Recherche et Politiques Archives - Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/blog_categories/recherche-et-politiques-fr/ Research that matters Wed, 19 Apr 2023 13:44:05 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3 https://globaldev.blog/wp-content/uploads/2023/03/Logotype_02-1.svg Recherche et Politiques Archives - Globaldev Blog https://globaldev.blog/fr/blog_categories/recherche-et-politiques-fr/ 32 32 L’industrie de la culture d’algues face aux problèmes génétiques https://globaldev.blog/fr/lindustrie-de-la-culture-dalgues-face-aux-problemes-genetiques/ Mon, 07 Mar 2022 14:07:44 +0000 http://wordpress.test/lindustrie-de-la-culture-dalgues-face-aux-problemes-genetiques/ La subsistance de plus de six millions de petits exploitants agricoles dans 48 pays dépend des algues marines. Cet article décrit ce qui se passe actuellement dans cette industrie peu connue et explique le potentiel des algues en tant que « culture miracle » qui pourrait contribuer considérablement à la réalisation des principaux objectifs de développement. Mais

The post L’industrie de la culture d’algues face aux problèmes génétiques appeared first on Globaldev Blog.

]]>
La subsistance de plus de six millions de petits exploitants agricoles dans 48 pays dépend des algues marines. Cet article décrit ce qui se passe actuellement dans cette industrie peu connue et explique le potentiel des algues en tant que « culture miracle » qui pourrait contribuer considérablement à la réalisation des principaux objectifs de développement. Mais comme l’industrie mondiale de la banane, la production d’algues repose sur une diversité génétique très limitée. Cette situation est de plus en plus problématique, car le changement climatique affecte les lieux où les algues sont cultivables, avec de graves conséquences pour certaines des familles les plus pauvres du monde et qui vivent dans des communautés côtières.

Le monde est en train de prendre conscience du potentiel des algues marines. Depuis les années 1950, la production d’algues a explosé, passant d’un demi-million de tonnes par an à plus de 35 millions de tonnes aujourd’hui, soit une multiplication par 15 en un peu plus d’un demi-siècle. La valeur totale du marché mondial des algues est estimée à 15 milliards de dollars.

Les différents types d’algues marines ont des utilisations différentes. Certaines servent d’aliments de base dans de nombreux pays asiatiques, mais les algues dites « rouges » produisent du carraghénane, un agent gélifiant largement utilisé dans les industries alimentaire, pharmaceutique et de beauté. Elles peuvent contribuer à absorber le carbone dans les océans, à réduire la quantité de méthane émise par le bétail, à remplacer les dérivés des combustibles fossiles par des alternatives telles que les bioplastiques et les biocarburants, et à fournir des « aliments fonctionnels » qui apportent des nutriments essentiels à une alimentation saine. Pas étonnant que l’on parle des algues comme d’une culture miracle.

Mais ces chiffres apparemment positifs masquent deux problèmes importants dans l’industrie des algues. Le premier est que, comme l’industrie mondiale de la banane, la production d’algues rouges repose sur une diversité génétique très limitée.

Alors qu’il existe de nombreuses variétés de bananes (pas moins de 84 variétés rien qu’en Ouganda), l’industrie mondiale a continué à s’appuyer fortement sur une seule, la Cavendish, curieusement cultivée pour la première fois dans la serre d’un manoir anglais. La production commerciale de bananes a été anéantie dans les années 1950 par une fusariose du bananier appelée maladie du Panama. La variété Cavendish s’est avérée résistante à ce champignon particulier et a donc été plantée partout, mais elle s’avère très sensible à une nouvelle souche apparue dans les années 1990.

Comme les bananes, les algues sont très faciles à cultiver. Coupez quelques tiges de la récolte précédente et attachez-les à une corde ancrée au fond de la mer. Après environ 45 jours, vous êtes prêt à récolter et le cycle se répète.

Mais comme pour les bananes, ce que vous avez cultivé est génétiquement identique à son parent. Les algues se reproduisent par voie sexuée, ce qui accroît la diversité génétique, mais cela doit se faire en laboratoire pour éviter que les semis ne soient emportés par les courants marins.

Comme cette multiplication végétative est si facile et que l’algue rouge résiste bien au transport sur de longues distances, un commerce mondial de jeunes plants s’est rapidement établi dans les années 1950. Il a d’abord pris son essor en Indonésie, avant de se répandre en Chine, au Japon, en Corée et aux Philippines, puis dans d’autres pays comme la Tanzanie.

