont utilisés conformément à leur conception et entretenus, ces poêles réduisent les émissions de polluants nocifs. Ces poêles sont donc peut-être les plus prometteurs, en particulier pour les ménages ruraux.

Pour en tirer tous les avantages, il reste du travail. Si les utilisateurs finaux sont essentiellement des ménages, la réalisation des économies d’échelle nécessaires à la production rentable de granulés exige une adoption généralisée et une utilisation régulière. Pour éviter les émissions excessives de polluants, il est impératif d’utiliser les bons matériaux de départ et des granulés de taille correcte. Recharger les granulés pendant la cuisson et couvrir les cendres par la suite peut également augmenter considérablement les émissions.

La défaillance des composants, notamment des batteries, n’est pas rare, ce qui augmente les émissions et nécessite des réparations ou un remplacement qui peuvent être coûteux. L’automatisation de l’allumage initial et de l’alimentation continue en granulés augmentera le coût mais permettra de contrôler plus efficacement les émissions de polluants. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour résoudre ces problèmes et permettre l’adoption des poêles à grande échelle.

Utiliser uniquement des combustibles et des technologies propres

Pour protéger la santé des membres du foyer, ceux-ci doivent abandonner les pratiques polluantes. Il est largement prouvé que cela est beaucoup plus difficile à réaliser que l’adoption d’une énergie propre. L’abandon est également difficile à mesurer, raison pour laquelle pour suivre les progrès vers l’accès universel, on collecte des données sur l’utilisation de l’énergie primaire mais pas sur l’abandon. L’empilement des combustibles – où les ménages qui ont adopté des combustibles et des technologies propres continuent de cuisiner avec du kérosène, du charbon de bois, du bois et d’autres combustibles solides – est courant, même chez les riches, dans de nombreux pays en développement.

Une étude récente sur les ménages d’Afrique subsaharienne qui citent le gaz en bouteille comme principal combustible de cuisson révèle, sans surprise, que l’abandon se produit parmi les ménages les plus aisés. Ceux « qui abandonnent » ont également tendance à être plus petits que les ménages qui accumulent et qui conservent les combustibles polluants. Ces résultats pourraient suggérer qu’il est plus facile de cuisiner exclusivement avec du gaz en bouteille pour préparer de petits repas.

Mais le schéma observé ne peut être simplifié en disant que « plus le ménage est petit, plus il est susceptible d’abandonner ». La taille moyenne des ménages accumulant du combustible dans les 20 % des groupes de revenus les plus élevés était inférieure à la taille moyenne des ménages abandonnant le combustible dans les 20 % suivants, bien que les ménages abandonnant le combustible soient plus pauvres. En d’autres termes, des raisons autres que purement financières semblent expliquer qui abandonne et qui empile les combustibles polluants.

Outre les préférences personnelles et culturelles, l’une des explications possibles est l’état du marché, notamment la fiabilité de l’approvisionnement, la facilité et le coût de transaction de la recharge des bouteilles, et le degré de mauvaises pratiques commerciales sur le marché, comme le sous-remplissage généralisé.

Conclusion

Un défi politique crucial est de savoir comment promouvoir l’adoption de carburants et de technologies propres et, à terme, l’abandon des pratiques énergétiques polluantes. Les subventions universelles des prix ne sont pas rentables, même pour l’adoption, car les riches consomment beaucoup plus d’énergie que les pauvres. Comme l’abandon se produit principalement chez les plus aisés, les subventions gouvernementales seraient encore moins équitables et rentables.

En revanche, tout ce qui peut faire baisser les prix effectifs payés par les consommateurs et rendre l’achat de combustible plus pratique – en fixant des normes d’efficacité des poêles et en les faisant respecter, en fixant des pénalités pour sous-remplissage suffisamment élevées et en les appliquant intégralement pour que le jeu n’en vaille pas la chandelle, et en créant une concurrence saine et équitable sur le marché – contribuera à accélérer les progrès en termes d’accès et d’abandon universels sans entraîner de coûts budgétaires importants.

Pour ceux qui cuisinent avec de la biomasse, la combinaison d’un haut rendement de combustion – qui réduit les émissions de polluants – et d’un transfert de chaleur élevé permet aux ménages d’utiliser moins de combustibles tout en protégeant leur santé, ce qui réduit les charges financières et sanitaires liées à la cuisson. Les marchés des poêles à combustion lente n’en étant qu’à leurs débuts, une aide gouvernementale peut être bénéfique. Dans le cadre de cette action, les enseignements tirés des précédentes aides publiques en faveur de l’énergie domestique montrent qu’il est important de tenir compte de la viabilité budgétaire et d’éviter les distorsions économiques.

 

The post Propre, pratique et équitable fiscalement : utiliser l’énergie domestique pour la cuisine appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Des États compétents au service du développement durable en Asie du Sud https://globaldev.blog/fr/des-etats-competents-au-service-du-developpement-durable-en-asie-du-sud/ Wed, 22 Jun 2022 13:54:35 +0000 http://wordpress.test/des-etats-competents-au-service-du-developpement-durable-en-asie-du-sud/ Les progrès accomplis dans le passé en matière de développement humain en Asie du Sud semblent insuffisants pour produire des résultats à l’ère des objectifs de développement durable. Cet article soutient que si les dépenses publiques en matière d’éducation et de santé étaient portées à des niveaux comparables à ceux d’autres régions en développement, en

The post Des États compétents au service du développement durable en Asie du Sud appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Les progrès accomplis dans le passé en matière de développement humain en Asie du Sud semblent insuffisants pour produire des résultats à l’ère des objectifs de développement durable. Cet article soutient que si les dépenses publiques en matière d’éducation et de santé étaient portées à des niveaux comparables à ceux d’autres régions en développement, en plus d’une amélioration de l’efficacité de l’État dans la prestation de biens publics, il serait possible de faire beaucoup plus, notamment pour les plus vulnérables.

La poursuite des progrès en matière de développement humain en Asie du Sud est essentielle pour atteindre les cibles mondiales inscrites au cœur des Objectifs de développement durable (ODD). La région compte près des deux cinquièmes des populations pauvres du monde, près de la moitié des enfants souffrant de malnutrition et le plus grand nombre d’enfants souffrant d’un retard de croissance dans le monde.

Mais l’Asie du Sud est aussi la région qui a connu une forte baisse de son taux de pauvreté entre 1990 et 2015 : de 52 % à 17 %. Malheureusement, cette tendance pourrait être inversée par les événements de ces deux dernières années : jusqu’à 400 millions de personnes pourraient être précipitées dans la pauvreté à la suite de l’épidémie de coronavirus. 

Le rétablissement de la tendance pré-pandémique en matière de réduction de la pauvreté dans la région sera difficile, mais pas impossible. Les résultats obtenus par l’Asie du Sud en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration du développement humain au cours de la période des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) masquent des progrès inégaux et des différences significatives dans les choix politiques au sein de la région. Pourtant, d’importants enseignements tirés de l’ère des OMD peuvent contribuer à accélérer les progrès futurs en Asie du Sud après la pandémie.

