Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/ Research that matters Wed, 24 Apr 2024 09:31:10 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3 https://globaldev.blog/wp-content/uploads/2023/03/Logotype_02-1.svg Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/ 32 32 Intégrer les personnes handicapées à la transition vers la quatrième révolution industrielle en Afrique https://globaldev.blog/fr/integrer-les-personnes-handicapees-a-la-transition-vers-la-quatrieme-revolution-industrielle-en-afrique/ Wed, 24 Apr 2024 09:20:23 +0000 https://globaldev.blog/?p=6788 En Afrique, la quatrième révolution industrielle (4IR) menace d’exclure encore davantage les personnes handicapées du marché de l’emploi. Cet article se penche sur la possibilité d’une transition équitable vers la 4IR en Afrique, qui tienne compte des besoins des personnes handicapées dans un environnement de travail high-tech et en constante évolution. Qu’est-ce que la 4IR ?

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En Afrique, la quatrième révolution industrielle (4IR) menace d’exclure encore davantage les personnes handicapées du marché de l’emploi. Cet article se penche sur la possibilité d’une transition équitable vers la 4IR en Afrique, qui tienne compte des besoins des personnes handicapées dans un environnement de travail high-tech et en constante évolution.

Qu’est-ce que la 4IR ?

Sous l’impulsion des pays développées, le monde s’est déjà engagé dans la quatrième révolution industrielle (4IR). La 4IR désigne une ère d’industrialisation caractérisée par la numérisation du secteur manufacturier.

Les principales caractéristiques de la 4IR sont l’intelligence artificielle (IA), le big data, l’internet des objets (IdO), la technologie blockchain, l’interaction homme-machine, la réalité virtuelle, l’impression 3D et la robotique.

Bien que considérée comme perturbatrice, la 4IR a profité aux principales économies mondiales. Elle a favorisé l’efficacité et la qualité de la production et considérablement réduit les coûts de production.

En Afrique, certains pays ont commencé à s’intéresser à la 4IR. Par exemple, l’Afrique du Sud introduit l’IA et l’impression 3D dans la médecine, l’IdO dans la fourniture de biens aux consommateurs et la technologie des drones pour livrer des médicaments dans les zones difficiles.

L’influence de 4IR sur les personnes handicapées sur le lieu de travail

Les technologies de la 4IR affectent le monde du travail de plusieurs manières :

  • la création d’emplois, en raison du développement de nouvelles niches de marché, telles que le commerce électronique.
  • la suppression/substitution d’emplois, en raison des pratiques d’automatisation qui pourraient rendre obsolètes les postes peu ou moyennement qualifiés à mesure que les machines prennent en charge des tâches qui étaient auparavant effectuées par des êtres humains.
  • la redéfinition/transformation des emplois, où de nouveaux styles de travail, tels que le télétravail, sont adoptés.

En Afrique, beaucoup de travailleurs fournissent une main-d’œuvre bon marché tout au long de la chaîne de valeur industrielle et manufacturière. Ces travailleurs risquent d’être très affectés par la 4IR, et plus encore les personnes handicapées qui sont déjà confrontées à des taux de chômage plus élevés.

La 4IR peut aussi créer un fossé entre les personnes hautement qualifiées et celles qui ne le sont pas. Il est également à noter que les personnes handicapées africaines sont plus susceptibles que les personnes valides d’offrir une main-d’œuvre non qualifiée, d’être à leur compte dans le cadre d’un emploi informel ou d’occuper un emploi formel à temps partiel. Par conséquent, elles ne possèdent pas les compétences avancées nécessaires à l’ère de la 4IR et les recherches montrent qu’elles peuvent facilement être évincées de l’emploi car moins compétitives. Il s’agit là d’un enjeu crucial, car plus de 80 millions de personnes en Afrique sont considérées handicapées pour des problèmes de santé mentale, des malformations congénitales, des maladies ou des déficiences physiques.

Les personnes handicapées africaines n’ont pas encore forcément réalisé qu’elles peuvent contribuer à la 4IR grâce à des compétences et des talents tels que la pensée critique, la créativité, l’intelligence émotionnelle et la flexibilité cognitive. Ces compétences peuvent également être utilisées dans un environnement de travail à distance, un domaine qui n’a pas été pleinement exploré par ce groupe. Cela les empêche par conséquent de s’engager dans un emploi en lien avec la 4IR.

Bien qu’un certain nombre de pays africains, comme le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud et l’Égypte, aient développé et produit des technologies et des dispositifs d’assistance, ceux-ci sont souvent trop chers pour les personnes handicapées. Il est donc difficile pour ces dernières de bénéficier des technologies de la 4IR qui pourraient les aider sur leur lieu de travail. Les employeurs engagés dans la 4IR ont également peu de connaissances sur la manière de travailler avec les personnes handicapées, ce qui les empêche de contribuer de manière significative à la transition vers la 4IR.

Explorer le potentiel de la 4IR pour les personnes handicapée

Les chercheurs ont souligné que le manque de données sur les personnes handicapées en Afrique complique la formulation de politiques inclusives liées à la 4IR qui répondraient à leurs besoins. Il est donc nécessaire d’approfondir les recherches et de collecter des données sur les besoins spécifiques des personnes handicapées sur le lieu de travail. Cela permettra d’identifier leurs forces, leurs faiblesses et les opportunités de changement qui pourront être explorées afin d’éclairer les politiques liées à la 4IR et de faire progresser les technologies de la 4IR qui sont inclusives par nature.

Les talents des personnes handicapées, tels que la créativité, la pensée critique et l’intelligence émotionnelle, peuvent être exploités pour leur permettre d’obtenir et de conserver un emploi dans le monde de la 4IR. Ces compétences sont importantes pour une transition réussie. Il est également important d’éduquer et de responsabiliser les personnes handicapées quant à leur potentiel et aux technologies qui peuvent leur permettre d’assumer des rôles compétitifs sur le marché du travail, compte tenu des changements apportés par la 4IR.

Aider les personnes handicapées à adopter le télétravail leur permettra de bénéficier d’horaires de travail flexibles qui leur donneront les moyens de mettre en pratique leurs compétences particulières et de développer leurs points forts. Le travail à distance leur permettra également de s’acquitter confortablement de leurs tâches sans avoir à se rendre au bureau. Ceci est particulièrement important en Afrique où les entreprises de transport public ont mis en œuvre des stratégies minimales pour répondre aux besoins des personnes handicapées.

Des applications et des dispositifs d’assistance abordables favoriseront l’intégration des personnes handicapées sur le lieu de travail à l’ère de la 4IR. Les partenariats public-privé pour l’achat de ces technologies et dispositifs les rendront plus accessibles. Dans la mesure du possible, tous les employeurs devraient se procurer des technologies d’assistance pour garantir l’intégration et l’équité sur le lieu de travail.

Enfin, il est conseillé aux employeurs qui mettent en œuvre la 4IR de formuler des processus internes, des règlements et des lignes directrices sur la manière de travailler avec les personnes handicapées dans le contexte de la numérisation des lieux de travail. Cela améliorera leur intégration au sein des entreprises engagées dans la 4IR.

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Où est l’argent : actions récentes dans le financement de la biodiversité https://globaldev.blog/fr/ou-est-largent-actions-recentes-dans-le-financement-de-la-biodiversite/ Tue, 09 Apr 2024 22:29:16 +0000 https://globaldev.blog/?p=6757 Notre planète connaît un taux d’extinction des espèces sauvages stupéfiant et fait face au défi imminent de la perte de biodiversité. Cet article propose aux décideurs politiques des pistes d’action pour relever ce défi, en examinant les instruments financiers permettant de transformer les plans de conservation en opportunités d’investissement attrayantes, tels que les échanges dette-nature,

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Notre planète connaît un taux d’extinction des espèces sauvages stupéfiant et fait face au défi imminent de la perte de biodiversité. Cet article propose aux décideurs politiques des pistes d’action pour relever ce défi, en examinant les instruments financiers permettant de transformer les plans de conservation en opportunités d’investissement attrayantes, tels que les échanges dette-nature, les obligations vertes et le paiement des services environnementaux.

Le taux d’extinction mondial actuel est à son plus haut niveau depuis 10 millions d’années. Chaque jour, 100 espèces disparaissent. Le premier coupable ? Le système alimentaire mondial, qui menace aujourd’hui 86 % des espèces.

La Terre abrite environ 8,7 millions d’espèces uniques. Chacune joue un rôle capital dans le maintien de l’équilibre de notre écosystème.

En 2023, le Forum économique mondial a classé la perte de biodiversité au quatrième rang des menaces mondiales les plus importantes des dix prochaines années. Cette perte ne met pas seulement en péril la santé de notre planète, elle comporte également des risques financiers,  commerciaux et de réputation importants. Elle exacerbe les inégalités sociales et économiques et incite les gouvernements et les entreprises à lutter davantage contre les atteintes faites à l’environnement.

Comment les investissements soutiennent-ils la biodiversité ?

Nous avons besoin des investissements financiers du secteur privé et des organisations publiques pour soutenir les actions qui « protègent, restaurent, améliorent l’utilisation et la gestion durables de la nature, ou permettent ces actions ». La finance dite verte peut soutenir la biodiversité de quatre manières différentes :

  1. Protection Activités qui maintiennent l’état actuel de la biodiversité et des écosystèmes.
  2. Restauration Actions qui contribuent au rétablissement ou à la préservation d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit.
  3. Utilisation et gestion durables de la nature Soutien à l’utilisation de la nature d’une manière et à un rythme qui n’entraînent pas de perte de biodiversité à long terme.
  4. Conditions favorables Politiques, modèles et instruments sectoriels, incitations, données et autres outils permettant les activités susmentionnées.

Il est clair que toutes les organisations doivent intégrer la biodiversité dans leurs portefeuilles d’investissement. Nous constatons déjà des évolutions positives dans ce domaine. Intensa Sanpaolo a été la première banque italienne à émettre une obligation verte en 2017, pour laquelle elle a développé des cadres spécifiques conformes aux principes de l’obligation verte, aux principes de l’obligation sociale et aux lignes directrices de l’obligation de durabilité de l’Association internationale des marchés de capitaux.