Comme pour l’industrie de la banane, seules quelques espèces ont été exploitées pour établir des plantations commerciales. Et comme l’industrie de la banane, l’industrie mondiale des algues rouges est génétiquement uniforme.

Ce n’était pas un problème jusqu’à ce que le changement climatique commence à affecter la production d’algues. Le réchauffement des eaux provoque un stress chez les algues et les rend plus sensibles aux parasites et aux maladies. À Zanzibar, par exemple, la température maximale enregistrée dans les eaux côtières est passée de 31oC en 1990 à 38oC en 2020. La valeur de la récolte d’algues en Tanzanie a diminué, passant de 4,3 millions de dollars américains en 2015 à 2,4 millions entre 2016 et 2020.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture se penche depuis de nombreuses années sur la production de bananes, mais jusqu’en 2021, aucun organisme international ne supervisait la santé des algues. Il n’existait pas non plus de réglementation mondiale sur la manière dont les propagules d’algues marines devaient être échangées afin de promouvoir la mise en place de cultures saines, de maintenir la diversité génétique, y compris au sein des populations sauvages, et de réduire le risque d’introduction de parasites et de maladies dans de nouvelles régions.

Le deuxième problème est que les algues sont souvent cultivées par certaines des personnes les plus pauvres des communautés côtières. La subsistance de plus de six millions de petits exploitants d’algues marines et de leurs familles, répartis dans 48 pays, dépend en partie ou en totalité des algues marines. Mais ils ont du mal à faire face aux effets du changement climatique.

Les algues sont une culture intéressante pour les agriculteurs pauvres, car elle ne nécessite que quelques intrants bon marché : des cordes et des chevilles en bois, des liens en plastique pour attacher les plants aux cordes et un endroit pour les faire sécher. Comme les algues nécessitent peu d’investissements initiaux et qu’il ne faut que 45 jours entre la plantation et la récolte, c’est une culture idéale pour celles et ceux qui ont peu d’autres possibilités de revenus.

Aux Philippines, les algues ont assuré la subsistance de plusieurs générations d’agriculteurs. Ailleurs, les algues se conjuguent avec la pêche, la récolte de coquillages, une certaine agriculture terrestre et le petit commerce. Mais comme en Tanzanie, le changement climatique oblige de nombreux agriculteurs à réévaluer s’ils peuvent continuer à cultiver les algues.

Cette situation risque particulièrement de toucher les agricultrices : la culture des algues est souvent une affaire de famille, les femmes apportant une contribution tout aussi importante à la plantation, au nettoyage et au séchage. Mais à mesure que la production d’algues se déplace vers des eaux plus profondes et plus fraîches, elle implique l’utilisation de bateaux et la capacité de nager – deux conditions souvent hors de portée des femmes qui ont soit du mal à contracter des prêts pour acheter un bateau soit qui, pour des raisons culturelles, n’ont jamais appris à bien nager.

Le changement climatique risque également de toucher de manière disproportionnée les agriculteurs les plus pauvres. Ceux-ci cultivent souvent les algues sous contrat avec des agriculteurs plus importants, en acceptant les prix qu’ils peuvent obtenir.

Les programmes gouvernementaux ont tendance à négliger systématiquement les femmes et les agriculteurs les plus pauvres, pour privilégier les exploitants les plus aisés. Cela signifie que les informations essentielles sur la manière de cultiver les algues de manière durable ne parviennent pas à ceux qui pratiquent réellement l’agriculture.

Une industrie durable des algues rouges pourrait contribuer grandement à la réalisation de quatre des objectifs de développement durable : ODD 5 (égalité des sexes), ODD 8 (travail décent et croissance économique), ODD 13 (changement climatique) et ODD 14 (ressources marines). Mais pour ce faire, il faut transformer l’ensemble du système, en tirant rapidement les enseignements de l’industrie bananière.

Les petits exploitants d’algues doivent être en mesure de replanter des plants génétiquement diversifiés et biosécurisés. Cela signifie qu’il faut créer des biobanques pour maintenir la diversité génétique et sélectionner des cultivars améliorés. Il faut donc rechercher les lieux où la diversité génétique existe dans la nature et trouver comment la reproduire.