De nouvelles données sur les progrès du développement de l’Asie du Sud au cours de la période des OMD confirment qu’il y a eu une convergence significative. La région a fait des progrès considérables depuis 1990 et, ainsi, à la fin de la campagne des OMD, elle avait rattrapé les régions plus riches sur de nombreux indicateurs sociaux importants (voir Figure 1).

Figure 1 : Élimination de la pauvreté (OMD 1) en Asie du Sud : indicateurs sélectionnés

Source : L’Asie du Sud atteindra-t-elle les objectifs de développement durable d’ici 2030 ? Tirer les leçons de l’expérience des OMD

Il s’agit là d’une bonne nouvelle. Mais les tendances passées en matière de développement humain ne suffisent pas à assurer le succès à l’ère des ODD. Des projections récentes indiquent que des étapes importantes, comme l’éradication de la pauvreté monétaire, ne seront pas atteintes d’ici 2030. Si rien ne change, il faudra encore 63 ans à la région pour éliminer la pauvreté (avec un ratio de pauvreté de 1,90 dollar par jour).

Figure 2 : Capacité de l’État, dépenses de santé et d’éducation en Asie du Sud

Source : L’Asie du Sud atteindra-t-elle les objectifs de développement durable d’ici 2030 ? Tirer les leçons de l’expérience des OMD

Et maintenant ? Le programme des ODD est beaucoup plus ambitieux que celui des OMD. Leur réalisation nécessitera un véritable engagement des élites nationales, ainsi qu’une augmentation significative des efforts déployés par les gouvernements en matière d’organisation.

Par-dessus tout, la réalisation des ODD nécessitera des ressources financières plus importantes. Traditionnellement, c’est là que la coopération au développement peut intervenir et donner un coup de pouce à la progression des ODD. Mais les temps ne sont pas à la normalité pour la coopération au développement. L’aide étrangère est restée stable ces dernières années, et aucune augmentation n’est en vue compte tenu de la montée en puissance de la rhétorique nationaliste dans les principaux pays donateurs.

Pour le Népal et le Bangladesh, le succès des OMD a facilité leur sortie du statut de « pays les moins avancés », mais le corollaire est que l’incertitude est désormais plus grande quant aux flux d’aide futurs. En outre, la guerre en Europe et une éventuelle récession mondiale pourraient réduire davantage les recettes et, dans le même temps, accroître la demande de dépenses publiques.

Dans ce contexte, deux facteurs sont susceptibles d’être importants pour les perspectives de l’Asie du Sud. Le premier est l’insuffisance des crédits budgétaires alloués au développement social. En ce qui concerne les dépenses d’éducation et de santé en pourcentage du PIB, la région se classe même en dessous de l’Afrique subsaharienne (voir Figure 2). 

Le second facteur est l’efficacité limitée du gouvernement dans la prestation des biens publics. Ces deux obstacles sont des composantes importantes de la capacité de l’État, pour laquelle l’Asie du Sud est à la traîne par rapport aux autres régions en développement. Il est essentiel de combler le déficit de capacité de l’État, compte tenu de l’évolution des objectifs de développement mondial.

Le ralentissement de la croissance économique a limité la possibilité de compter sur les revenus privés pour atteindre les ODD. Une approche de la prestation de services fondée sur les dépenses publiques est nécessaire. Pourtant, la région ne souffre pas seulement de grandes insuffisances en matière d’infrastructures sociales de base : les ratios impôts/PIB de l’Asie du Sud sont également parmi les plus bas du monde. Ces handicaps trouvent leur origine dans les déficits de capacités administratives, qui sapent les efforts déployés pour mobiliser les recettes, ainsi que pour dépenser efficacement.

La construction d’un État efficace dépend de nombreux facteurs, et notamment l’histoire et la géographie d’un pays. Mais nous savons qu’il s’agit également d’un processus politique nécessitant la consolidation des institutions politiques afin de fournir des contrepoids institutionnalisés au pouvoir discrétionnaire de l’exécutif.

Cela fait partie d’un changement progressif, qui, en renforçant la confiance des citoyens dans les processus publics, aura des effets durables allant au-delà de la période des ODD. Il s’agit en effet d’un objectif de développement en soi, puisque l’ODD 16 fait explicitement référence à la mise en place d’institutions efficaces, inclusives et transparentes (cibles 16.6 et 16.7).

Une analyse de simulation confirme que l’investissement dans les capacités de l’État est très rentable. Si les dépenses publiques dans les domaines de l’éducation et de la santé devaient atteindre les niveaux observés dans d’autres régions en développement (comme l’Amérique latine et l’Asie de l’Est), et si l’efficacité de l’État dans la prestation de biens publics était améliorée, l’Asie du Sud accélérerait considérablement ses progrès dans la réalisation des ODD.

C’est particulièrement le cas dans les domaines essentiels à la progression de la région vers les objectifs « Pas de pauvreté » (ODD 1), « Éducation de qualité » (ODD 4), « Égalité des sexes » (ODD 5) et « Croissance inclusive » (ODD 8).

Les réussites de l’Asie du Sud en matière d’OMD ont créé de nouvelles opportunités ainsi que des défis. Les améliorations rapides des indicateurs sociaux ont suscité beaucoup d’optimisme quant à la réalisation des objectifs des ODD. Dans le même temps, la croissance économique soutenue a créé une nouvelle classe moyenne qui aspire à un niveau de vie plus élevé et à de meilleurs résultats en matière de développement humain. Ces aspirations resteront insatisfaites d’ici 2030 si le double déficit de capacité de l’État et de dépenses sociales en matière de santé et d’éducation n’est pas comblé.

 

The post Des États compétents au service du développement durable en Asie du Sud appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Placer les femmes au cœur de la lutte de l’Inde pour des cuisines sans fumée https://globaldev.blog/fr/placer-les-femmes-au-coeur-de-la-lutte-de-linde-pour-des-cuisines-sans-fumee/ Wed, 01 Jun 2022 11:32:54 +0000 http://wordpress.test/placer-les-femmes-au-coeur-de-la-lutte-de-linde-pour-des-cuisines-sans-fumee/ L’Inde s’efforce depuis longtemps de lutter contre la fumée dans les foyers ruraux, mais avec un succès limité. Cet article met en lumière l’importance du lien entre l’autonomisation des femmes et le choix de combustibles propres au niveau politique, pour une transition efficace vers des cuisines sans fumée. L’éducation et la sensibilisation, l’indépendance financière et

The post Placer les femmes au cœur de la lutte de l’Inde pour des cuisines sans fumée appeared first on Globaldev Blog.

]]>
L’Inde s’efforce depuis longtemps de lutter contre la fumée dans les foyers ruraux, mais avec un succès limité. Cet article met en lumière l’importance du lien entre l’autonomisation des femmes et le choix de combustibles propres au niveau politique, pour une transition efficace vers des cuisines sans fumée. L’éducation et la sensibilisation, l’indépendance financière et l’autonomie des femmes en matière de dépenses domestiques sont quelques-unes des conditions essentielles à l’utilisation systématique des technologies de cuisson propres.