Par ailleurs, les institutions financières internationales, à l’instar du Fonds international de développement agricole (FIDA), intègrent également les questions de biodiversité dans leurs investissements. Le «Projet de développement rural durable à Bahia» (2014-2022) du FIDA au Brésil a amélioré la biodiversité locale des cultures agricoles en investissant dans un programme de semences créoles, qui sauve les semences créoles pour la production familiale, et qui a restauré plus de 1 000 hectares du précieux biome de la Caatinga.

En outre, la récente adoption du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal appelle explicitement les acteurs à utiliser des instruments financiers innovants pour aider à atteindre l’objectif de mobiliser 200 milliards de dollars par an pour la conservation de la nature à partir de sources publiques et privées d’ici à 2030.

Des outils financiers pour soutenir la biodiversité

Alors que les organisations reconnaissent de plus en plus l’urgence d’intégrer la biodiversité dans leurs stratégies d’investissement, divers outils financiers sont apparus comme des moyens efficaces de traiter cette question cruciale. Dans cette section, nous analysons une série de mécanismes financiers qui favorisent la conservation de la biodiversité et explorons la manière dont ils remodèlent le paysage de la finance environnementale.

Échanges dette-nature : Ces échanges ont connu un grand succès dans un certain nombre de pays, dont le Belize et l’Équateur. Les échanges dette-nature reposent sur l’achat, par une organisation internationale de protection de la nature et des organisations locales, de la dette extérieure d’un pays à un taux réduit et sur sa conversion en dette en monnaie locale. Le produit de cette transaction est ensuite utilisé pour financer des activités de conservation. Cette approche repose sur la volonté des banques commerciales ou des gouvernements d’acheter la dette à un prix inférieur à la valeur totale du prêt initial. De nombreux pays en développement, qui ne sont pas en mesure de rembourser l’intégralité de leur dette, trouvent cette approche intéressante.

Au Belize, un échange dette-nature de 553 millions de dollars destiné à protéger les récifs coralliens a permis de réduire la dette extérieure de ce pays des Caraïbes de 10 % de son PIB. L’Équateur a réalisé l’échange dette-nature le plus élevé, avec le rachat de 1,6 milliard de dollars d’obligations, soit une économie de 1,1 milliard de dollars sur le remboursement du service de la dette et 450 millions de dollars investis dans des activités de protection de la nature.

Un grand nombre des pays les plus vulnérables au changement climatique, dont l’accès aux prêts traditionnels est limité, peuvent renforcer leur résilience et accéder à des ressources fiscales grâce à l’échange dette-nature.

Source :  image adaptée du Dialogo Chino Blog

Obligations vertes : Il s’agit d’obligations standard, mais avec une caractéristique « verte »  en prime, qui se caractérisent par une tarification fixe – ce qui signifie que leur prix est le même que celui des obligations ordinaires. Les obligations vertes pour la biodiversité garantissent que le produit de la vente des obligations est investi dans des projets qui assurent la conservation de la biodiversité voire des bénéfices.

La plateforme pour les produits responsables au Brésil est un programme de financement, géré par une société de gestion de fonds établie et spécialisée, et soutenu par des obligations vertes. Elle offre des incitations financières aux agriculteurs brésiliens pour qu’ils produisent du soja sur des terres déjà défrichées et dégradées, et vise à décourager l’expansion des terres agricoles. Le programme offre également des lignes de crédit à faible taux d’intérêt aux agriculteurs brésiliens qui s’engagent à ne pas déboiser, l’objectif global étant de protéger ou de restaurer 1,5 million d’hectares d’habitat naturel.

Source:  image adaptée du Dialogo Chino Blog

Paiement pour services environnementaux : Ces paiements mobilisent et dirigent des fonds provenant de divers fonds publics, y compris les taxes sur les carburants et les redevances sur l’eau, vers les agriculteurs ou les propriétaires fonciers qui fournissent un service écologique, tel que la protection des bassins hydrographiques.

Certains pays ont intégré le paiement pour services écosystémiques dans leurs politiques nationales. C’est le cas du Costa Rica, qui utilise les taxes sur les carburants, les crédits carbone et des alliances stratégiques avec les secteurs public et privé pour mobiliser des capitaux en faveur de la conservation des forêts et des écosystèmes. Le FIDA, par exemple, a collaboré avec l’organisation à but non lucratif The Nature Conservancy sur le Upper-Tana Water Fund au Kenya. Ce fonds a acheminé les fonds provenant d’organisations publiques et privées dépendantes de l’eau pour payer les agriculteurs pour qu’ils gèrent leurs terres de manière durable et qu’ils restaurent les terres dégradées.

Crédits biodiversité : Les crédits biodiversité sont un nouveau mécanisme de financement innovant correspondant à des actifs résultant d’investissements dans la restauration, la conservation et le développement de la biodiversité. Ces crédits sont vendus aux entreprises qui cherchent à remplir leurs engagements ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Ils soutiennent les initiatives qui génèrent des gains nets de biodiversité, permettant aux entreprises d’entreprendre des actions positives pour la nature et de contribuer aux efforts de conservation et de restauration à long terme. Les crédits biodiversité aident les secteurs privé et public à mettre en place un système économique respectueux de la nature.

Possibilités de financement mixte

Le financement mixte peut inclure un mélange de garanties, de subventions, de prêts concessionnels, de prises de participation et d’assurances pour répondre à des défis d’investissement distincts. Cette approche permet de réduire le fossé entre les besoins des petits agriculteurs et les doutes des investisseurs quant à la manière de s’engager efficacement avec eux dans les zones rurales.

Le Maharashtra, en Inde, en est un exemple. Le FIDA s’est associé au gouvernement du Maharashtra et a eu recours au financement mixte pour permettre aux femmes d’un million de ménages de créer et de développer des entreprises compétitives.

Prioriser les communautés et la biodiversité dans les investissements à grande échelle

La plupart des investissements des institutions financières internationales comprennent des garanties obligatoires qui atténuent les risques liés à la biodiversité et à la pollution. Dans le cadre de ces mesures de sauvegarde, il est important de veiller à ce que les investissements favorables à la nature renforcent les droits des communautés sur les ressources et à ce qu’elles jouent un rôle actif dans la prise de décision. À ce stade, il est essentiel de s’engager auprès des communautés locales par le biais d’un consentement préalable, libre et éclairé.

À mesure que nous progressons dans un équilibre complexe entre développement économique et préservation de l’environnement, ces innovations financières seront des éléments cruciaux pour une coexistence harmonieuse entre la nature et l’humanité.

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Résilience socio-écologique : bénéfices pour la biodiversité et le bien-être humain https://globaldev.blog/fr/resilience-socio-ecologique-benefices-pour-la-biodiversite-et-le-bien-etre-humain/ Wed, 27 Mar 2024 07:54:42 +0000 https://globaldev.blog/?p=6731 La perte de biodiversité menace la santé et la prospérité de l’humanité. Cet article montre pourquoi nous devrions considérer les humains et la nature comme faisant partie d’un même système, et comment ce point de vue favorisera notre bien-être et améliorera l’inclusion sociale. La perte de biodiversité, le déclin de la santé des écosystèmes et

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La perte de biodiversité menace la santé et la prospérité de l’humanité. Cet article montre pourquoi nous devrions considérer les humains et la nature comme faisant partie d’un même système, et comment ce point de vue favorisera notre bien-être et améliorera l’inclusion sociale.

La perte de biodiversité, le déclin de la santé des écosystèmes et l’augmentation des effets néfastes du changement climatique ne surprennent aujourd’hui plus personne. Les conséquences de l’insécurité alimentaire, de la perte de revenus, des maladies et des migrations forcées sur le bien-être des personnes ne sont plus à démontrer.

Cependant, malgré toutes les preuves, les organisations gouvernementales se montrent encore cruellement lentes lorsqu’il s’agit d’adopter des décisions et de prendre des mesures financières et techniques pour remédier à ces problèmes.

Le cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal constitue toutefois une avancée bienvenue en matière de politique intergouvernementale. Adopté dans le contexte de la Convention sur la diversité biologique (CDB), ce cadre reconnaît la nécessité de motiver les personnes à tous les niveaux – des consommateurs et producteurs individuels aux entreprises et aux décideurs politiques – à œuvrer en faveur de sa vision d’un monde vivant en harmonie avec la nature d’ici à 2050.

Le cadre préconise une approche de l’ensemble de la société et de l’ensemble des gouvernements pour atteindre ses objectifs et ses cibles. Pour ce faire, toutes les parties de la CDB doivent harmoniser leurs politiques nationales dans ce sens.

L’adoption de cette approche implique des défis administratifs difficiles à relever et nécessitera beaucoup de minutie dans la réflexion, la conception et la mise en œuvre. Elle pourrait toutefois changer la donne, car elle nous oblige à considérer la société humaine et les écosystèmes comme un seul et même système socio-écologique. Certes, le concept n’est pas nouveau, mais il pourrait néanmoins être considéré comme une nouvelle approche en matière d’élaboration des politiques.

Que sont les systèmes socio-écologiques ?

Une approche de la prise de décision fondée sur les systèmes socio-écologiques tient compte de l’interdépendance entre les êtres humains et la nature. Elle permet une compréhension plus nuancée des facteurs et des actions qui affectent l’intégrité et le bien-être des écosystèmes et de nos sociétés. En outre, elle permet de montrer comment les choix et les décisions prises dans un secteur particulier affectent les autres dans différents contextes.

Par exemple, la monoculture (culture d’un seul type de produit sur une même parcelle) peut contribuer à la sécurité alimentaire. Mais elle est mauvaise pour la nature. Elle entraîne la perte de ressources biologiques, comme les plantes, les animaux et les minéraux, ainsi que de processus écologiques. Au bout du compte, les êtres humains se voient privés de certaines choses favorables pour leur santé et leur bien-être, par exemple de plantes médicinales ou de variétés résistantes au climat et aux parasites.

Par essence, les systèmes socio-écologiques reconnaissent qu’au sein d’un paysage terrestre ou marin, de multiples acteurs cherchent à tirer de multiples avantages de la diversité des contributions que celui-ci apporte à la société et à l’économie.