Mais cela implique également un effort plus large pour comprendre qui sont exactement les producteurs d’algues et quels sont les risques économiques et environnementaux auxquels ils sont confrontés. Il s’agit d’encourager le développement de produits alternatifs à base d’algues afin que les producteurs ne dépendent pas uniquement de la volatilité des prix des carraghénanes et puissent réaliser des investissements à plus long terme leur permettant de gérer leurs risques de manière durable. Et cela signifie qu’il faut mettre l’accent sur la traçabilité des produits à base d’algues, en utilisant des mécanismes tels que la blockchain pour reconnaître et récompenser les stratégies de production d’algues durables, inclusives et sensibles au genre.

C’est un programme ambitieux mais essentiel si l’industrie mondiale des algues marines veut réaliser son potentiel considérable.

 

The post L’industrie de la culture d’algues face aux problèmes génétiques appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Comment une meilleure utilisation des preuves et des rapports de recherche plus transparents pourraient sauver des vies https://globaldev.blog/fr/comment-une-meilleure-utilisation-des-preuves-et-des-rapports-de-recherche-plus-transparents/ Mon, 10 Jan 2022 15:23:21 +0000 http://wordpress.test/comment-une-meilleure-utilisation-des-preuves-et-des-rapports-de-recherche-plus-transparents/ Une critique courante des évaluations d’impact (tels que les essais randomisés) est qu’elles ne mesurent pas ce qui est déterminant pour la prise de décision. Cet article montre comment la synthèse des preuves peut s’appuyer sur les données tirées des essais – et même aller au-delà – pour aider à surmonter ce problème, à travers

The post Comment une meilleure utilisation des preuves et des rapports de recherche plus transparents pourraient sauver des vies appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Une critique courante des évaluations d’impact (tels que les essais randomisés) est qu’elles ne mesurent pas ce qui est déterminant pour la prise de décision. Cet article montre comment la synthèse des preuves peut s’appuyer sur les données tirées des essais – et même aller au-delà – pour aider à surmonter ce problème, à travers l’exemple de la mortalité infantile dans la campagne de promotion de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH). Nos résultats fournissent les premières estimations de la mortalité liée à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans le cadre de la « charge mondiale de morbidité » et proposent des avantages probables d’une meilleure utilisation des données existantes sur d’autres sujets. Ils ont également des implications importantes pour les rapports de recherche, en montrant quelles preuves les chercheurs peuvent fournir pour aider à sauver des vies. 

Les interventions politiques visant à promouvoir de meilleures pratiques au niveau de la gestion de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH) ont été analysées dans de nombreuses études. Mais les preuves sont-elles collectées, rapportées et utilisées de la manière la plus efficace possible pour répondre à l’objectif ultime de sauver des vies ?

Le résultat le plus couramment mesuré dans les évaluations de l’impact du programme WASH est de loin la morbidité, en particulier les maladies infantiles liées à la diarrhée. Nous le savons parce que nous avons rassemblé les données des 500 études sur les effets des approches promotionnelles WASH, dans une carte présentant les résultats du programme.

Mais la majeure partie de la charge mondiale de la morbidité (Global Burden of Disease ou GBD) est due à la mortalité infantile, dont les deux causes principales sont la diarrhée et les infections respiratoires. 

Par exemple, comme le montre le tableau 1, 90 % de la GBD liée à la diarrhée est due aux décès chez les moins de cinq ans, tandis que pour les infections respiratoires, elle est de 99 %. Cela est logique si l’on tient compte du fait que les années de vie perdues – le produit du nombre de décès et de l’espérance de vie à l’âge du décès – seront les plus importantes pour les jeunes enfants ; alors qu’en dehors des épidémies, chaque enfant n’est susceptible de connaître que quelques épisodes de maladie par an.

Chaque année, on estime à 1,2 million le nombre de décès dans le monde dus à la diarrhée et aux infections respiratoires, causés par un système WASH inadéquat.

Tableau 1 : La charge mondiale de la morbidité est principalement due à la mortalité

Cause

Années de vie perdues à cause de la mortalité (pour 100 000)

Années de vie avec incapacité en raison de la morbidité (pour 100 000)

Infection respiratoire aiguë

1,300

10

Diarrhée

960

100

Source : données du GBD 2016.