Les technologies de cuisson propres peuvent jouer un rôle important dans l’amélioration de la vie des populations pauvres de l’Inde, en particulier des femmes. La pollution de l’air intérieur, principalement causée par la cuisson avec des combustibles solides, a été responsable de plus de 600 000 décès dans le pays en 2019. La charge de la cuisine, de la collecte du bois de chauffage et de la biomasse, et d’autres travaux domestiques repose principalement sur les femmes. La première enquête sur la gestion du temps menée à l’échelle nationale en Inde en 2019 a confirmé que les femmes effectuent en moyenne cinq heures de travail domestique non rémunéré chaque jour (trois fois plus que les hommes).

Au cours de la dernière décennie, l’Inde a fait des progrès considérables en matière d’accès aux technologies de cuisson propres, notamment aux fourneaux utilisant du gaz de pétrole liquéfié (GPL). Le programme phare Pradhan Mantri Ujwal Yojana (PMUY), lancé en 2017, a permis de raccorder environ 90 millions de foyers pauvres à du GPL subventionné (un réchaud à GPL et une bouteille de GPL de démarrage), et il avait permis d’atteindre un accès quasi universel au GPL avant 2020.

Les politiques du gouvernement indien se sont efforcées de fournir les infrastructures institutionnelles et matérielles nécessaires pour promouvoir la cuisine propre. Mais cela est-il suffisant ?

Une enquête menée par le Council on Energy, Environment and Water (CEEW) en 2020 a révélé que 28 % des habitants des zones rurales de l’Inde utilisent exclusivement du GPL et que 52 % combinent ou « empilent » ce produit avec des combustibles tels que le bois de chauffage, le charbon de bois et d’autres biomasses à des degrés divers. L’enquête nationale sur la famille et la santé (NFHS) de 2021 montre que seulement 45 % de l’Inde rurale utilise essentiellement des technologies de cuisson propres.

Les technologies de cuisson propres ont une incidence directe sur le temps, la santé et le travail des femmes, et elles n’affectent le reste du foyer que par extension. Le coût, la disponibilité et l’accessibilité sont les principaux facteurs qui déterminent l’utilisation de ces technologies. L’adoption et l’utilisation systématique des technologies de cuisson propre reposent principalement sur les femmes et leur volonté propre.

Nous soutenons ici que les politiques visant à promouvoir l’utilisation de combustibles propres seront plus efficaces si elles tiennent également compte des facteurs clés qui renforcent le statut des femmes. La négligence de cette condition suffisante est la cause du succès partiel ou à court terme des politiques indiennes en matière de carburants propres. L’éducation et la sensibilisation, l’indépendance financière et l’autonomie des femmes en matière de dépenses ménagères sont quelques-unes des questions cruciales pour une utilisation systématique des technologies de cuisson propres.

Quel est le rapport des femmes avec la cuisine (combustible) !?

L’Inde rurale continue de dépendre des combustibles solides en raison de deux facteurs interdépendants dont les femmes sont les principales victimes : le coût élevé de la recharge en combustible propre et la disponibilité « gratuite » de combustibles solides tels que le bois de chauffage et la bouse de vache. Dans la société patriarcale de l’Inde, la plupart des décisions de nature financière sont la prérogative des hommes. L’enquête du CEEW a révélé que 63 % des femmes vivant en milieu rural ne participent pas à la prise de décision au sein du foyer lorsqu’il s’agit de savoir si et quand il faut remplir les bouteilles de GPL.

Premièrement, le remplissage des bouteilles de GPL est une affaire coûteuse pour de nombreux ménages ruraux. Le prix d’une bouteille est passé d’environ 581 à 1 000 roupies entre mai 2020 et mai 2022. Cela représente souvent 12 à 14 % des dépenses mensuelles totales des ménages pauvres, et cela se reflète dans son utilisation.

En outre, en mai 2020, au début de la pandémie de Covid-19 et de la récession, le gouvernement indien a retiré toutes les subventions au GPL, bien qu’il ait financé trois bouteilles de GPL gratuites pour les ménages du programme PMUY en 2020. Une récente demande de droit à l’information a révélé que neuf millions de ménages pauvres participant au programme PMUY ne sont jamais revenus chercher une recharge après avoir reçu le raccordement au GPL. Dix autres millions n’ont acheté qu’une seule recharge en 2020 (alors qu’entre sept et neuf bouteilles sont nécessaires chaque année si seul le GPL est utilisé pour la cuisine).

Deuxièmement, comme la cuisine propre devient plus coûteuse, si les femmes n’ont pas de pouvoir de négociation, leur bien-être est sacrifié au profit d’autres besoins du ménage. Les familles réduisent souvent ou abandonnent totalement le GPL, et dépendent alors de plus en plus de combustibles solides tels que le bois de chauffage et le fumier.

Les femmes vivant en milieu rural consacrent de longues heures à la collecte, à la préparation, au stockage et à l’entretien des combustibles de cuisson, sans parler de la tâche pénible qui est de cuisiner avec. Tout cela est possible parce que les femmes travaillent gratuitement. Le coût d’opportunité de leur temps – c’est-à-dire sa prochaine meilleure utilisation – est faible.

Les ménages dans lesquels les femmes exercent une activité professionnelle rémunérée tout au long de l’année présentent une incidence plus élevée d’utilisation de combustibles propres que les ménages où les femmes ne travaillent pas. Selon l’enquête NFHS 2014/15, 44 % des ménages dans lesquels les femmes travaillent et 37 % des ménages dans lesquels les femmes ne travaillent pas utilisaient du combustible de cuisson propre. Seules 13 % des femmes en milieu rural exerçaient une activité professionnelle rémunérée à l’année.

Ces deux facteurs interconnectés – la décision de remplir une bouteille de GPL ou d’utiliser des combustibles solides – dépendent du statut de la femme dans l’économie du ménage et du pouvoir de négociation qu’elle détient sur les finances de la famille et sur son temps.

Les femmes indépendantes financièrement, qui sont capables de prendre des décisions concernant les achats du ménage et qui exercent une activité professionnelle ont davantage de chances de faire le choix de combustibles de cuisson propres.

Dans le même temps, l’effet de la capacité d’action des femmes sur le choix des combustibles dépend des rapports entre les sexes, notamment de la confiance que les maris accordent à leurs femmes en matière de gestion de l’argent, ainsi que des contraintes culturelles qui dictent la liberté de mouvement des femmes hors de chez elles, quand elles doivent se rendre sur les marchés du village ou au-delà.

Que faut-il faire ?

L’utilisation durable de technologies de cuisson propres relativement coûteuses nécessite des subventions pour les ménages les plus pauvres. Des subventions progressives, ou ciblées pour les ménages en dessous du seuil de pauvreté (en particulier les ménages du programme PMUY), pourraient être nécessaires lors des premières années d’utilisation pour encourager un changement de comportement vers une utilisation accrue du GPL. La charge des subventions peut être partagée entre les États indiens et le ministère de la santé.

Les politiques en matière de combustibles propres doivent également être liées à d’autres programmes de développement qui visent l’autonomisation des femmes. Des incitations à l’utilisation systématique des technologies de cuisson propre pourraient également être créées en les associant à des polices d’assurance maladie et à des bourses d’études destinées aux étudiantes.

Dans le même temps, l’État devrait créer un système pour isoler le choix des femmes de carburant propre des différents contextes socioculturels, des relations entre les sexes et des inégalités économiques.