En fonction de l’acteur, ces avantages qui ne s’excluent pas mutuellement peuvent être :

  • Relationnels : c’est-à-dire lorsque les gens ont une relation avec différents aspects de la nature. Par exemple, avec un lieu sacré ou esthétiquement beau. La nature peut également avoir un rôle éducatif ou produire des variétés spéciales de cultures liées à des identités culturelles, par exemple. Les avantages relationnels influencent de fait les habitudes de production, de consommation et de gestion des populations dans différents contextes.
  • Instrumentaux : lorsque la nature fournit un bien, tel que de la nourriture, des médicaments ou des fibres, ou quelque chose qui aide à produire un bien.
  • Intrinsèque : la valeur de certaines ressources réside dans le fait qu’elles existent tout simplement.

La particularité de l’approche des systèmes socio-écologiques est qu’elle englobe la diversité des dimensions sociales et écologiques dans différents types de contextes socio-politiques, environnementaux et économiques. En outre, elle permet de faire des choix éclairés sur les compromis qui se présentent lors des interactions entre les êtres humains entre eux et entre les êtres humains et la nature. En d’autres termes, les questions d’équité et de durabilité au sens large sont intégrées dans la conception de ces approches systémiques.

Les approches systémiques socio-écologiques vont au-delà des approches nexus plus connues, qui examinent les interconnexions entre des secteurs liés, comme le nexus alimentation-énergie-eau, ainsi que des approches systémiques au sein d’un secteur (par exemple, les systèmes agroalimentaires ou les systèmes de santé). Les approches nexus et systémiques ne tiennent pas encore suffisamment compte de l’ensemble des activités et des valeurs inhérentes à un paysage terrestre ou marin.

Sur le terrain, la socio-écologie donne un plus grand sens de l’action à chaque groupe d’acteurs, y compris les populations marginalisées, telles que les peuples autochtones et les communautés locales, et d’autres, notamment les populations migrantes dans les villes. Elle leur permet de faire partie de la solution pour lutter contre la perte de biodiversité et les effets du changement climatique, et de contribuer à assurer la prospérité de la population humaine. Elle laisse également la place à d’autres modèles de planification et d’évaluation non traditionnels (par exemple la richesse inclusive, l’économie de la décroissance et l’économie de l’entraide) pour rendre compte de la croissance et de la prospérité d’une économie.

Qu’est-ce que la résilience socio-écologique ?

La résilience socio-écologique est « la capacité à s’adapter ou à se transformer face aux changements dans les systèmes socio-écologiques, en particulier les changements inattendus, de manière à continuer à assurer le bien-être de l’Homme [sic] ».

En d’autres termes, il s’agit d’un état de veille anticipative qui nous permet de faire face et de nous adapter aux diverses perturbations du système socio-écologique qui peuvent résulter de facteurs naturels, sociaux ou économiques.

Cet état de veille doit toutefois être activement cultivé et répondre à plusieurs impératifs, notamment :

  • Les besoins humains fondamentaux : par exemple, l’alimentation, la santé, le revenu et le logement.
  • Les besoins liés à la sécurité : par exemple, l’accès aux ressources naturelles, les droits et la capacité de prendre des décisions.
  • Les besoins d’appartenance : par exemple, le sentiment d’appartenance, l’identité, l’équité et la justice.
  • Les besoins d’estime de soi : par exemple, la confiance en soi nécessaire à la négociation et à l’éducation.

Tous ces éléments sont liés à la santé des écosystèmes et des ressources biologiques, ainsi qu’aux capacités, aux compétences et aux connaissances des personnes qui les utilisent. En outre, pour parvenir à la résilience socio-écologique, il faut que des groupes d’acteurs divers et nombreux collaborent à l’identification de solutions adaptées aux différents contextes.

L’alignement des activités humaines sur la promotion de la résilience nécessite des initiatives sur plusieurs fronts afin de garantir, entre autres, que :

  • Les différentes politiques sectorielles n’ont pas d’objectifs contradictoires.
  • La planification et la mise en œuvre suivent les principes de co-apprentissage, de co-conception, d’examen par les pairs et de soutien.
  • Le développement de partenariats inclusifs et la coopération entre les différents groupes d’acteurs sont activement recherchés et encouragés.
  • Le financement adéquat nécessaire aux points d’intervention est accessible et adapté à l’objectif visé.
  • Les agences (qu’elles soient dirigées par l’État ou par des organisations non étatiques) investissent dans des mesures de communication efficaces et dans des activités de développement des capacités réflexives qui permettent l’apprentissage par les pairs et l’apprentissage à travers différents types d’expertise.

Bien que cette liste de souhaits puisse sembler idéaliste, l’implication de tous et toutes est nécessaire pour atteindre l’objectif de vivre en harmonie avec la nature. De nombreux exemples à travers le monde montrent qu’une telle approche fonctionne (voir, entre autres, les exemples du partenariat international pour l’initiative Satoyama). Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté politique, à tous les niveaux de mise en œuvre, de faire de ce qui est faisable une possibilité concrète.

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Assainissement : l’accès mondial est essentiel, mais à quel prix pour les ménages ? https://globaldev.blog/fr/assainissement-lacces-mondial-est-essentiel-mais-a-quel-prix-pour-les-menages/ Wed, 13 Mar 2024 14:58:26 +0000 https://globaldev.blog/?p=6705 L’accès à l’assainissement est un droit humain fondamental. Pourtant, plus de 40 % de la population mondiale n’a pas les moyens d’accéder à un assainissement sûr. Cet article explore les options possibles pour financer l’assainissement autonome des ménages dans les pays du Sud et montre pourquoi les communautés sont si importantes dans la réussite des programmes

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L’accès à l’assainissement est un droit humain fondamental. Pourtant, plus de 40 % de la population mondiale n’a pas les moyens d’accéder à un assainissement sûr. Cet article explore les options possibles pour financer l’assainissement autonome des ménages dans les pays du Sud et montre pourquoi les communautés sont si importantes dans la réussite des programmes de financement.

Le sixième objectif de développement durable des Nations Unies (ODD6) prévoit un accès équitable à l’assainissement et à l’hygiène pour tous d’ici à 2030. Pourtant, en 2022, 3,5 milliards de personnes n’avaient pas accès à un assainissement sécurisé, ce qui confirme que le monde n’est pas du tout sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. Il faudrait que la communauté internationale accélère les efforts et travaille jusqu’à six fois plus vite pour y parvenir.

Il est donc urgent que les bailleurs de fonds, les agences gouvernementales et les organisations à but non lucratif ainsi que de la société civile ne se contentent pas d’intensifier les interventions actuelles, mais qu’ils et elles restent constamment à la recherche de solutions alternatives pour améliorer l’accès à l’assainissement.

L’un des principaux obstacles à l’accès à un assainissement de qualité est son coût élevé. Lorsque les ménages ne disposent pas d’une somme suffisante pour construire des toilettes complètes et salubres, ils se tournent souvent vers des solutions moins coûteuses, notamment des latrines moins sûres, partagées ou la défécation à l’air libre.

Les initiatives financières constituent donc une méthode populaire pour améliorer l’accès à l’assainissement et représentent une alternative à d’autres interventions courantes, telles que les programmes pour faire changer les comportements (par exemple, l’assainissement total piloté par la communauté, qui décourage la défécation à l’air libre) et le développement du marché (par exemple, les incitations fiscales pour encourager les entreprises à desservir les zones rurales).

Les initiatives financières en matière d’assainissement visent à rendre les installations sanitaires financièrement abordables ou à proposer des incitations pour encourager un assainissement plus sûr. En fait, de nombreuses études ont montré que les initiatives qui prévoient des investissements monétaires, des subventions ou des infrastructures d’assainissement tendent à améliorer la couverture, l’accès et l’utilisation des latrines par rapport aux initiatives d’assainissement total piloté par la communauté ou aux initiatives uniquement éducatives.

Subventionner l’assainissement

Dans les années 80, les premières approches de financement ont souvent entièrement subventionné la construction d’installations sanitaires à faible coût. Cependant, ces approches ont eu du mal à se pérenniser en raison du manque de financement pour l’entretien courant, des difficultés à identifier les ménages dans le besoin, de la force de la corruption, de l’incapacité à répondre aux préférences des usagers et du coût élevé de la mise à l’échelle d’une infrastructure entièrement subventionnée.

Étant donné les limites des subventions totales, de nombreuses initiatives subventionnent aujourd’hui partiellement les solutions d’assainissement, en utilisant une variété de moyens tels que l’argent liquide, les bons, les crédits d’impôts, ou la fourniture des installations elles-mêmes. Les subventions peuvent être accordées directement aux ménages ou aux collectivités locales, aux services publics, aux associations d’usagers ainsi qu’à d’autres membres de la société civile.

Parfois, les subventions sont accordées sous forme de remises ou sont basées sur les résultats, ce qui signifie qu’elles ne sont accordées que lorsque certains résultats sont atteints, comme l’utilisation active de latrines. Bien que les fonds soient généralement fournis par des organisations externes, il arrive que le produit des achats des ménages plus aisés soit utilisé pour subventionner les achats des ménages plus pauvres.

Les subventions ont permis d’accroître l’accès à l’assainissement. Par exemple, le projet WASH-SUP2 financé par Water for Women d’International Development Enterprises (iDE) et le projet GREEN de l’UE ont révélé que le fait d’offrir des subventions de 50 % aux ménages dans les zones rurales du Cambodge augmentait de 31 % la probabilité que le ménage achète des latrines.

La microfinance au service de l’assainissement

Outre les subventions, des organisations à but non lucratif ont récemment commencé à proposer des investissements privés aux ménages pour financer des installations sanitaires. Les ménages remboursent ensuite le prêt, ainsi que les intérêts, au prêteur. Cette approche s’inspire des programmes de microfinance, via lesquels les institutions de microfinance gèrent de petits prêts pour soutenir les activités entrepreneuriales.