Les données recueillies dans les évaluations d’impact telles que les essais randomisés fournissent des preuves cruciales sur la façon dont les programmes peuvent faire ce qu’il faut pour garantir l’accès et le fonctionnement d’installations WASH améliorées, et donc prévenir les infections et les décès. Mais les études individuelles sont souvent incapables d’en mesurer les bons résultats ou d’en démontrer les effets, comme cela s’est produit dans les récents essais à grande échelle au Bangladesh, au Kenya et au Zimbabwe.

Il semble donc que la plupart des évaluations d’impact ne mesurent pas ce qu’elles devraient. Elles collectent des données sur les maladies déclarées par les soignants parce qu’elles sont plus faciles à mesurer. Mais on sait que les données sur les maladies déclarées sont biaisées : les personnes qui s’occupent des enfants peuvent faire de fausses déclarations sur la maladie pour bénéficier de plus de subventions (ou peut-être pour se débarrasser des enquêteurs). En revanche, la mortalité déclarée n’est pas biaisée car, bien sûr, les participants à l’étude ne déclarent pas à tort le décès d’un enfant.

Alors pourquoi les études se concentrent-elles sur la morbidité plutôt que sur la mortalité ? En partie parce qu’il est difficile de concevoir des essais infirmiers avec des échantillons de taille suffisante pour détecter des effets statistiquement précis sur la mortalité. C’est là que la synthèse des preuves est nécessaire, en particulier la méta-analyse statistique, qui regroupe les données de plusieurs études pour améliorer la puissance statistique.

Nous avons utilisé une approche innovante pour estimer les données de mortalité des études en récoltant les résultats des organigrammes des participants. Selon CONSORT (voir figure 1), les flux de participants doivent être rapportés de manière transparente dans les essais, afin de permettre la vérification des méthodes utilisées. Par exemple, une source commune de partialité dans les essais provient des pertes différentielles de suivi en dehors de l’étude (attrition). Il convient de connaître le taux d’attrition et ses raisons (par exemple, le décès de participants).

Figure 1 : Comment présenter les diagrammes de flux des participants de manière transparente

Source :  http://www.consort-statement.org/consort-statement/flow-diagram  

Nous avons récolté les données des 41 essais de la carte des preuves WASH ayant rapporté les flux de participants, pour estimer la mortalité, toutes causes confondues, résultant de l’amélioration du système WASH. Neuf autres essais ont rapporté la mortalité due à la diarrhée.

En regroupant les données à l’aide d’une méta-analyse, nous avons constaté une réduction de 15 % de la mortalité toutes causes confondues et de 50 % de la mortalité due à la diarrhée, directement reliée à l’amélioration du système WASH. Même si aucune étude n’a pu, à elle seule, détecter un effet significatif sur la mortalité, la synthèse des preuves a été concluante, démontrant ainsi que la méta-analyse peut non seulement se baser sur les essais, mais aussi les dépasser pour générer des preuves cruciales pour les politiques publiques.

Les interventions favorisant l’hygiène domestique étaient les plus systématiquement associées à une réduction de la mortalité toutes causes confondues, tandis que les interventions promouvant l’assainissement et l’hygiène à l’échelle de la communauté étaient les plus systématiquement associées à la mortalité due à la diarrhée.

Ces résultats sont cohérents avec ce que l’on sait des mécanismes de transmission des maladies infectieuses : l’hygiène des mains est un frein aux maladies respiratoires et à la diarrhée, qui sont les deux principales composantes de la mortalité toutes causes confondues chez l’enfant dans les milieux à faible revenu ; parallèlement, l’assainissement à l’échelle de la communauté stoppe la propagation de la diarrhée due à la défécation en plein air.

Par conséquent, la transparence des rapports n’est pas seulement cruciale pour la responsabilisation, mais elle est également importante pour l’apprentissage, en permettant de mesurer les bons résultats et de prendre les bonnes décisions pour sauver des vies.

Il existe des normes pour la communication des résultats des essais depuis au moins les années 1990 dans le domaine de la santé et 2010 dans celui des sciences sociales, et de nombreux auteurs et revues communiquent désormais ces informations. Mais on constate des décalages dans les pratiques des communautés de recherche qui produisent des essais autour du système WASH : les flux de participants ont été rapportés dans environ la moitié des essais de santé, mais sont encore presque entièrement absents dans les sciences sociales comme l’économie (voir Figure 2).

Alors que les revues de sciences sociales sont plus susceptibles d’exiger que les ensembles de données soient accessibles au public, afin de pouvoir calculer les pertes de suivi, cela ne suffit pas pour évaluer d’autres sources de biais dans les études (par exemple, le biais de sélection individuelle dans les essais randomisés en grappes).