Lorsque le coût du combustible est élevé ou que les ménages connaissent des difficultés, l’action des femmes et leur décision de dépenser de l’argent pour un combustible de cuisson propre peuvent se heurter à une forte résistance. Dans certains cas, il peut être difficile pour les foyers d’allouer une somme forfaitaire pour des bouteilles de GPL, même subventionnées.

Un système de micro-paiement, accessible et géré par de petits groupes de femmes (semblables aux groupes d’entraide), pour le programme de combustible de cuisson propre pourrait être utile. Cela permettrait d’alléger le fardeau des coûts de recharge élevés et contribuerait à créer un environnement social favorable aux combustibles propres.

Les cuisinières à induction deviennent également compétitives lorsque le prix du GPL atteint 1 000 roupies la bouteille. Les recherches montrent que l’utilisation du GPL et l’adoption des cuisinières à induction augmentent lorsque les ménages bénéficient de services d’information sanitaire et financière.

Améliorer le pouvoir d’action des femmes – leur conscience des avantages d’un combustible de cuisson propre et des programmes qui facilitent leur utilisation, leur pouvoir de négociation et leur capacité à dépenser pour un combustible propre – est la clé des cuisines sans fumée.

 

The post Placer les femmes au cœur de la lutte de l’Inde pour des cuisines sans fumée appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Maladies non transmissibles : les clés de prévention et de contrôle https://globaldev.blog/fr/maladies-non-transmissibles-les-cles-de-prevention-et-de-controle/ Wed, 18 May 2022 10:54:04 +0000 http://wordpress.test/maladies-non-transmissibles-les-cles-de-prevention-et-de-controle/ La transition épidémiologique des maladies transmissibles vers les maladies non transmissibles est une réalité dans plusieurs pays. Les politiques de santé doivent de toute urgence mettre en place des mesures pour réduire les taux élevés d’incidence et de mortalité associés à ces dernières. Cet article se penche sur le cas du Mexique et propose quelques

The post Maladies non transmissibles : les clés de prévention et de contrôle appeared first on Globaldev Blog.

]]>
La transition épidémiologique des maladies transmissibles vers les maladies non transmissibles est une réalité dans plusieurs pays. Les politiques de santé doivent de toute urgence mettre en place des mesures pour réduire les taux élevés d’incidence et de mortalité associés à ces dernières. Cet article se penche sur le cas du Mexique et propose quelques stratégies intersectorielles qui pourraient contribuer à promouvoir la prévention et le contrôle.

En 2019, la Commission Lancet a évoqué une « syndémie mondiale », en référence à l’interaction entre trois pandémies prévalant avant même l’arrivée du Covid-19 – obésité, dénutrition, changement climatique – et leur regroupement dans le temps et l’espace.

Le terme syndémique a également été défini comme la synergie d’au moins deux maladies ou autres problèmes de santé dans une population qui ont une incidence les unes sur les autres et convergent avec leurs déterminants sociaux, économiques, culturels et socio-environnementaux, exacerbant les effets négatifs sur la santé de l’une ou de toutes les maladies concernées. Parmi les maladies non transmissibles (MNT) identifiées dans cette interaction syndémique figurent l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les MNT ont tendance à s’inscrire dans la durée et résultent de la combinaison de multiples facteurs : génétiques, physiologiques, environnementaux et comportementaux. Ces maladies chroniques sont à l’origine de 71 % des décès dans le monde, avec un impact majeur sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Des recommandations visant à accélérer les réponses des pays ont été intégrées dans le plan d’action mondial de l’OMS pour la prévention des MNT – par exemple, le renforcement de la coopération dans la gouvernance du secteur public, des actions multisectorielles pour accélérer les réponses au niveau national et des actions visant à réduire les facteurs de risque et les déterminants sociaux sous-jacents.

Mais il est nécessaire de considérer que les différents pays et régions opèrent dans des contextes très différents en ce qui concerne les progrès de leur prospérité économique, de la santé humaine, de l’équité sociale et de la durabilité environnementale.

Au Mexique, l’enquête nationale sur la santé et la nutrition 2018-19 a montré que le surpoids et l’obésité sont très répandus dans les zones rurales et urbaines (voir tableau 1). En outre, 10,3 % de la population adulte ont reçu un diagnostic de diabète, et la prévalence est plus élevée chez les femmes (11,4 %) que chez les hommes (9,1 %) ; tandis que la prévalence de l’hypertension artérielle est de 18,4 % chez les personnes âgées de 20 ans et plus, et à nouveau plus élevée chez les femmes (20,9 %) que chez les hommes (15,3 %).

Tableau 1 : Prévalence (%) du surpoids et de l’obésité dans la population mexicaine

La figure 1 présente les données de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) pour la période de 1990 à 2019, indiquant l’augmentation du taux de mortalité associé à ces trois types de risque métabolique : indice de masse corporelle élevé, pression artérielle élevée et glycémie à jeun élevée.

 

Figure 1. Taux de mortalité associé à trois risques métaboliques dans la population mexicaine de 1990 à 2019.

Parmi les stratégies qui ont été mises en œuvre pour diminuer la prévalence élevée des MNT au niveau national, on peut citer l’étiquetage des aliments et des boissons sur le devant de l’emballage, entré en vigueur en 2020. Il s’agit de cinq étiquettes noires et blanches utilisées pour indiquer si un produit alimentaire donné est riche en calories, en sucres, en graisses saturées et trans et en sodium – un système assez similaire à l’étiquetage obligatoire des aliments au Chili.

Cette stratégie est complétée par l’étiquetage nutritionnel « au dos du paquet », dans le cadre d’une initiative des pays de l’OCDE où cette forme d’étiquetage est la plus courante. Mais d’autres politiques de promotion de la santé sont nécessaires, par exemple des actions communautaires visant à influencer les modes de vie par l’information et l’éducation.

La dernière réforme de la loi sur l’enseignement général au Mexique a été mise en œuvre en 2021. L’article 75 stipule que les autorités éducatives doivent interdire la vente d’aliments à faible valeur nutritionnelle et à forte teneur en calories dans les établissements scolaires.

En outre, elles doivent promouvoir des modes de vie sains qui préviennent et combattent le surpoids et l’obésité chez les élèves, notamment par des activités physiques, le sport scolaire, l’éducation physique et de bonnes habitudes nutritionnelles. Mais ces dispositions doivent faire l’objet d’une évaluation et d’un suivi continus pour en assurer le respect, et des ajustements doivent être apportés en fonction des données et des résultats obtenus à court, moyen et long terme.

En outre, il est urgent de mettre en place des stratégies visant à prévenir les MNT en réduisant les risques environnementaux dans des secteurs clés tels que la pollution atmosphérique, la pollution de l’eau ainsi que les systèmes de transport, alimentaires et agricoles. Ces stratégies devraient inclure des modèles favorisant l’activité physique dans les lieux publics, tels que les centres de travail, les écoles, les hôpitaux et les parcs, comme l’ont recommandé l’OMS et les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), afin d’accroître la résilience des communautés concernées et d’encourager une culture de la prévention dans l’ensemble de la société.