Dans le contexte de l’assainissement, les programmes de microfinance se sont révélés efficaces. Au Cambodge, des chercheurs de l’iDE ont constaté que les ménages étaient quatre fois plus susceptibles d’acheter des latrines avec un microprêt qu’avec un paiement en espèces à la livraison. Toutefois, les recherches ont également montré que, bien que les ménages acceptent de contracter un prêt pour financer les installations sanitaires, beaucoup d’entre eux (en particulier les plus pauvres) n’ont pas accès au microfinancement.

Les prêts communautaires pour financer l’assainissement

Bien qu’il ait permis d’augmenter le nombre de latrines, le microfinancement de l’assainissement est limité par le fait qu’il dépend souvent d’un financement externe continu, qui peut être assorti de taux d’intérêt élevés et de périodes de remboursement courtes. Les techniques de développement menées par les communautés peuvent apporter une autre orientation au microfinancement de l’assainissement.

En 2019 et 2020, trois organisations communautaires philippines, soutenues par Outreach International (OI) et Outreach Philippines Inc, ont mis en œuvre des projets de prêts pour l’assainissement dirigés par les communautés. Avec des propositions de projet conçues et développées par la communauté, ils ont demandé des fonds à OI pour construire des unités d’assainissement pour 121 familles.

Au lieu de fournir aux familles tous les fonds dont elles avaient besoin, les organisations communautaires ont subventionné 60 % des coûts de construction, les participants au projet remboursant les 40 % restants à l’organisation sur une période de cinq ans à un taux d’intérêt de 3 %.

Les trois organisations communautaires ont depuis construit 118 latrines qui servent à plus de 722 personnes. En décembre 2023, les participants auront remboursé 344 024,00 pesos philippins (₱)(6 254,98 USD), soit 56 % de la somme de remboursement prévue.

Grâce à cette structure de financement, les organisations communautaires ont décidé de la manière de gérer les prêts et de structurer le remboursement. L’un des avantages de cette autonomie est que les organisations ont pu choisir de financer non seulement la construction de nouvelles latrines, mais aussi leur réparation et leur entretien. La flexibilité permet également aux organisations communautaires d’accorder des dégrèvements aux ménages en cas de circonstances atténuantes ; par exemple, la suspension des paiements pendant six mois en 2020, lors de la première vague de COVID-19. En outre, une des organisations a choisi de collecter les paiements une fois par an, tandis que les deux autres les collectent une fois par mois.

Outre la flexibilité de la structure du prêt, le microfinancement de l’assainissement par la communauté permet aux remboursements, ainsi qu’aux intérêts accumulés, de rester au sein du groupe communautaire pour être dépensés à d’autres fins. Jusqu’à présent, les organisations communautaires ont utilisé ce capital récupéré pour fournir de l’électricité à leur centre communautaire et mettre en place des programmes de microcrédit plus larges, entre autres projets. Fonctionnant sur des échéances plus courtes de 2 à 3 mois, ces prêts fournissent des sommes plus modestes de 1 000₱ à 2 500₱ (18,18 à 45,45 dollars américains). Les organisations communautaires ont soutenu environ 117 ménages dans les trois communautés et ont accumulé des intérêts d’une valeur de 84 907₱ (1 543,76 USD).

Implication des communautés

L’importance de l’implication des communautés dans le développement des programmes de financement est également illustrée par le programme Sustainable Sanitation and Hygiene for All (SSH4A). Depuis 2008, année où l’organisation de développement SNV a commencé à mettre en œuvre le programme, SSH4A a développé ses activités dans 135 districts de 18 pays d’Asie et d’Afrique. L’un des aspects du programme SSH4A concerne les mécanismes de financement. En Tanzanie, par exemple, SNV a mis en place un fonds renouvelable pour les entrepreneurs afin d’augmenter la production de latrines. Malgré le succès initial, les entrepreneurs ont choisi de ne plus recourir au fonds parce qu’ils craignaient de ne pas pouvoir rembourser les prêts. Cela montre comment la participation de la communauté peut aider à garantir que les préoccupations des usagers sont bien prises en compte.

Atteindre l’équité en matière d’assainissement d’ici 2030 nécessite un investissement mondial. Étant donné que l’accessibilité financière est le principal obstacle à un assainissement de qualité, les interventions visant à alléger la charge financière des ménages sont une composante importante des plans qui visent à atteindre cet objectif. Les interventions doivent favoriser un accès durable à l’assainissement, afin de pérenniser les progrès réalisés au fil du temps.

L’un des moyens de garantir la viabilité de nos objectifs en matière d’assainissement est d’investir dans des solutions véritablement menées par les communautés. Nous avons constaté les avantages des approches communautaires tant dans nos propres recherches aux Philippines que dans celles d’autres parties. Nous espérons donc que les solutions locales aux problèmes d’assainissement recevront désormais plus d’attention. L’intensification de ces solutions peut conduire à de meilleurs résultats que les solutions uniques.

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Les fonds souverains sont-ils pertinents sur le continent africain ? https://globaldev.blog/fr/les-fonds-souverains-sont-ils-pertinents-sur-le-continent-africain/ Wed, 06 Mar 2024 14:12:59 +0000 https://globaldev.blog/?p=6671 Les fonds souverains sont devenus un symbole de réussite nationale et un moyen d’exercer une influence mondiale, commerciale et géopolitique. Mais dans quelle mesure contribuent-ils aux objectifs de développement national ? Par ailleurs, la décarbonation mondiale menace l’avenir de nombreux fonds souverains financés par des combustibles fossiles. Nous présentons ici des éléments de recherche permettant d’évaluer

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Les fonds souverains sont devenus un symbole de réussite nationale et un moyen d’exercer une influence mondiale, commerciale et géopolitique. Mais dans quelle mesure contribuent-ils aux objectifs de développement national ? Par ailleurs, la décarbonation mondiale menace l’avenir de nombreux fonds souverains financés par des combustibles fossiles. Nous présentons ici des éléments de recherche permettant d’évaluer la situation des fonds souverains en Afrique et de déterminer comment maximiser leur impact.

Aujourd’hui, les fonds souverains sont au cœur d’un vaste débat politique et académique. Autrefois présentés comme un moyen efficace pour les gouvernements d’affecter au développement les recettes tirées des ressources naturelles, telles que le pétrole et le gaz, leur objectif est de plus en plus flou. C’est particulièrement le cas à notre époque, marquée par le changement climatique. Si plusieurs études ont déjà analysé leurs forces et leurs faiblesses, il existe étonnamment peu d’éléments concernant leur impact économique.

Les fonds souverains sont des réserves d’argent appartenant à un État et détenues par sa banque centrale. Les gouvernements investissent cet argent pour lever des fonds qui servent à financer les services publics, le développement économique et l’aide financière aux citoyens. Une grande partie de l’argent des fonds souverains provient des impôts, des redevances, des dividendes et des licences d’exploitation du pétrole et du gaz et, dans une moindre mesure, des licences d’exploitation minière.

Leur nombre a fortement augmenté depuis l’an 2000. Aujourd’hui, plus de 100 fonds souverains dans le monde détiennent collectivement 8 000 milliards de dollars d’actifs. Cependant, l’Afrique détient moins de 1 % du total mondial en termes de valeur des actifs. Par ailleurs, le capital détenu par les fonds souverains africains a diminué de deux tiers depuis la fin du boom des prix des matières premières dans les années 2000 et en réponse aux chocs ultérieurs, notamment la pandémie de COVID-19, alors que les gouvernements tentaient de limiter leurs dépenses.

Il y a donc des raisons de s’interroger sur leur impact sur le développement, ce que nous faisons ici.

Figure 1 : Évolution de la capitalisation totale des fonds souverains en Afrique

Source : illustration des auteurs basée sur des données compilées à partir de la base de données SWFI et de rapports financiers.

Les fonds souverains ont trois objectifs différents :

  • Stabilisation : Ils peuvent constituer une source d’argent pour les dépenses publiques en cas de baisse soudaine de l’économie, créant ainsi une plus grande prévisibilité des dépenses publiques au fil du temps.
  • Épargne intergénérationnelle : Ils assurent le transfert de la richesse entre les générations – l’argent collecté aujourd’hui peut être épargné pour les citoyens qui en auront besoin à l’avenir.
  • Développement national : Ils financent les infrastructures, les projets de développement et les entreprises nationales afin de soutenir la croissance économique.

La recommandation politique habituelle a été de limiter les fonds souverains à un mandat de stabilisation sans investir au niveau national. Toutefois, une étude suggère que pour contribuer au développement économique, les fonds souverains devraient cibler les investissements nationaux. Une autre propose qu’ils visent des objectifs de diversification des exportations en combinant des investissements nationaux et étrangers.

Alors, quelle est la meilleure utilisation des fonds souverains, en particulier dans le contexte du changement climatique ? Nous examinerons ensuite les données relatives au continent africain, en nous appuyant sur notre travail pour l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’Université des Nations Unies.

Figure 2 : Cartographie des objectifs des fonds souverains en Afrique

Source : élaboration des auteurs sur la base de sources nationales.

Les fonds souverains et la stabilisation

Les fonds de stabilisation sont souvent nécessaires, mais ils ont leurs limites et se font souvent au détriment d’autres objectifs de développement. En outre, la pandémie nous a appris que si les fonds souverains destinés à la stabilisation peuvent aider à surmonter la crise, il est très peu probable que de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire disposent d’un fonds d’une ampleur suffisante pour se protéger contre des chocs aussi importants que la pandémie.

Alors, comment renforcer la résilience non seulement pour les mauvais jours, mais aussi pour les pires périodes ? Les pays à faible revenu ont besoin d’un système monétaire international solide qui offre une assistance complète dans les moments difficiles. En l’absence d’un tel système, les pays ont souvent recours à l’auto-assurance en constituant leurs propres fonds de stabilisation budgétaire (souvent trop modestes). Très souvent, le remboursement de la dette nationale grâce à des recettes inattendues peut s’avérer plus judicieux (que la capitalisation des fonds souverains) pour améliorer la capacité d’emprunt en cas de besoin, en particulier lorsque les systèmes mondiaux de soutien financier font défaut.