Figure 2 : Le compte rendu des flux de participants peut être facilement amélioré

Les implications sont claires : pour les décideurs, utiliser des preuves systématiques collectées à partir de toutes les études pertinentes, et non des études uniques, afin d’éclairer leurs décisions. Pour les responsables, utiliser les cartes de données comme point de départ d’une synthèse de recherche pertinente pour définir les politiques, et non comme une fin en soi. Pour les communautés de recherche, exiger la communication des flux de participants depuis l’inscription jusqu’au suivi final, par groupe d’étude, ainsi que les raisons de l’attrition.

Nous prévoyons une « collaboration d’auteurs » pour collecter des données sur les flux de participants afin de présenter des estimations de mortalité plus complètes. Je serais ravi de communiquer avec des chercheurs souhaitant participer à cet exercice afin de mieux utiliser les données existantes pour sauver des vies.

 

The post Comment une meilleure utilisation des preuves et des rapports de recherche plus transparents pourraient sauver des vies appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Think tanks partisans : conseils factuels ou soutien politique ? https://globaldev.blog/fr/think-tanks-partisans-conseils-factuels-ou-soutien-politique/ Mon, 26 Apr 2021 09:49:06 +0000 http://wordpress.test/think-tanks-partisans-conseils-factuels-ou-soutien-politique/ Cet article a été publié en partenariat avec INGSA dans le cadre du concours « INGSA-LAC 2020/21 Science Advice Essay Competition. » En Argentine, la Fundación Pensar fonctionne comme une « centrale d’idées » du parti politique de centre-droit Propuesta Republicana (PRO) en concevant des plans de politique publique. Cet article explique la contribution de ce think

The post Think tanks partisans : conseils factuels ou soutien politique ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Cet article a été publié en partenariat avec INGSA dans le cadre du concours « INGSA-LAC 2020/21 Science Advice Essay Competition. »

En Argentine, la Fundación Pensar fonctionne comme une « centrale d’idées » du parti politique de centre-droit Propuesta Republicana (PRO) en concevant des plans de politique publique. Cet article explique la contribution de ce think tank partisan à l’agenda de ce parti, en particulier la valeur ajoutée qu’il a apportée aux ambitions électorales du PRO. Cette expérience donne un aperçu de la relation complexe entre la recherche et la politique, car les connaissances des experts y côtoient l’idéologie, les objectifs et les actions politiques.

L’étude des relations entre les think tanks partisans et les partis politiques est essentielle pour comprendre les liens entre les sphères de la connaissance et de la politique. En 2010, le parti argentin Propuesta Republicana (PRO) a relancé la Fundación Pensar, dont la fonction était de concevoir des plans susceptibles d’être mis en œuvre au sein du gouvernement si le parti remportait la victoire aux élections présidentielles de 2011. Petit à petit, Pensar s’est inséré dans la structure de PRO et est devenu un élément clé de la stratégie nationale du parti.

Connaissance, politique et think tanks partisans

On peut considérer que les connaissances des experts remplissent trois fonctions au niveau politique

·       Une fonction instrumentale : les décideurs peuvent se tourner vers les experts individuels et les organisations pour analyser les problèmes de politique publique et établir des critères et des procédures en vue de les résoudre.

·       Une fonction symbolique : les connaissances spécialisées légitiment les discours et les actions, dans la mesure où leur autorité est revendiquée indépendamment des projets politiques.

·       Une fonction de mise en réseau : elles agissent en tant que vecteurs de savoirs pour les réseaux qui influencent les politiques publiques.

Les think tanks sont l’un des espaces où peuvent se développer les savoirs spécialisés. Deux fonctions constituent leur caractère distinctif : la production et la diffusion d’informations et d’idées concernant les politiques publiques, et l’utilisation de ces résultats pour influencer les décisions et les débats publics.

La diversité des pratiques nationales et régionales montre que ces fonctions peuvent être exercées indépendamment de l’affinité ou de l’adhésion des think tanks à différents acteurs des communautés politiques.

L’expérience de Pensar en tant que think tank affilié au PRO et sa capacité à éclairer la prise de décision à l’aide de données probantes peuvent être analysées sur quatre plans généraux : le système de partis, les fonctions du think tank, son autonomie stratégique et sa pérennité.