Les CDC ont identifié quatre domaines prioritaires pour la prévention des MNT : épidémiologie et surveillance, approches socio-environnementales, interventions dans le système de santé et programmes communautaires liés aux services cliniques. Dans le cas du Mexique, ces domaines pourraient être complétés par le renforcement de la capacité du système de soins de santé à traiter les MNT, par des programmes de formation pour les agents de santé avec une approche syndémique, par des stratégies de prévention et par le développement de nouvelles technologies de détection précoce.

Enfin, la coordination intersectorielle par le biais d’un cadre syndémique intégratif est essentielle pour lutter contre les effets de la syndémie sur les groupes vulnérables et le reste de la communauté, et pour réduire la forte prévalence des MNT. Cette initiative pourrait impliquer la collaboration de différents ministères du gouvernement mexicain, tels que ceux de la santé, de l’éducation, des sciences et de la technologie, de l’économie, du travail et de la sécurité sociale, de l’environnement et des ressources naturelles, de l’agriculture et du développement rural. Elle devrait également impliquer une collaboration avec les organisations non gouvernementales (ONG) et l’industrie dans son ensemble.

 

The post Maladies non transmissibles : les clés de prévention et de contrôle appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Mondialisation et inégalité après la pandémie https://globaldev.blog/fr/mondialisation-et-inegalite-apres-la-pandemie/ Tue, 26 Apr 2022 11:55:01 +0000 http://wordpress.test/mondialisation-et-inegalite-apres-la-pandemie/ Alors que la crise du COVID-19 s’atténue, la lutte contre la pauvreté et les inégalités par l’amélioration des opportunités d’emploi est au centre de nombreuses stratégies nationales de relance économique. Cependant, comme le souligne cet article, les inégalités risquent de s’aggraver si les pays misent sur les chaînes de valeur mondiales et l’ouverture au commerce

The post Mondialisation et inégalité après la pandémie appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Alors que la crise du COVID-19 s’atténue, la lutte contre la pauvreté et les inégalités par l’amélioration des opportunités d’emploi est au centre de nombreuses stratégies nationales de relance économique. Cependant, comme le souligne cet article, les inégalités risquent de s’aggraver si les pays misent sur les chaînes de valeur mondiales et l’ouverture au commerce sans améliorer les compétences de la main-d’œuvre.

Le brusque ralentissement économique provoqué par la pandémie et les confinements a confirmé l’importance de l’intégration mondiale et de la nécessité pour les pays de disposer d’une infrastructure développée sur le plan numérique. Le COVID-19 a également mis en évidence les faiblesses actuelles de l’intégration mondiale en matière de production de biens et d’interdépendance transfrontalière.

Des études récentes confirment que les bénéfices des chaînes de valeur mondiales sont toujours supérieurs aux coûts. Pour autant, des réformes sont encore nécessaires. Les experts commerciaux mettent en garde contre le fait que l’absence de certains biens essentiels pendant la pandémie n’était pas seulement due à des perturbations de la production (du côté de l’offre), mais aussi à l’augmentation radicale de la demande de ces biens.

En fait, les arguments en faveur d’une plus grande intégration mondiale et d’une plus grande ouverture commerciale restent optimistes, en particulier pour les pays en développement qui bénéficient d’une augmentation de la création d’emplois, de transferts technologiques plus importants, d’investissements directs étrangers et d’une amélioration des compétences.

Toutefois, les liens entre les chaînes de valeur mondiales ne sont pas tous identiques. Dans les pays où les niveaux d’intégration numérique et de capital humain sont relativement faibles, et où les politiques réglementaires sont restrictives, l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales tend à être moins poussée et à se concentrer sur les produits de base plutôt que sur les biens manufacturés. Les chaînes de valeur mondiales moins sophistiquées ou les accords mondiaux de partage de la production sont susceptibles d’avoir un impact moindre sur la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité.

Un rôle clair pour les chaînes de valeur mondiales et les investissements numériques dans la phase de reprise post-pandémique

Alors que la crise s’estompe, la réduction de la pauvreté et des inégalités grâce à des emplois formels plus nombreux et de meilleure qualité est au centre de la plupart des stratégies de relance économique dans le monde. Compte tenu du potentiel de croissance et de création d’emplois des entreprises intégrées au niveau mondial, notamment lorsqu’elles se concentrent sur des produits sophistiqués, les responsables politiques veulent savoir si une plus grande ouverture commerciale pourrait faire partie de leur stratégie de relance.

Ils se demandent également si une intégration plus poussée dans les chaînes de valeur mondiales pourrait contribuer à améliorer les performances actuellement médiocres en garantissant une croissance inclusive, comme cela a été le cas dans les années qui ont précédé la pandémie. C’est le cas en Colombie et dans de nombreux autres pays, où les décideurs politiques évaluent, dans le cadre de leur stratégie de relance, une série de réformes du marché.

Une nouvelle étude estime les effets potentiels des réformes visant à promouvoir une plus grande participation des entreprises colombiennes aux chaînes de valeur mondiales et des investissements proposés dans les infrastructures numériques. L’étude estime l’impact sectoriel et géographique de réformes distinctes afin d’identifier les éventuels gagnants et perdants.

À l’instar de nombreux pays en développement, la Colombie d’avant la pandémie était caractérisée par des niveaux élevés d’inégalité et les ménages les plus vulnérables – en particulier les travailleurs du mauvais côté de la fracture numérique et/ou ceux qui occupaient des emplois informels – ont vu leurs possibilités d’emploi et leurs revenus diminuer de façon spectaculaire.

Le monde post-pandémique offre une fenêtre d’opportunité aux nouveaux arrivants pour se connecter aux accords mondiaux de partage de la production existants en devenant des fournisseurs fiables d’intrants et de services intermédiaires, ainsi que de composants clés de produits finaux assemblés ailleurs. C’est particulièrement important pour les pays des Amériques, géographiquement plus proches des marchés américains et européens.

Toutefois, pour aider les entreprises colombiennes à mieux s’intégrer aux marchés de production mondiaux, le pays doit améliorer ses cadres réglementaires en matière d’expansion des infrastructures et des services douaniers. Il doit également réduire les barrières tarifaires et non tarifaires à l’importation, tout en s’efforçant de rendre les tarifs plus homogènes et les barèmes plus stables.

Les responsables politiques colombiens reconnaissent également la nécessité de réduire les coûts de la logistique et du transport de marchandises en modernisant les ports maritimes et les aéroports, et en supprimant les barrières à l’entrée pour la fourniture de services auxiliaires. On comprend aussi très bien l’importance de rationaliser les investissements directs étrangers pour stabiliser les flux nets, de réduire les obstacles non tarifaires pour les multinationales et de fixer des limites au rapatriement des bénéfices.

Des réformes, encore des réformes, toujours des réformes… et la centralité des investissements en capital humain

Conformément à d’autres études récentes, le cas de la Colombie montre que si la combinaison de réformes permet de créer des emplois formels, ces emplois créés ne profitent pas aux pauvres et aux plus vulnérables. L’une des raisons principales est que la plupart des travailleurs au bas de la pyramide des salaires n’ont pas les compétences nécessaires pour accéder aux types d’emplois offerts par les entreprises engagées dans des accords de production mondiaux.