Passer la richesse d’une génération à l’autre

Les citoyens peuvent vouloir épargner leur patrimoine en vue de s’assurer une vieillesse confortable, ou le transmettre aux générations futures afin de garantir leur sécurité financière. Néanmoins, il existe des arguments contre les fonds souverains intergénérationnels.

Tout d’abord, les citoyens dont les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits pourraient bien préférer que l’on dépense davantage aujourd’hui pour la nutrition des enfants, les soins de santé de base, l’éducation et les transferts d’argent au bénéfice de tous. Trop d’Africains n’atteignent jamais l’âge adulte, et encore moins la vieillesse. Le taux de mortalité infantile en Afrique est choquant : un enfant sur 13 en Afrique subsaharienne meurt avant son cinquième anniversaire. Sur les 20 pays ayant les taux de mortalité infantile les plus élevés au monde, 19 se trouvent en Afrique. En outre, alors qu’investir dans des actifs financiers permet de transférer la richesse d’une génération à l’autre, investir dans des actifs réels, tels que l’éducation ou les soins de santé, contribue au bien-être des générations actuelles et futures.

Les fonds souverains et le défi climatique

Le changement climatique menace la prospérité future des fonds souverains intergénérationnels. Tous les actifs financiers sont menacés si les températures mondiales dépassent de 1,5 degré Celsius les niveaux préindustriels, et les dommages accélèrent encore si les températures dépassent 2 degrés.

Le potentiel des fonds souverains en Afrique est encore plus pertinent dans le contexte de la crise climatique, qui devrait influencer la manière dont les gouvernements dépensent l’épargne publique. Le stress climatique met en péril la productivité agricole sur le continent, ce qui renforce les arguments en faveur de l’abandon des combustibles fossiles. Mais les efforts mondiaux de décarbonation pourraient également nuire aux économies africaines. Les combustibles à base de carbone représentent environ 40 % des exportations africaines, et des pays comme l’Algérie, l’Angola, le Tchad, le Nigeria et le Soudan en dépendent fortement (notamment pour financer leurs fonds souverains).

En effet, sur les 20 plus grands fonds souverains du monde, 12 ont pour origine l’épargne provenant des recettes pétrolières et gazières, dont la Libyan Investment Authority (LIA), le plus grand fonds souverain d’Afrique et le seul fonds souverain africain dans le top 20 mondial. Le deuxième fonds souverain d’Afrique est le fonds Pula du Botswana, alimenté par les revenus des diamants. Les économies basées sur le pétrole – l’Algérie, l’Angola, la Guinée équatoriale, le Ghana, le Nigeria et l’Ouganda – constituent la plupart des autres fonds souverains de la région.

La décarbonation mondiale met donc également en péril de nombreux fonds souverains africains. C’est pourquoi la lutte contre le changement climatique et le renforcement de la résilience des fonds souverains vont de pair. Selon une enquête récente, 60 % des fonds souverains estiment que la prise en compte du changement climatique améliorera leurs rendements à long terme.

Comparaison entre les fonds souverains et les fonds de développement spécialisés

Il est essentiel d’améliorer notre compréhension des différences entre les fonds souverains et les fonds souverains de développement (FSD) ou les banques nationales de développement pour favoriser une transformation des économies africaines qui soit résiliente au changement climatique.

Figure 3 : Avantages et inconvénients des différentes options de gestion des revenus des ressources

Source : élaboration des auteurs

Nos recherches suggèrent que les banques nationales de développement offrent un meilleur potentiel que les fonds souverains pour favoriser cette transformation à long terme. À condition toutefois que les banques disposent de mandats clairs, d’une gouvernance solide, d’un contrôle législatif et assurent – ce qui n’est pas le moins important – l’analyse, le suivi et l’évaluation efficaces des investissements.

Bien que la création de nouveaux fonds de développement ou la recapitalisation de fonds existants soit bénéfique, ces fonds ne peuvent se substituer aux investissements publics actuels. Des règles fiscales claires qui déterminent la manière dont les gouvernements investissent sont nécessaires.

Cependant, les gouvernements ont souvent du mal à appliquer une stratégie cohérente de dépense de l’épargne publique, même si des règles sont en place. Les fonds souverains qui ont été conçus comme des fonds intergénérationnels se transforment souvent de facto en fonds de stabilisation lorsque les gouvernements, soumis à de fortes pressions, doivent contrôler leurs dépenses.

Dans l’ensemble, les conseils politiques habituels en matière de fonds souverains pourraient ne pas convenir à l’Afrique, où les pays ont des besoins pressants en matière de diversification économique et de résilience climatique.

Pour repenser le rôle des fonds souverains, les pays africains auront besoin de financements beaucoup plus concessionnels (plus abordables) et de subventions provenant du système monétaire international pour faire face aux chocs économiques, tels que le changement climatique. Les recherches présentées ici indiquent que les institutions financières internationales et les institutions multilatérales doivent prendre des mesures plus audacieuses pour donner la priorité à un financement du développement qui permette d’assurer la prospérité future et la résilience au changement climatique.

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Appel à contributions : Conflit et développement https://globaldev.blog/fr/appel-a-contributions-conflit-et-developpement/ Thu, 29 Feb 2024 12:07:46 +0000 https://globaldev.blog/?p=6638 Dans le domaine du développement, les conflits laissent dans leur sillage des ravages non seulement sur le plan humanitaire, mais aussi sur celui du développement économique. Le contre-coup des guerres affectent les sociétés dans leur ensemble, exacerbant la pauvreté, creusant les inégalités et menaçant des aspects sociaux essentiels tels que la nutrition, les taux de

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Dans le domaine du développement, les conflits laissent dans leur sillage des ravages non seulement sur le plan humanitaire, mais aussi sur celui du développement économique. Le contre-coup des guerres affectent les sociétés dans leur ensemble, exacerbant la pauvreté, creusant les inégalités et menaçant des aspects sociaux essentiels tels que la nutrition, les taux de mortalité infantile, l’accès à l’eau potable et les possibilités d’éducation. Les conflits se répercutent également sur le paysage économique, compliquant encore davantage la poursuite des objectifs de développement. À titre d’exemple, outre les milliers de morts et les bombardements d’écoles, d’universités et d’hôpitaux à Gaza, des estimations récentes de la CNUCED suggèrent que l’économie gazaouie a connu un déclin important, aggravé par les représailles militaires après le 7 octobre. On note une contraction de 24 % du PIB et une baisse de 26,1 % du PIB par habitant sur l’ensemble de l’année. Dans un contexte de défis mondiaux brûlants, il est plus urgent que jamais de comprendre et de traiter la relation complexe entre les conflits et le développement.

GlobalDev s’est associé à l’Oxford Forum for International Development 2024 pour lancer une série spéciale sur les conflits et le développement. L’idée sera d’analyser la façon dont les conflits se manifestent actuellement, les mécanismes de reconstruction post-conflit et les rôles que jouent la politique, la diplomatie et les efforts humanitaires dans la promotion de la résilience et la reconstruction des communautés.

Nous vous invitons à vous appuyer sur vos recherches ainsi que sur celles auxquelles vous avez accès pour rédiger un article de blog sur le thème des conflits et du développement. Vos articles doivent compter environ 800 mots et se concentrer sur l’un des points clés suivants (la liste est indicative et non exhaustive) :

  • Approches du développement sensibles aux conflits
  • Efforts de consolidation de la paix et de réconciliation
  • Assistance humanitaire dans les zones de conflit
  • Reprise économique et développement dans les situations d’après-conflit
  • Dynamique des genres dans les conflits et le développement
  • Dégradation de l’environnement et conflits
  • Le rôle de la technologie dans la prévention et la résolution des conflits
  • Perspectives autochtones sur les conflits et le développement
  • Engagement et autonomisation des jeunes dans les zones touchées par les conflits

GlobalDev attend des contributions accessibles utilisant la recherche existante pour éclairer certains des défis politiques les plus urgents auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Nous ne diffuserons pas de résumés détaillés de publications de recherche ou de contenus hautement techniques, et nous n’acceptons que très rarement des contributions sous forme d’articles d’opinion. Nous vous demandons de discuter et de mettre en lien hypertexte autant de sources de recherche que nécessaire pour éclairer le défi politique autour duquel vous décidez d’articuler votre contribution.

Veuillez lire attentivement notre guide de style avant de rédiger votre article et soumettez-le via notre page « Écrivez pour nous ». Toutes les questions doivent être envoyées à editors.globaldevblog@gdn.int.

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Les nouveaux marchés du carbone peuvent-ils favoriser le financement de l’agriculture durable en Afrique ? https://globaldev.blog/fr/les-nouveaux-marches-du-carbone-peuvent-ils-favoriser-le-financement-de-lagriculture-durable-en-afrique/ Wed, 28 Feb 2024 16:27:25 +0000 https://globaldev.blog/?p=6624 Les nouveaux marchés du carbone réglementés par les Nations unies, qui remplacent le mécanisme de développement propre largement critiqué, apportent un espoir financier et pourraient offrir une plus grande durabilité de l’agriculture pour les pays partenaires émergents d’Afrique. Mais le succès de ces marchés dépend de la manière dont ils sont actuellement négociés et mis

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Les nouveaux marchés du carbone réglementés par les Nations unies, qui remplacent le mécanisme de développement propre largement critiqué, apportent un espoir financier et pourraient offrir une plus grande durabilité de l’agriculture pour les pays partenaires émergents d’Afrique. Mais le succès de ces marchés dépend de la manière dont ils sont actuellement négociés et mis en œuvre.

Le potentiel que représente l’échange de droits d’émission pour financer l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets est immense. Le marché mondial des crédits carbone devrait passer de 402,58 milliards de dollars en 2022 à près de 4 434 milliards de dollars en 2031, soit un taux de croissance annuel de 31 %.

Dans le même temps, la demande des pays du Sud pour financer uniquement l’atténuation, sans même parler de l’adaptation, est estimée à 6 000 milliards de dollars d’ici 2030. Pour combler ces écarts financiers, « il est essentiel de mobiliser et d’orienter plus efficacement les financements publics et privés vers des objectifs liés au climat », comme l’affirmaient des chercheurs et chercheuses dans un article datant de 2021.  