 Origine dans un système de partis fragmenté, consolidation dans un contexte de polarisation

Face à la fragmentation du système de partis et à la multiplication des candidats aux élections argentines de 2003, un groupe de personnes issues de milieux politiques et intellectuels a constaté que les idées liées au marché, à un gouvernement limité et au secteur privé comme moteur de la croissance n’étaient pas représentées. En 2005, ce groupe est devenu la Fondation Pensar.

La consolidation de Pensar en tant qu’organisation partisane a eu lieu alors que PRO se développait en tant que force d’opposition nationale dans un contexte de forte polarisation politique. Mais la distance idéologique et de programme entre les principales forces politiques a compromis l’inclusion des preuves comme critères d’élaboration des politiques publiques : la distribution des forces au Congrès (avec PRO comme force d’opposition législative) a conditionné la capacité de Pensar à influencer le débat parlementaire, faisant ainsi de l’élaboration des plans gouvernementaux une priorité.

Leçon 1

Les origines de Pensar suggèrent que la création d’un think tank interne – même s’il est lié au système de partis, à la dynamique de la compétition politique et aux caractéristiques du régime de connaissances politiques – dépend des caractéristiques du parti associé et de la valeur qu’il accorde aux connaissances spécialisées par rapport à ses objectifs politiques.

Fonctions : soutien, réseau, légitimation et gestion des connaissances

Les plans de Pensar permettraient de garantir la fiabilité des actions de PRO au cas où le parti entrerait en fonction en tant que nouveau gouvernement. Le travail conjoint des chefs de parti, du personnel de l’administration et des équipes techniques de la Fondation autour des plans a permis à Pensar de connaître les délais et les points majeurs en matière de conseils et de comprendre les programmes et les priorités du parti, adaptant ainsi ses conseils aux besoins réels.

La Fondation a également soutenu la construction et l’expansion politico-territoriale de PRO en tant que force nationale, en favorisant la formation d’un réseau national de dirigeants et en permettant au parti de s’appuyer sur des compétences techniques qui ont légitimé ses propositions. Sur le plan symbolique également, Pensar a mis en évidence l’importance de la preuve en tant que facteur de décision, par opposition à l’intuition dans la « vieille politique ».

Mais dans quelle mesure la Fondation Pensar a-t-elle produit des connaissances appliquées aux politiques publiques, un aspect distinctif des think tanks ? Bien qu’elle occupe une place importante dans sa communication, la production systématique de connaissances par la recherche est l’une des fonctions les moins développées des think tanks partisans. Au lieu de cela, ces groupes fonctionnent généralement comme des courtiers.

Ainsi, Pensar a plutôt agi comme un gestionnaire de connaissances : la fondation a généré des preuves en commandant des études à des tiers, en a discuté avec les parties prenantes et s’est nourrie de ce travail pour élaborer des plans gouvernementaux et générer du contenu discursif.

Leçon 2

L’expérience de Pensar montre que les connaissances techniques rassemblées dans un think tank partisan remplissent les trois fonctions de la politique :

·       Elles génèrent des résultats à appliquer en pratique (la fonction instrumentale), comme les plans de gouvernement élaborés par Pensar.

·       Elles légitiment le discours et l’action du parti (fonction symbolique), en renforçant son profil et ses références technocratiques.

·       Elles permettent d’élargir les liens politico-institutionnels du parti (fonction de réseau).

 Équilibre entre autonomie et discipline de parti

Parmi les facteurs qui expliquent la réussite de l’intégration de Pensar à PRO, ainsi que la reconnaissance externe (par les médias et d’autres parties prenantes), certains ressortent :

·       La légitimité résultant du soutien explicite et de la proximité directe avec le chef du parti ;

·       La division claire établie entre le parti en tant qu’espace politique et la Fondation en tant qu’espace technique, lui conférant une fonction spécifique ;

·       Une lecture stratégique de la politique et sa politisation croissante, qui a permis à Pensar de contribuer à la réalisation des objectifs électoraux ;

·       Le développement d’une « discipline de parti » rigoureuse, recourant au profil public de Pensar en fonction des besoins politiques du parti ;

·       La conformité à la politique impliquant l’absence d’un agenda propre à Pensar : son agenda était réactif, à la demande du parti, et dans la poursuite des débats sur l’agenda national.