Les tendances observées dans les différents pays montrent qu’au fur et à mesure des mises à niveau liées à l’adhésion aux accords mondiaux, les salaires augmentent mais l’emploi net tend à diminuer, et les gains sont concentrés sur les travailleurs les plus qualifiés. Par exemple, les travailleuses bénéficient d’une part importante des emplois à forte demande de main-d’œuvre dans les pays dotés de ces industries, mais elles sont souvent perdantes lors des mises à niveau technologiques.

L’impact global du développement de l’infrastructure numérique sur la croissance par la création d’emplois formels peut avoir un effet sensible sur la réduction de la pauvreté. Mais les inégalités peuvent s’accroître en raison de l’augmentation de la prime de compétence associée au développement de l’infrastructure numérique, davantage d’emplois se prêtant au travail à distance et l’apprentissage à distance devenant plus réalisable.

Les leçons à tirer pour les pays qui envisagent des approches similaires sont claires. Afin de générer une croissance inclusive par le biais de réformes visant à approfondir la participation aux accords de production mondiaux et d’investissements dans l’infrastructure numérique, il est impératif de disposer d’un ensemble parallèle de réformes et d’investissements permettant aux ménages les plus pauvres de se constituer le capital humain nécessaire pour accéder à des emplois formels de meilleure qualité.

La réduction des inégalités peut être obtenue par un ensemble de politiques qui non seulement créeront davantage d’emplois grâce à une meilleure intégration dans la production mondiale, mais introduiront également des plateformes permettant à un plus grand nombre de personnes d’améliorer leurs compétences et de travailler à distance.

Une telle approche pourrait, en principe, permettre de créer des emplois formels pour les travailleurs se situant au milieu de la chaîne de distribution du capital humain, car ils seront formés à l’utilisation de technologies plus sophistiquées. Elle pourrait également permettre de créer des emplois pour les travailleurs situés au bas de la distribution des compétences si les entreprises liées aux chaînes de valeur mondiales créent des liens en amont – en achetant des intrants et des services intermédiaires à des fournisseurs locaux ; en formant effectivement des chaînes de valeur nationales, en utilisant des producteurs à forte intensité de main-d’œuvre, qui approvisionnent les processus en amont.

 

The post Mondialisation et inégalité après la pandémie appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Conséquences économiques du confinement : Observations issues de la première vague de Covid-19 en Inde https://globaldev.blog/fr/consequences-economiques-du-confinement-observations-issues-de-la-premiere-vague-de-covid-19-en/ Mon, 22 Nov 2021 14:06:03 +0000 http://wordpress.test/consequences-economiques-du-confinement-observations-issues-de-la-premiere-vague-de-covid-19-en/ Alors que l’Inde poursuit sa lutte contre la pandémie, l’impact de celle-ci sur l’activité économique du pays reste une préoccupation majeure. En tirant des leçons de la première vague en 2020, cet article examine la façon dont les mesures d’endiguement ont influencé les résultats économiques globaux. Lors du « déconfinement » progressif après un confinement national en

The post Conséquences économiques du confinement : Observations issues de la première vague de Covid-19 en Inde appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Alors que l’Inde poursuit sa lutte contre la pandémie, l’impact de celle-ci sur l’activité économique du pays reste une préoccupation majeure. En tirant des leçons de la première vague en 2020, cet article examine la façon dont les mesures d’endiguement ont influencé les résultats économiques globaux. Lors du « déconfinement » progressif après un confinement national en 2020, la reprise économique a été inférieure de 9,3 % dans les districts où les limitations de mobilité étaient maximales par rapport à ceux où elles étaient minimales. Les revenus des ménages ont été plus durement touchés que la consommation.

Avec environ 34,2 millions de personnes touchées par le virus au début du mois de novembre 2021, l’Inde est encore en lutte avec le Covid-19. Le site covid19India.org fait état de plus de 458 000 décès cumulés dans le pays.

Une approche largement adoptée pour lutter contre les infections consiste à restreindre la mobilité. Lors de la première vague d’infections en Inde, entre mars et mai 2020, le gouvernement a mis en place le « confinement le plus strict du monde ». Cette mesure a gravement perturbé l’activité commerciale et la mobilité, et des millions de migrants sont retournés dans leurs villages, les possibilités de travail dans les villes s’étant évanouies.

Ces migrants ont été confrontés à des difficultés considérables, parcourant souvent des centaines de kilomètres à pied ou à vélo, séjournant dans des camps humanitaires dépourvus de ressources, isolés de leurs familles et d’autres sources de soutien, et incapables de trouver de la nourriture ou des soins de santé. Les enquêtes menées par l’ONG internationale ActionAid révèlent un impact important sur les travailleurs du secteur informel, les confinements entraînant une destruction à long terme de leurs moyens de subsistance, une augmentation de la dette des ménages, une baisse de la consommation et une augmentation de la faim.

Vies ou moyens de subsistance

La raison d’être des mesures de confinement est d’enrayer la propagation du Covid-19 et de réduire la charge qui en découle pour le système de santé afin de sauver des vies. En outre, ces confinements peuvent permettre une reprise plus rapide de l’activité économique normale sur le long terme. Mais ils impliquent également des pauses à court terme dans l’activité économique.

Les confinements ont pu affecter davantage les pays en développement, car les infrastructures permettant de travailler à domicile et l’étendue de la numérisation y sont plus faibles que dans les économies avancées. Une part plus importante des ménages dépend de revenus quotidiens, et les filets de sécurité tels que la protection sociale y sont beaucoup plus faibles.

Dans une recherche récente, nous examinons les implications économiques du « déconfinement » graduel en mai et juin 2020, lorsque le gouvernement central a décidé d’appliquer des règles de confinement différentes selon les districts. Alors que les pays sont confrontés à l’incertitude de nouvelles vagues de Covid-19 potentielles, notre recherche apporte des estimations des coûts économiques globaux à court terme auxquels un pays en développement pourrait être confronté du fait des confinements – et ce grâce à l’examen du cas de l’Inde.

Comment le confinement par zones a-t-il affecté l’activité économique ?

Le 25 mars 2020, le gouvernement indien a annoncé un confinement global à l’échelle nationale qui a été mis en œuvre uniformément dans tous les États et districts. Durant cette période, la quasi-totalité des bureaux, des établissements commerciaux et privés, des unités industrielles, ainsi que des services publics ont été fermés. La plupart des services de transport – y compris les vols internationaux et nationaux, les chemins de fer et les routes – ont été suspendus. Les services hôteliers et les établissements d’enseignement ont été fermés.

Ce confinement national a duré jusqu’au 3 mai 2020. Une étude détaillée de la Banque mondiale a révélé que l’intensité lumineuse nocturne en Inde a diminué pendant le confinement national strict en mars et avril par rapport aux mois précédents.

Pour faciliter une reprise progressive de l’activité économique, le gouvernement a annoncé un déconfinement différencié des districts avec trois catégories de zones : 130 districts en zone rouge, 284 en zone orange et 319 en zone verte (voir Figure 1).