Par le passé, on a négligé les pays du Sud et refusé de les voir comme des partenaires égaux dans les initiatives de financement de la lutte contre le changement climatique, les considérant plutôt comme des sites permettant de compenser les émissions des entreprises du Nord. Mais depuis 2015, les marchés du carbone sont entrés dans un processus de transformation en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris des Nations unies. Un processus qui, on peut le penser, place les pays du Sud sur un pied d’égalité avec les pays du Nord pour ce qui est de capter les gains de la finance climatique provenant de ces marchés.

Comme l’a souligné le Groupe africain de négociateurs, ces nouveaux marchés du carbone comportent toutefois des risques pour les pays autrefois négligés : « Pour être inclusifs, les avantages de l’article 6 de l’Accord de Paris doivent pouvoir profiter à toutes les Parties, en particulier celles dont les émissions historiques de GES [gaz à effet de serre] sont faibles. Ce sont ces pays qui ont le plus besoin d’investir dans le développement durable tout en étant très vulnérables aux effets néfastes du changement climatique résultant des émissions de GES qui ont favorisé la prospérité ailleurs ».

Marchés du carbone et agriculture africaine

Les débats sur le financement de l’atténuation et l’adaptation par les marchés du carbone sont extrêmement pertinents pour les pays agricoles d’Afrique. La distribution asymétrique des émissions historiques et les coûts à venir de la crise climatique sont particulièrement évidents dans les pays qui dépendent fortement de la production alimentaire pour leur sécurité alimentaire nationale, leurs moyens de subsistance et leurs recettes d’exportation.

C’est pourquoi la transformation durable des systèmes alimentaires est une priorité essentielle pour de nombreux pays africains. Par exemple, étant donné que l’agriculture contribue à hauteur de 35 % au PIB de l’Afrique et qu’elle emploie officiellement plus de la moitié de sa population, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) prévoit d’encourager massivement la transformation durable des systèmes alimentaires.

L’agriculture est également l’un des principaux facteurs du changement climatique, puisqu’elle représente environ 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les possibilités d’atténuation du changement climatique dans ce secteur suscitent donc de plus en plus d’attention, tout comme la nécessité d’adapter les systèmes agricoles aux nouvelles conditions climatiques et à l’augmentation de la population mondiale.

Nouveaux marchés du carbone au titre de l’article 6 selon la réglementation de l’ONU

L’idée de mobiliser des capitaux mondiaux en faveur de l’action climatique par l’intermédiaire des marchés du carbone remonte au protocole de Kyoto de 1997. Depuis, une vaste industrie de la compensation a vu le jour.

Le mécanisme de développement propre (MDP), le système de compensation des émissions de carbone mis en place par le protocole de Kyoto, a été très contesté en raison de ses effets limités sur la réduction réelle des émissions. Il a en outre provoqué des destructions socio-environnementales, la dépossession et l’exclusion des populations locales dans les pays d’accueil, et créé des dépendances externes à l’égard des investissements des grandes entreprises du Nord, ce qu’on a pu qualifier de « colonialisme du carbone ».

Pour répondre à ces critiques, la nouvelle réglementation du marché du carbone, résumée à l’article 6 de l’Accord de Paris, promet une plus grande responsabilité, une participation équitable des pays en développement et une forte orientation sur les résultats en matière de durabilité.

L’article 6 définit un cadre pour la coopération volontaire entre les nations désireuses d’atteindre leurs objectifs en matière de climat. L’un des aspects clés de cet article est la possibilité pour les pays de transférer les crédits carbone obtenus grâce à la réduction de leurs émissions. Un pays reçoit des crédits, appelés résultats d’atténuation transférés au niveau international (RATNI), en échange de la réduction des émissions d’un autre pays grâce à des projets de développement durable. Les RATNI sont pris en compte dans la contribution déterminée au niveau national (CDN) du pays qui en achète grâce à la mise en œuvre du projet dans le pays d’accueil (figure 1).

Il est toutefois important de noter que les Nations unies ont conçu un outil de durabilité pour éviter que ces activités de compensation ne causent des dommages sociaux et environnementaux et pour obtenir des résultats positifs même au-delà des seuls RATNI.

Figure 1 : Transfert des RATNI : La Suisse achète des crédits carbone au Ghana par la mise en œuvre d’un projet de riziculture durable afin de contribuer à la CDN du Ghana par des réductions réelles, en y ajoutant les émissions de la Suisse afin d’éviter un double comptage des réductions d’émissions.

Figure 2 : Nombre de projets par type

La riziculture durable au Ghana met en œuvre l’article 6

La production de RATNI destinés à être échangés sur les marchés mondiaux du carbone est liée à divers secteurs, généralement associés à la production et à la distribution d’énergie verte et à l’efficacité énergétique (voir figure).

Selon la CCNUCC, sur les 137 projets pilotes prévus au titre de l’article 6, 77 % sont menés en collaboration avec des pays asiatiques, 13 % avec des pays africains et 6 % avec des pays d’Amérique. Le premier projet pilote au titre de l’article 6 est un projet de riziculture durable au Ghana, signé entre la Suisse et le gouvernement ghanéen en 2022. Ce projet devrait couvrir près de 80 % de la production de riz du Ghana et permettre d’économiser environ 1 million de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone d’ici à 2030 grâce à la formation des petits exploitants à des techniques agricoles qui réduisent leur empreinte carbone, leur consommation d’eau et leurs émissions de méthane.  

L’accord permet aux acteurs publics et privés ghanéens de collaborer à des mesures d’atténuation et d’échanger des crédits carbone avec la Suisse contre paiement, tout en maintenant les avantages du développement au Ghana (figure 1). Il vise également à garantir que les entreprises vertes émergentes ne causent pas de dommages à l’environnement et respectent les droits de l’homme, mettant ainsi en œuvre une approche holistique du développement durable et de l’industrialisation sensible au climat. Cette approche coopérative est essentielle pour débloquer des ressources financières capables de soutenir des initiatives climatiques, telles que l’adoption de pratiques respectueuses du climat dans les rizières irriguées.

Les voies à suivre et les défis politiques

À ce jour, l’article 6 est censé mobiliser des capitaux pour financer des voies de développement régional durable, en fonction des processus de négociation en cours et des rapports de force qui déterminent les règles du jeu de leur mise en œuvre.

La question de savoir si les nouveaux marchés du carbone amélioreront le financement de la transition écologique dans l’agriculture africaine est extrêmement complexe, compte tenu des différentes strates de gouvernance, de la multiplicité des acteurs impliqués et de la technicité de la question. Ceci est particulièrement pertinent pour les économies régionales qui dépendent des petits exploitants agricoles et des réseaux de fournisseurs locaux, étant donné que le MDP a négligé l’opportunité de développer un secteur agricole durable incluant les acteurs locaux.

Pour garantir une participation africaine forte et inclusive lors de la mise en œuvre de l’article 6, les approches coopératives doivent s’adapter aux besoins et aux atouts locaux. Avec un fort engagement régional et local, il est possible d’améliorer la capacité à mettre en œuvre les objectifs de développement durable des pays africains et les décisions d’investissement qui réduisent les lacunes en matière d’exploitation. À cet égard, la collaboration panafricaine peut créer des structures à long terme qui atténueront les déséquilibres de pouvoir à l’échelle mondiale et amélioreront la capacité institutionnelle à faire en sorte que les marchés du carbone soutiennent un développement durable inclusif, en particulier dans les industries de base telles que l’agriculture.

Les bénéfices générés par les nouveaux marchés du carbone dépendront donc des connaissances en matière de mise en œuvre, des capacités locales et du pouvoir de négociation des parties hôtes. Au cours des prochaines décennies, il conviendra de surveiller attentivement la manière dont ces nouvelles collaborations se concrétiseront, notamment en termes de résultats durables, de participation locale et d’équité entre les États.

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Les prêts irresponsables empêchent les pays du Sud de sortir du piège dette-climat https://globaldev.blog/fr/les-prets-irresponsables-empechent-les-pays-du-sud-de-sortir-du-piege-dette-climat/ Wed, 21 Feb 2024 14:14:10 +0000 https://globaldev.blog/?p=6578 La plupart des financements climat destinés aux pays du Sud se présentent sous la forme de prêts assortis d’intérêts élevés. Ces prêts, qui ne sont pas des subventions, augmentent le niveau d’endettement et rendent la lutte contre le changement climatique encore plus difficile pour ces pays. Ce billet décrit l’impact des prêts sur le financement

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La plupart des financements climat destinés aux pays du Sud se présentent sous la forme de prêts assortis d’intérêts élevés. Ces prêts, qui ne sont pas des subventions, augmentent le niveau d’endettement et rendent la lutte contre le changement climatique encore plus difficile pour ces pays. Ce billet décrit l’impact des prêts sur le financement du climat et explique pourquoi les aides sous forme de subventions sont essentielles pour que les pays du Sud puissent mettre en œuvre des mesures de lutte contre le changement climatique plus efficaces.

Quel est le rapport entre les prêts et le financement climatique ?

La majeure partie du financement climatique octroyé par les pays du Nord aux pays du Sud se fait sous forme de prêts. Les chiffres de l’OCDE montrent qu’en 2021, 49,6 milliards de dollars (68 %) du financement public de la lutte contre le changement climatique provenant des pays du Nord ont été accordés sous forme de prêts. À l’inverse, la valeur des subventions ne s’élevait qu’à 20,2 milliards de dollars américains (28 %). Ces chiffres s’inscrivent dans une tendance à long terme, où les prêts ont représenté plus de 70 % des financements publics pour le climat entre 2016 et 2021.

Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, ces prêts augmentent encore davantage le coût de la lutte contre le changement climatique. Un rapport commandé par ONU Environnement a montré que la vulnérabilité d’un pays face aux risques climatiques augmente le coût du remboursement de la dette, jusqu’à 62 milliards de dollars de paiements d’intérêts supplémentaires (secteur public et privé) entre 2007 et 2016.