De cette manière, pour être accepté en tant que think tank de PRO, Pensar a géré l’équilibre entre deux attributs : celui d’être un acteur (autonome) et un agent (ressource organisationnelle). L’expérience de Pensar suggère que dans les think tanks partisans, la gestion de cet équilibre répond aux objectifs et aux conjonctures politiques et est donc en perpétuel changement.

Leçon 3

L’évolution de Pensar indique que l’intégration du think tank dans la structure du parti nécessite un processus d’adaptation mutuelle, et que le think tank doit trouver un équilibre entre être un acteur autonome et un agent (une ressource organisationnelle pour le parti), mais aussi être conscient que les objectifs politiques prévalent sur les objectifs techniques.

Les élections et l’incertitude constitutive du think tank partisan

À l’approche de l’échéance électorale, alors que le soutien à PRO progressait dans les sondages, la discussion sur les politiques publiques et le travail autour des plans gouvernementaux ont été relégués au profit de la construction des candidatures et de l’activisme territorial. En 2015, PRO a remporté une course présidentielle serrée (51 % contre 49 %), conservé la ville de Buenos Aires (la capitale de l’Argentine), créé la surprise dans la province de Buenos Aires (le plus grand district du pays) et remporté de nombreuses victoires au niveau municipal.

PRO a dû relever le défi de gérer une croissance soudaine de ses activités. Pensar est devenu l’une des principales institutions de ressources humaines, avec des membres à tous les niveaux de la structure gouvernementale nationale et infranationale. Bien que l’institution soit restée sans leader et sans membres actifs, les connaissances spécialisées ont fini par occuper une place centrale dans la nouvelle administration.

Leçon 4

L’expérience de Pensar confirme l’incertitude constitutive qui sous-tend tout think tank partisan, car son évolution (et celle de ses membres) dépend largement des performances du parti aux élections.

 

The post Think tanks partisans : conseils factuels ou soutien politique ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Comment les think tanks des pays du Sud ont-ils réagi à la pandémie ? https://globaldev.blog/fr/comment-les-think-tanks-des-pays-du-sud-ont-ils-reagi-a-la-pandemie/ Mon, 12 Apr 2021 12:06:32 +0000 http://wordpress.test/comment-les-think-tanks-des-pays-du-sud-ont-ils-reagi-a-la-pandemie/ Comment les think tanks des pays du Sud ont-ils réagi à la crise du Covid-19 ? Cet article, écrit par un leader expérimenté de la recherche et de l’engagement politique au Pakistan, présente sept réponses efficaces. La pandémie a entraîné de nombreux défis sans précédent pour les think tanks des pays du Sud. Entre les

The post Comment les think tanks des pays du Sud ont-ils réagi à la pandémie ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Comment les think tanks des pays du Sud ont-ils réagi à la crise du Covid-19 ? Cet article, écrit par un leader expérimenté de la recherche et de l’engagement politique au Pakistan, présente sept réponses efficaces.

La pandémie a entraîné de nombreux défis sans précédent pour les think tanks des pays du Sud. Entre les confinements et les flux de trésorerie incertains, ils se sont retrouvés surchargés de responsabilités tant au niveau de la recherche politique que de l’aide sociale. On leur a demandé de produire rapidement des données sur divers aspects du Covid-19, et de s’engager plus activement aux côtés des organisations gouvernementales et non gouvernementales.

En termes de fonctionnement interne – et comme toute autre entreprise, les think tanks indépendants ont fait de leur mieux pour éviter les licenciements et poursuivre leurs enquêtes sur le terrain afin d’évaluer l’impact de la pandémie tout en veillant à ne pas menacer la vie et la santé de leurs membres.

Certains collaborateurs se sont retrouvés licenciés suite à la fermeture des bureaux, et trouver un nouveau travail (souvent à court terme) est encore un défi. Certains ont été contaminés sur le terrain et ont dû être pris en charge médicalement. Tous ont dû s’adapter pour faire face à l’irruption du Covid-19.

Un programme de recherche transdisciplinaire

Les exigences supplémentaires imposées par la crise sanitaire et économique ont permis de tirer le meilleur de l’innovation. Si la plupart des think tanks comprenaient déjà l’importance de promouvoir des approches plus transdisciplinaires dans la recherche, la sensibilisation et le renforcement des capacités, certains n’avaient jamais été contraints de sortir de leurs spécialités habituelles avant la pandémie.