À partir du 4 mai 2020, les districts ont été classés en fonction de critères multiples, notamment l’incidence du nombre de cas, l’étendue du dépistage et la vulnérabilité face à la pandémie. Le ministère de la Santé et de la Famille a défini les zones rouges (avec restrictions maximales) comme les districts où le nombre de cas était le plus élevé et où le temps de doublement était inférieur à quatre jours, les zones orange de restrictions intermédiaires, et les zones vertes, avec restrictions minimales, si les districts n’avaient eu aucun cas actif en 21 jours. Les données de localisation des téléphones portables au niveau des districts, fournies par Google et Facebook, ont corroboré le fait que ces restrictions étaient effectivement efficaces pour réduire la mobilité.

En utilisant une technique de recherche permettant de comparer l’évolution des résultats au fil du temps dans des groupes exposés à une intervention particulière avec des groupes similaires qui ne l’ont pas été (« l’écart dans les différences »), nous mesurons l’impact de ces classifications de zones graduelles sur l’intensité lumineuse nocturne à haute fréquence.

Les données relatives à l’éclairage nocturne (provenant des satellites de la NASA en orbite autour de la terre) sont un indicateur communément utilisé pour surveiller l’activité économique globale. Nous avons observé les districts pendant les mois de mai et juin 2020, en les comparant à ceux de mars et avril 2020, lorsque les restrictions étaient uniformes.

 

Figure 1. Zones de confinement des districts

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Image des auteurs.

 

Notre conclusion principale est que la reprise économique, mesurée par l’intensité lumineuse nocturne, était inférieure de 9,3 % dans les districts en zone rouge (où les restrictions étaient maximales) par rapport aux districts en zone verte (avec des restrictions minimales). La même méthode révèle que la reprise était inférieure de 1,6 % dans les districts en zone orange par rapport aux districts en zone verte. Ces résultats ne sont pas affectés par les grandes métropoles urbaines de l’Inde et se maintiennent même lorsqu’elles sont exclues de l’analyse.

Nous analysons également l’impact de la classification en zones rouge, orange et verte sur la consommation et le revenu des ménages. Les enquêtes mensuelles menées auprès des ménages indiens par le Centre de surveillance de l’économie indienne suggèrent que la baisse des revenus des ménages et la réduction de la consommation sont des canaux importants par lesquels les restrictions zonales ont affecté l’intensité lumineuse nocturne.

Certains districts ont été plus touchés par les restrictions que d’autres. Par exemple, les districts les plus développés, dont la densité de population, la part de l’emploi dans les services, le crédit par habitant et l’âge moyen sont supérieurs à la moyenne, ont subi des répercussions plus importantes.

Les leçons à tirer de la lutte continue contre le Covid-19

Quand, en 2021, l’Inde luttait contre une deuxième vague de Covid-19, les gouvernements des différents États ont imposé de nouvelles restrictions de mobilité tout en essayant de maintenir l’activité économique. La stratégie consistant à imposer des confinements au niveau des États et des microzones de confinement en 2021 pourrait avoir des effets économiques moins graves que le confinement national de 2020.

Un examen plus approfondi des enseignements tirés de la première vague indique que les caractéristiques propres aux districts, telles que l’âge, la densité de population et la part des secteurs de services à forte intensité de contacts, sont des déterminants importants de l’impact sur l’activité économique.

Le fait que les revenus des ménages aient diminué davantage que la consommation en 2020 souligne l’importance de préserver les moyens de subsistance tout en luttant contre le Covid-19. À cet égard, les programmes publics ciblant l’emploi et la création de revenus pour les travailleurs peu qualifiés pourraient potentiellement se prémunir contre les pertes d’emploi et les réductions de salaire.

Aux premiers stades de la pandémie, aucun vaccin n’était disponible. Par conséquent, le compromis politique principal ne consistait pas à choisir entre confinement et vaccination, mais entre différents niveaux d’intensité des mesures de confinement.

Au fur et à mesure que les vaccins ont été développés et fabriqués, un débat dans de nombreux pays en développement a été de savoir si les fonds publics devaient être utilisés pour financer les vaccinations et les dépenses de santé publique. Notre analyse met en évidence les coûts économiques des mesures de confinement pour lutter contre le Covid-19, en établissant un point de référence pour évaluer les avantages d’un meilleur accès à la santé publique et aux vaccins.

 

The post Conséquences économiques du confinement : Observations issues de la première vague de Covid-19 en Inde appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Naviguer dans l’espace civique en temps de crise : Mozambique, Nigeria et Pakistan https://globaldev.blog/fr/naviguer-dans-lespace-civique-en-temps-de-crise-mozambique-nigeria-et-pakistan/ Mon, 20 Sep 2021 11:15:38 +0000 http://wordpress.test/naviguer-dans-lespace-civique-en-temps-de-crise-mozambique-nigeria-et-pakistan/ Certains gouvernements profitent de la crise du Covid-19 pour abuser de leurs pouvoirs, restreindre les libertés, supprimer les voix de l’opposition et favoriser les projets antidémocratiques. Cet article fait état de données provenant du Mozambique, du Nigeria et du Pakistan qui montrent que les acteurs de la société civile ont répondu aux défis de la

The post Naviguer dans l’espace civique en temps de crise : Mozambique, Nigeria et Pakistan appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Certains gouvernements profitent de la crise du Covid-19 pour abuser de leurs pouvoirs, restreindre les libertés, supprimer les voix de l’opposition et favoriser les projets antidémocratiques. Cet article fait état de données provenant du Mozambique, du Nigeria et du Pakistan qui montrent que les acteurs de la société civile ont répondu aux défis de la pandémie par un nouvel élan et de nouvelles méthodes de travail. Pourtant, l’espace civique dans lequel ils opèrent est gravement menacé. Les mutations de l’espace et de l’action civiques ont des répercussions à long terme sur la gouvernance. Elles exigent des adaptations de la part des agences d’aide qui soutiennent la société civile.

Le Covid-19 a montré l’importance de l’espace civique. Tout au long de la pandémie, les acteurs de la société civile ont répondu de manière pratique à l’urgence sanitaire et des besoins de subsistance, tout en engageant un débat critique avec les autorités autour de la pandémie et la manière dont elle a été gérée. Pour les personnes et les communautés marginalisées qui subissent les effets de la crise de manière disproportionnée, ce qui s’est joué dans l’espace civique en cette période a été crucial pour assurer leur survie.

Pourtant, l’espace civique se réduisait déjà avant la pandémie dans le monde entier – et cette tendance n’a fait que s’accélérer et s’aggraver à cause du Covid-19.

Ces situations avant et pendant la pandémie sont particulièrement caractéristiques du Mozambique, du Nigeria et du Pakistan, pays où les systèmes de santé publique, le contrat social et les relations de gouvernance ont été mis à rude épreuve tout au long de l’histoire postcoloniale. Comme le montrent nos recherches, au moment où la pandémie a accentué la pression, la société civile a joué un rôle essentiel dans la promotion de la santé, la prestation de services et la distribution publique de l’aide liée au Covid-19.

Pourtant, tout en aidant les autorités à protéger les populations de la pandémie, la société civile a dû protéger elle-même les populations et l’espace civique contre les autorités. Les gouvernements ont profité de la crise pour abuser de leurs pouvoirs, restreindre les libertés, supprimer les voix de l’opposition et accélérer les projets anti-démocratiques.