Ce « prélèvement » supplémentaire sur la vulnérabilité climatique par les créanciers publics et privés, ainsi que la prévalence des prêts dans le financement climatique, réduisent la capacité des pays du Sud à mettre en œuvre des mesures climatiques solides qui renforcent leur résilience au changement climatique et aux chocs économiques. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’objectif mondial actuel de financement du climat, fixé à 100 milliards de dollars, n’a jamais été atteint.

Qui plus est, les pays doivent rembourser ces prêts dans une période où le surendettement s’accentue et où les inégalités se creusent. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 59 pays du Sud étaient confrontés à des niveaux élevés d’endettement en 2022 et, selon Debt Service Watch, les dépenses des pays du Sud pour le service de la dette intérieure et extérieure en 2023 étaient plus de 12 fois supérieures à ce qu’ils ont dépensé pour l’adaptation climatique.

De fait, en 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a reconnu que le recours systématique à la dette publique et aux emprunts extérieurs pour faire face aux catastrophes risquait d’accroître le service de la dette, de freiner la croissance et de réduire les capacités d’investissement dans des mesures de résilience à long terme. Elle a souligné le rôle de l’allègement de la dette, y compris son annulation, dans la prévention des crises.

L’ombre des prêts multilatéraux sur le financement climatique

Le financement climatique par la dette n’est pas un phénomène limité aux flux financiers bilatéraux entre les pays. Entre 2016 et 2020, seuls 23 % des financements climat des banques multilatérales de développement (BMD) (à l’exclusion des fonds multilatéraux pour le climat) étaient concessionnels (plus abordables car à des taux inférieurs à ceux du marché).

Les BMD déterminent quels pays sont éligibles au financement climatique concessionnel en utilisant les critères de l’OCDE pour le financement du développement lié au climat. Mais les critères actuels empêchent les pays du Sud d’accéder à la fois au financement du développement lié au climat et au financement des BMD.

De nombreux pays du Sud ont proposé des indicateurs de vulnérabilité multidimensionnelle (IVM), qui définissent l’accès au financement concessionnel en fonction des besoins et des vulnérabilités. Les pays vulnérables ont également lancé de nombreux appels pour que le financement soit fourni sous forme de subventions. En attendant, pour que tous les pays aient accès au financement climatique, les objectifs de la CCNUCC en matière de financement climatique doivent être atteints dans leur intégralité.

Les conséquences des prêts paralysants

Malgré les conséquences économiques et sociales d’un lourd endettement, les pays qui subissent les effets du climat n’ont souvent d’autre recours que d’accepter des prêts. Par exemple, le coût total des inondations historiques qui ont frappé le Pakistan en 2022 est estimé à 46,4 milliards de dollars. Malheureusement, le manque de possibilités de subventions a conduit le pays à s’endetter davantage. Lors d’une conférence d’appel au financement au début de l’année 2023, on a appris que 90 % des fonds accordés au Pakistan prenaient la forme de prêts étalés sur une période de trois ans. Ces prêts font peser sur le pays une dette de 8,7 milliards, quand ce dont le Pakistan avait réellement besoin, c’était des subventions.

Une analyse du Fonds monétaire international (FMI) portant sur 11 « catastrophes naturelles » entre 1992 et 2016 montre que lorsque les catastrophes ont endommagé leur produit intérieur brut (PIB) de plus de 20 %, les niveaux d’endettement ont augmenté dans les pays du Sud. Elle montre en particulier que la dette publique est passée d’une moyenne de 68 % du PIB l’année de la catastrophe climatique à 75 % du PIB trois ans plus tard. Cette analyse confirme la nécessité de donner la priorité aux subventions plutôt qu’aux prêts.

Alors que le changement climatique continue de s’intensifier, en même temps que s’accroissent les vulnérabilités financières et s’affaiblissent les capacités de réponse nationales, les bailleurs de fonds dans le domaine du climat doivent commencer à évaluer avec précision l’adéquation des prêts en tant qu’instruments de financement de la lutte contre le changement climatique.

La CNUCED a élaboré un ensemble de principes non contraignants pour encourager les prêts et emprunts souverains responsables. Dans le contexte où les prêts pour le financement du climat sont excessifs et où les subventions et les financements confessionnels sont rares, il serait essentiel de mettre à jour ces principes et de convenir de règles contraignantes en matière de prêts et d’emprunts responsables applicables aux flux financiers publics et privés pour le développement et le financement du climat.

À tout le moins, les contributeurs au financement climatique (bilatéraux, multilatéraux, privés et intermédiaires financiers) doivent veiller à ce que les conditions de prêt soient équitables, transparentes et conçues de manière participative. L’absence de contrôle parlementaire et public augmente les risques d’emprunts et de prêts irresponsables. Les pays risquent notamment d’accumuler des dettes trop coûteuses ou assorties de clauses coercitives, telles que les prêts garantis sur les ressources, où les prêts sont accordés en échange de ressources naturelles futures. Il en résulte des niveaux d’endettement insoutenables.

La prédominance des prêts dans le financement de la lutte contre le changement climatique renforce l’endettement dans les pays du Sud, confrontés à des taux d’endettement record. De nombreuses organisations de la société civile soulignent la nécessité de verser les fonds destinés à la lutte contre le changement climatique sous la forme de subventions. Il est essentiel que les pays du Sud aient accès à une solution équitable pour pouvoir régler leur dette ainsi qu’à des subventions leur permettant de mettre en œuvre des mesures climatiques efficaces.

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Préserver la biodiversité : le commerce et la finance au service d’un développement respectueux de la nature https://globaldev.blog/fr/preserver-la-biodiversite-le-commerce-et-la-finance-au-service-dun-developpement-respectueux-de-la-nature/ Wed, 14 Feb 2024 12:37:26 +0000 https://globaldev.blog/?p=6554 Les entreprises et les institutions financières sont confrontées à de graves risques en raison de la perte de biodiversité : non seulement elles dépendent des ressources naturelles, mais elles sont également considérées comme responsables de dommages considérables causés à l’environnement. La Conférence mondiale sur le développement 2023 a examiné les implications de la perte de biodiversité

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Les entreprises et les institutions financières sont confrontées à de graves risques en raison de la perte de biodiversité : non seulement elles dépendent des ressources naturelles, mais elles sont également considérées comme responsables de dommages considérables causés à l’environnement. La Conférence mondiale sur le développement 2023 a examiné les implications de la perte de biodiversité pour le secteur privé, soulignant le besoin critique d’une orientation vers un développement « positif pour la nature ».

Que peut-on faire pour résoudre la crise mondiale de la biodiversité et apporter des solutions « positives pour la nature » pour un développement durable ? Tel était le thème central de la conférence 2023 du Global Development Network (GDN). Des chercheuses et chercheurs, des responsables politiques et des praticien(ne)s du monde entier se sont réunis à Quito, en Équateur, pour discuter de cette problématique et des solutions possibles.

Plaider en faveur d’une action radicale pour remédier aux pertes potentiellement dévastatrices de la flore et de la faune pourrait reposer sur un argument moral concernant le respect des espèces et des relations complexes qui les unissent. Après tout, nous faisons tous et toutes partie de cet écosystème mondial. Mais il pourrait également s’agir d’un intérêt personnel. La nature fournit de nombreux services écologiques essentiels, notamment de la nourriture, des médicaments et de l’eau propre, sans lesquels l’humanité serait en grande difficulté.

Ce dernier argument devrait certainement convenir aux organisations du secteur privé, qui doivent de plus en plus tenir compte à la fois de leur impact sur le monde naturel et de leur dépendance à l’égard de ses ressources sous la forme de matières premières et d’autres intrants pour les processus de production. Les risques importants pour les affaires, associés à la perte de biodiversité sont une question cruciale pour les entreprises et les investisseurs.

En outre, de nouvelles données montrent que le « risque pour la biodiversité » n’affecte pas uniquement les prix des actifs financiers émis par le secteur privé, tels que les actions. Les recherches suggèrent qu’il nuit également aux notations de crédit souveraines dans les endroits où « l’effondrement partiel des écosystèmes » a nui à la pêche, à la production de bois tropicaux et à la pollinisation des espèces sauvages. Les marchés financiers n’ignorent plus la nature.

Alimentation et agriculture

Le secteur de l’alimentation et l’agriculture a un impact particulièrement important sur la nature. Comme le souligne la Banque mondiale, « c’est le fondement de la sécurité alimentaire, mais il est extrêmement vulnérable au changement climatique et contribue largement aux émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’à la perte d’habitats et de biodiversité ». La gestion des compromis entre la conservation écologique et la garantie d’une alimentation suffisante pour tous et toutes est l’un des grands défis à relever pour un développement respectueux de la nature.

La conférence du GDN a donné lieu à une séance plénière sur l’équilibre entre les objectifs de production et de conservation, au cours de laquelle Jyotsna Puri, du Fonds international de développement agricole, a déclaré : « Nous produisons déjà assez de nourriture pour dix milliards de personnes et l’industrie alimentaire contribue à un tiers des émissions de carbone. Nous devons repenser le système de production alimentaire afin de traiter la nature à sa juste valeur. » Elena Lazos Chavero, de l’Universidad Nacional Autónoma de Mexico, a ajouté : « Ce que nous devons introduire dans le débat sur l’agriculture durable, la sécurité alimentaire et la biodiversité, c’est la justice alimentaire et l’équité sociale. »

Mais les grandes entreprises alimentaires (ou Big Food) en font-elles assez pour la durabilité ? Non, si l’on en croit la dernière étude comparative sur l’alimentation et l’agriculture de la World Benchmarking Alliance, qui classe les 350 entreprises les plus influentes du secteur en fonction de leur impact sur l’environnement, la nutrition et la société. D’après les données, la grande majorité des entreprises manquent à leur devoir de protéger la Terre et de nourrir la population mondiale de manière équitable.

Commerce

Le commerce international est un autre domaine clé pour les compromis. Le commerce peut exacerber la dégradation de la biodiversité, mais il a également la capacité de soutenir sa conservation, son utilisation durable et sa restauration. Dans un atelier sur un commerce positif pour la nature et le développement durable, Marianne Kettunen, de TRADE Hub, a déclaré que la coopération internationale et l’alignement des politiques commerciales sur les réglementations environnementales, la suppression des subventions nuisibles et la promotion de pratiques durables peuvent contribuer à résoudre la crise de la biodiversité.

Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement remarque que le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (GBF), adopté en décembre 2022, fournit un nouveau point de référence en matière de pertinence de politique commerciale pour l’agenda de la biodiversité. L’attention croissante portée à l’environnement et au développement durable au sein de l’Organisation mondiale du commerce offre également l’occasion de discuter de la manière dont les politiques commerciales pourraient soutenir la mise en œuvre de l’agenda – et l’aligner sur l’Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable et ses Objectifs de développement durable – le commerce durable étant partie intégrante de la solution.

Finance

Qu’en est-il des interactions entre la nature et le système financier ? Comme le changement climatique ces dernières années, la perte de biodiversité est de plus en plus reconnue comme une source de risque financier susceptible de menacer la stabilité financière. Elle relève donc du mandat des banques centrales et des autorités de surveillance financière. Un rapport du Network for Greening the Financial System conseille à ces autorités publiques de commencer à évaluer le degré d’exposition des systèmes financiers à ce risque, en développant des analyses de scénarios et des tests de résistance en rapport avec la biodiversité, ainsi que des tableaux de bord de mesures de la biodiversité.

Le rapport appelle également à la mise en place de « l’architecture financière nécessaire pour mobiliser les investissements en faveur d’une économie respectueuse de la biodiversité ». Ce défi a été largement discuté lors de la conférence, notamment en référence au « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial » convoqué à Paris par le président Macron en juin 2023. Son objectif était de « poser les bases d’un système financier international renouvelé, créant les conditions d’un choc de financement pour qu’aucun pays n’ait à choisir entre la réduction de la pauvreté, la lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de la biodiversité ».

La création de nouvelles catégories d’actifs positifs pour la nature constitue un élément clé du programme de financement. Ces questions ont été abordées lors d’une conférence plénière sur le financement de la conservation de la biodiversité. Camilo Santa, de la Banque interaméricaine de développement (BID), a cité un certain nombre d’exemples, dont l’échange « dette-nature » de l’Équateur, qui consiste à vendre des « obligations bleues » qui serviront à financer la conservation des îles Galápagos, l’un des écosystèmes les plus précieux au monde. Ce cas équatorien pourrait servir de modèle à d’autres pays très endettés mais riches en nature. La BID a également aidé des pays comme la Colombie et le Costa Rica à élaborer des stratégies de redressement post-pandémie fondées sur le capital naturel.

La voie à suivre

L’objectif ultime de tous ces projets et programmes relatifs à la biodiversité et au développement durable est de soutenir une réorientation des flux financiers mondiaux vers des résultats positifs pour la nature plutôt que vers des résultats négatifs comme actuellement. Comme l’ont largement reconnu les participants à la conférence du GDN, cela supposera une combinaison d’initiatives des secteurs public et privé, ainsi que diverses mesures de type bâtons et carottes pour encourager les changements nécessaires des comportements humains individuels et collectifs.

Nous pouvons tirer de nombreux enseignements de notre réponse à la menace du changement climatique. Par exemple, la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat), qui a galvanisé l’information des entreprises sur les risques climatiques, a inspiré la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures  (TNFD ou groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature). Cette dernière se décrit comme « une initiative dirigée par le marché, fondée sur la science et soutenue par le gouvernement, qui fournit aux organisations les outils nécessaires pour agir sur les questions liées à la nature en constante évolution ». La TNFD a publié des directives détaillées à l’intention des entreprises et des milieux financiers sur la manière d’intégrer la nature dans les prises de décisions.

Les gouvernements commencent également à tirer les leçons de la réponse au changement climatique en finançant la conservation de la nature, par exemple dans le cadre du programme national de croissance verte du Brésil et du Green Deal européen. La proposition de loi de l’Union européenne (UE) sur la restauration de la nature représente davantage un « bâton » qu’une « carotte ». À l’instar de la législation européenne précédente visant à lutter contre le changement climatique, cette loi établirait des objectifs juridiquement contraignants pour les écosystèmes forestiers, marins, urbains et agricoles.

De telles initiatives constituent en fait une pression auto-imposée sur les gouvernements pour les inciter à atteindre les objectifs de conservation – et ceux-ci exerceront à leur tour une pression sur le secteur privé et la société dans son ensemble.

En fin de compte, la protection de la biodiversité peut être justifiée par les avantages économiques, sociaux et sanitaires qu’apporte la nature. Un développement positif pour la nature est bon pour les gens et pour la planète.

La photographie accompagnant l’article et intitulée « Before the sun sets » a été prise par Santiago Sainz-Trápaga. Elle a remporté la troisième place dans la section sur la préservation de la biodiversité du concours photo organisé par le GDN en collaboration avec le WWF Équateur lors de la conférence 2023 du GDN sur la biodiversité et le développement.

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Appel à contributions : les méthodes actuelles de financement de la recherche peuvent-elles faire la différence ? https://globaldev.blog/fr/les-methodes-actuelles-de-financement-de-la-recherche-peuvent-elles-faire-la-difference/ Mon, 12 Feb 2024 18:17:30 +0000 https://globaldev.blog/?p=6533 Les pratiques actuelles de financement de la recherche sont-elles adaptées à l’objectif visé ? Pour les bailleurs et bailleuses de fonds qui financent la recherche et s’intéressent au développement international, ces dernières années ont été riches en discussions intéressantes sur la manière dont le financement pourrait ou devrait changer. Ce qui est capital ici, c’est l’idée

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Les pratiques actuelles de financement de la recherche sont-elles adaptées à l’objectif visé ?

Pour les bailleurs et bailleuses de fonds qui financent la recherche et s’intéressent au développement international, ces dernières années ont été riches en discussions intéressantes sur la manière dont le financement pourrait ou devrait changer. Ce qui est capital ici, c’est l’idée que changer le fonctionnement de ce système pourrait avoir des conséquences sur l’équité, sur les opportunités et, même, sur l’impact de la recherche. En d’autres termes, beaucoup de ces discussions soutiennent que le financement de la recherche pourrait fonctionner bien plus efficacement pour répondre aux besoins du développement. Pour contribuer au débat, GlobalDev s’est associé au UK Collaborative on Development Research (UKCDR). Nous voudrions mettre en avant les connaissances essentielles produites par les chercheurs/euses et les bailleurs/euses de fonds au sujet des approches de financement au cours de ces dernières années. Nous prévoyons de partager les données existantes ainsi que des opinions éclairées sur ce sujet de niche, afin de clarifier davantage les pratiques des donateurs de toutes sortes (internationaux, nationaux, privés et publics). Nous sommes intéressé(e)s par les contributions des bailleurs/euses de fonds et des chercheurs/euses. Si vous souhaitez poser des questions supplémentaires (ou des réponses), n’hésitez pas à nous écrire. 

Les approches en matière de financement de la recherche sont sujettes à controverse à bien des égards. Tout d’abord, les bailleurs/euses de fonds de la recherche se soucient de plus en plus de l’impact de la recherche sur les politiques et les pratiques de développement. Cependant, l’impact est lui-même un sujet de recherche, sans qu’il y ait de critère clair sur la manière de l’utiliser dans les décisions de financement de la recherche (qui, par définition, interviennent avant qu’un impact soit même prévisible). Comment la priorité accordée à l’impact affecte-t-elle le paysage du financement de la recherche ? 

Un autre sujet de débat est de savoir dans quelle mesure les bailleurs/euses de fonds doivent coller aux réalités que leur financement vise à éclairer, et à quel point ils doivent faire preuve de souplesse pour tenir compte de l’évolution de la situation sur le terrain. Est-il possible de trouver un équilibre entre l’ambition, la portée et une bonne connaissance des systèmes locaux ? Comment l’impératif de proximité avec le contexte du développement est-il susceptible d’affecter le paysage du financement de la recherche ?

La question de savoir à qui profite réellement le financement de la recherche sur le développement continue également de faire l’objet de nombreux débats. Les grand(e)s bailleurs/euses de fonds de la recherche du Nord posent souvent comme condition que le financement soit géré par leurs propres institutions nationales, et la « recherche hélicoptère » reste courante. Le plus souvent, les chercheurs et chercheuses des pays à faibles et moyens revenus (quelles que soient leurs qualifications et leurs capacités) restent cantonné(e)s aux rôles subsidiaires de « partenaires locaux » ou ciblé(e)s par les budgets de « renforcement des capacités ». Existe-t-il un « nationalisme » dans le développement des pratiques de financement de la recherche et comment cela affecte-t-il la recherche ?

Enfin, une grande partie de la recherche financée par les donateurs internationaux se retrouve toujours derrière des murs payants, les chercheurs/euses des pays dits développés1 pouvant y accéder beaucoup plus facilement que n’importe qui d’autre. La pression croissante en faveur de la mise en place de politiques de libre accès peut-elle contribuer à lutter contre les inégalités systémiques dans le domaine de la recherche pour le développement ? 

Nous avons décrit ici quelques-unes des difficultés et des controverses que soulèvent les méthodes de financement de la recherche. En s’appuyant sur leur propre expérience, nous invitons les chercheurs/euses et les bailleurs/euses de fonds de la recherche à rédiger un article de blog sur l’impact des approches de financement sur la recherche. Les billets doivent compter environ 800 mots et se concentrer sur l’un des points clés suivants (la liste est indicative et non exhaustive) :

1. Comment, le cas échéant, l’accent mis sur l’impact de la recherche influe-t-il sur les recherches financées ?

2. Dans quelle mesure les chercheurs/euses des pays dits en développement2 participent-ils au processus de financement et cette situation peut-elle être améliorée ?

3. En tant que chercheur/euse ou bailleur/euse de fonds, pouvez-vous envisager un mécanisme permettant de réduire la fragmentation du financement de la recherche ?

4. Comment les approches de financement pourraient-elles mieux soutenir les chercheurs/euses des pays dits en développement et contribuer à créer un paysage de la recherche plus équitable ?


  1. ↩
  2. ↩

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