Que peut-on faire pour encourager les entreprises agricoles à devenir plus productives ? Cet article présente une recherche montrant que le changement du statut légal des entreprises agricoles, de coopératives à entreprises commerciales en Slovaquie, a entraîné une amélioration considérable de leurs rendements. Même si les conditions climatiques et du marché sont clairement essentielles pour les rendements des exploitations agricoles, la concentration de la propriété et de la responsabilité dans les entreprises ont entraîné une gestion plus efficace, avec de meilleurs résultats.
Le passage d’une économie planifiée centralisée à une économie de marché s’est accompagné d’un déclin initial de la production industrielle et du PIB dans la quasi-totalité des pays d’Europe centrale et de l’Est. En entrant dans un nouveau contexte économique après les années 1990, les entreprises de la région ont entamé un voyage à travers des mutations structurelles, économiques et sociales complexes, qui se reflétaient dans des améliorations mesurables uniquement dans certains aspects de leurs performances techniques et de leurs compétitivités. De nouvelles formes d’entreprises ont vu le jour, le nombre d’entreprises a augmenté et la concentration moyenne de l’industrie a chuté.
En Slovaquie, par exemple, les vastes exploitations agricoles publiques et les coopératives agricoles ont progressivement été remplacées par des sociétés à responsabilité limitée et des sociétés par actions, chacune couvrant des espaces plus petits et ayant un personnel réduit. Notre recherche explore l’impact du changement de statut légal sur les performances économiques des entreprises agricoles.
Bien que les ressources naturelles, les conditions climatiques et les autres facteurs clés de production (main d’œuvre et capital) jouent clairement un rôle essentiel dans l’efficacité agricole, une série d’autres éléments moins tangibles et qui ne reçoivent généralement pas beaucoup d’attention dans le secteur agricole ont une importance majeure dans la productivité. Il s’agit de l’imagination, de l’ambition, de la volonté de prendre des risques, de meilleures compétences organisationnelles et managériales, de la patience et du sens de l‘innovation. Un autre facteur déterminant non lié à la production est le statut légal.
Nous avons constaté que le changement de statut légal avait un impact significatif sur les différences de rendement des entreprises agricoles. Au cours des premières années du passage d’une économie planifiée de façon centralisée à une économie de marché, les différences persistantes dans les résultats économiques étaient dues à l’impact de la formation des entreprises commerciales. Cela découlait principalement du fait que les entreprises prenaient en charge les parts de solvabilité des biens de l’ancienne coopérative agricole sans suffisamment tenir compte de leur passif vis-à-vis des banques et d’autres partenaires d‘affaires.
Toutefois, nous pensons que le processus de transformation, avec ses conséquences négatives, ne représente pas le déterminant clé des différences de performances qui perdurent entre les entreprises agricoles. Nous pensons que le statut légal est le facteur clé, car dans le cas des entreprises commerciales, il facilite la concentration de la propriété et de la responsabilité, ce qui crée une gestion plus efficace et un niveau de motivation plus élevé.
Bien que les résultats économiques soient en général déterminés par les conditions climatiques les plus favorables au cours de l’année et par la situation des marchés pour les produits agricoles, la gestion efficace d’une entreprise agricole, même dans des conditions climatiques difficiles, peut être une source d’inspiration pour d’autres entreprises locales. Si des éléments efficaces de ces pratiques de gestion peuvent s’appliquer à d’autres entreprises opérant dans des conditions climatiques et des conditions de marché plus favorables, ils peuvent contribuer à l’amélioration des performances économiques de chacune de ces entreprises et de l’ensemble du secteur agricole.
Nous constatons que les coopératives agricoles n’ont pas pu atteindre les mêmes résultats que les entreprises commerciales, non seulement en termes absolus, mais aussi en termes de marges de profits. Dans aucune des années que nous avons examinées, la part des coopératives à but lucratif (dans le nombre total des coopératives) n’a été supérieure à la part des entreprises commerciales à but lucratif (dans le nombre total des entreprises commerciales).
Nous pouvons toujours débattre de la question de savoir si c’est la forme de la gestion qui influence tant la diversité des performances économiques des entreprises de notre étude. Les meilleures performances économiques des entreprises pourraient être déterminées non seulement par différentes approches de la gestion d’entreprises et de la gestion des risques, mais aussi par la création de structures de prise de décisions plus efficaces. Elles pourraient également être dues à leur meilleur positionnement de départ dans le passé (par rapport aux coopératives), ainsi qu’à de meilleurs programmes de formation et d‘enseignement.