Pour analyser ce qui s’est passé dans l’espace civique et les implications pour la gouvernance et le développement à plus long terme, nous avons utilisé des panels d’observation composés d’acteurs de la société civile, mis en place par nos partenaires de recherche : l’Institut d’études sociales et économiques (Mozambique), Spaces for Change (Nigeria) et le Collective for Social Science Research (Pakistan).

Les panels ont été renforcés par un catalogage des événements basé sur les rapports des médias traditionnels et sociaux, une analyse continue de la recherche et des commentaires au niveau international et des moments de « recherche de sens » collective lorsque nous avons adopté des perspectives nationales et mondiales. Les données générées étaient donc solides, contextuelles et granulaires.

Espace civique : comprimé, supprimé et divisé

Aux agressions préexistantes contre les libertés civiques sont venues s’ajouter les restrictions à la liberté de réunion provoquées par la pandémie, les excès de l’exécutif et les violations des droits de l’homme dans l’application des réglementations.

Les gouvernements ont agi rapidement, de manière résolue et parfois violente pour étouffer tout débat critique sur la pandémie et les restrictions. Au Nigeria, la renaissance du mouvement EndSARS de protestation contre les violences policières, à la suite de nouvelles exactions, a entraîné des attaques ciblées contre des personnes et des organisations. Au Pakistan, les femmes journalistes qui critiquaient la gestion de la pandémie par le gouvernement ont été harcelées sur les réseaux, et notamment par le parti au pouvoir.

La répression et le musellement se sont étendus de façon extrêmement pratique au-delà de la critique des réponses gouvernementales au Covid-19.  La révélation d’un important scandale de corruption gouvernementale au Mozambique, au cœur de la pandémie, par le groupe de médias indépendant Canal-i, a été accueillie par l’incendie des bureaux du groupe.

Bureaux de la maison de presse indépendante Canal de Moçambique suite à la publication d’enquêtes sur la corruption de l’État, août 2020. Crédit : Lucas Meneses, Canal de Moçambique

 

Des fractures se sont creusées tout au long de failles sociales qui remontaient à plus loin, basées sur la religion, l’ethnie ou les moyens de subsistance. Des tensions sont apparues entre différentes régions, ainsi qu’entre les autorités centrales et infranationales. Les régions considérées comme dérangeantes ont vu leur autonomie régionale réduite et, dans le cas du Baloutchistan, au Pakistan, ont été privées des secours face au Covid-19.

La réorientation des fonds publics et des donateurs internationaux vers les actions de lutte contre la pandémie a fourni aux acteurs de la société civile de nombreuses occasions de collaborer entre eux et avec les gouvernements pour offrir des services ou du secours. Mais ces derniers ont également détourné les fonds des programmes existants, intensifié la concurrence entre les acteurs de la société civile et augmenté la pression sur les organismes de défense qui, étant de plus en plus perçus comme sensibles, avaient déjà des problèmes de financement.

L’évolution de l’action civique

Au cours de cette période, l’action civique a évolué en termes d’acteurs, de thèmes mobilisateurs et de répertoires d’action. 

Dans les trois pays, le secteur de la santé s’est massivement mobilisé autour des préoccupations liées à la pandémie, en plus des doléances antérieures. Au Nigeria et au Pakistan, les alliances forgées dans le cadre de ces mobilisations ont couvert le secteur de la santé comme jamais auparavant – des médecins chevronnés aux agents de santé de base et aux étudiants en médecine.

De nombreuses organisations de la société civile se sont associées aux gouvernements pour fournir l’aide face au Covid-19, et certaines ont également joué le rôle de chiens de garde. Des coalitions chargées de surveiller la gestion de l’aide par le gouvernement ont vu le jour au Nigeria et au Mozambique, obtenant dans certains cas des niveaux de coopération surprenants de la part du gouvernement.

Partout, les enseignants et les étudiants se sont mobilisés pour protéger la qualité de l’enseignement et la santé des élèves et du personnel dans les moments d’interruption majeure.

L’augmentation de la violence sexiste en période de confinement a donné naissance à de multiples formes d’activisme numérique ainsi qu’à des réponses pratiques. Une condamnation publique sans précédent de la violence et du harcèlement sexistes, en ligne et hors ligne, a eu des résultats significatifs en termes d’engagements à améliorer les cadres juridiques au Nigeria et au Pakistan.

Une condamnation publique sans précédent de la violence et du harcèlement sexistes, en ligne et hors ligne, a eu des résultats significatifs en termes d’engagements à améliorer les cadres juridiques au Nigeria et au Pakistan. Certaines actions ont été menées par des acteurs qui n’avaient jamais joué un rôle prépondérant dans les manifestations – célébrités, groupes professionnels tels que les petits pêcheurs au Pakistan, et coalitions mixtes, interclasses et intersectorielles. 

Le Pakistan Fisherfolk Forum organise une manifestation en mer en septembre 2020 contre les plans du gouvernement qui menacent leurs moyens de subsistance. Crédit : Khizer Habib

 

La gouvernance après la pandémie

Notre recherche vient compléter un nombre croissant de preuves – provenant entre autres de CIVICUS et de l’Institut V-Dem – que si l’espace civique est gravement menacé, la société civile elle-même répond aux défis liés au Covid-19 avec un nouvel élan et de nouvelles façons de naviguer et de fonctionner. 

Jusqu’à présent, la réponse de la société civile au Mozambique, au Nigeria et au Pakistan a consisté à protéger les espaces existants tout en en créant de nouveaux, dans lesquels continuer à défier leurs gouvernements, et à fournir des services. Mais cela se fait souvent dans un contexte de harcèlement et de danger.

L’indignation morale suscitée par la mauvaise gestion de la pandémie – notamment en ce qui concerne l’intervention excessive des forces de l’ordre, la gestion irresponsable du secours sanitaire et les répercussions injustes sur les moyens de subsistance – peut mobiliser les gens pendant un certain temps encore. Elle peut également s’étendre à d’autres questions et pousser les militants à adopter des formes d’action civique plus indisciplinées et moins susceptibles d’être cooptées.

Le terrain sur lequel se jouent les relations entre les citoyens et l’État a été transformé par la sécurisation de la santé publique et de la gouvernance démocratique déclenchée par le Covid-19. Lorsque les gouvernements cesseront d’avoir besoin de la société civile pour apporter des réponses aux pandémies, il y aura un risque de rétrécissement continu des espaces civiques et d’attaques ciblées à la fois sur les valeurs sous-jacentes nécessaires à la résolution pacifique des conflits, et sur les acteurs clés qui défendent ces valeurs.

Notre rapport s’accorde avec d’autres pour dire que les agences d’aide doivent adapter leur soutien opérationnel et politique aux partenaires de la société civile à ces nouveaux niveaux de risque, et prendre elles-mêmes des mesures multilatérales concertées pour défendre fermement l’espace civique. 

 

The post Naviguer dans l’espace civique en temps de crise : Mozambique, Nigeria et Pakistan appeared first on Globaldev Blog.

]]>