Tout à coup, le secteur du développement a compris la véritable importance des approches multisectorielles et transversales dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). L’une des principales demandes reçues par mon organisation – le Sustainable Development Policy Institute – portait sur la manière dont les autorités pouvaient regrouper des ensembles de données épidémiologiques et économiques pour établir des prévisions éclairées en matière de viabilité budgétaire.

Trouver et générer des données dans des délais serrés 

Les outils de recherche rapide ont toujours existé. Mais les nombreux décès et les taux élevés de tests positifs enregistrés au cours de la première vague de la pandémie ont montré que les méthodes d’enquête existantes allaient se révéler inadéquates.

Même les enquêtes téléphoniques et en ligne n’ont pas été très révélatrices durant cette période, car de nombreuses personnes interrogées étaient réticentes à révéler la vérité par crainte d’être stigmatisées ou de voir leurs informations utilisées pour les faire sortir de chez elles en vue d’un dépistage et d’une quarantaine forcés.

Des méthodes d’apprentissage profond (deep learning) sont désormais employées afin d’améliorer la triangulation de grandes quantités de données et d’informations provenant à la fois des citoyens et du secteur public.

Travailler avec des organismes du secteur public

La plupart des think tanks et des réseaux de recherche se sont manifestés pour partager leurs connaissances et leurs expériences, fournir des conseils politiques et même mettre à disposition leurs effectifs pour aider le secteur public à atténuer le choc initial de la crise. Depuis lors, ils ont travaillé collectivement à une approche conceptuelle (design thinking) afin de fournir de meilleurs systèmes et procédés pour exploiter les données probantes dans l’élaboration des politiques.

Dans la plupart des pays, le secteur public a également réalisé que les connaissances autour du Covid-19 étaient loin d’être suffisantes. De plus en plus de données, d’informations et de renseignements seront nécessaires à l’avenir pour gérer l’impact et le rétablissement post-pandémique. L’ODD 17 – « Renforcer et revitaliser les partenariats mondiaux pour réaliser l’objectif de développement durable » – fait désormais l’objet d’une attention particulière de la part de tous les organismes impliqués dans l’amélioration de la gouvernance mondiale, y compris les think tanks.

Adopter la transformation numérique

Les technologies qui ont permis de sécuriser les opérations internes et externes des organisations pendant les périodes de confinement étaient disponibles bien avant l’épidémie de Covid-19. Mais la plupart des think tanks n’étaient pas disposés à recourir davantage à la technologie, même pour des tâches banales comme les séances menées en personne avec des groupes de discussion.

Ce n’est plus le cas. En élaborant leurs plans de travail pour 2021, les think tanks ont clairement indiqué que le passage aux technologies numériques serait permanent. La recherche a donc rapidement adopté les méthodes numériques, mais les opérations internes d’administration, d’approvisionnement, de finances et de ressources humaines ont également été automatisées. Constat réjouissant : ce passage au numérique a coûté beaucoup moins cher que ce que prétendaient les défenseurs du statu quo

Capitaliser sur les capacités individuelles

La demande d’approches transdisciplinaires plus poussées a obligé le personnel des think tanks à réfléchir à leurs compétences, à s’appuyer sur les capacités existantes et à se perfectionner ou à se réorienter dans le but de « reconstruire en mieux ».

Au niveau individuel, lorsque les individus ont vu leurs proches touchés par la maladie, ils ont porté une toute nouvelle attention à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, à l’importance du bien-être mental et à la question de la santé et du bien-être dans les objectifs individuels et les mesures de performance des organisations.

Lors de mes échanges avec divers collègues de la communauté des think tanks, j’ai été informé de la manière dont certains chercheurs créatifs ont été plus productifs pendant la crise ; certains ont été promus à de nouveaux postes et d’autres se sont vu offrir des rôles importants au sein du gouvernement.  Nombre d’entre eux se sont détournés de la publication classique dans des revues à comité de lecture pour consacrer du temps à la diffusion de solutions politiques par le biais d’articles d’opinion et de fils de discussion sur Twitter.

Résilience des systèmes de leadership et de gestion

On peut citer des exemples de groupes de réflexion dont les conseils opportuns ont été reconnus par les gouvernements et les acteurs de la crise. L’une des principales caractéristiques de ces organisations était la résilience du leadership et la manière dont les personnes à la tête des opérations ont pu trouver, dans cette crise aux multiples facettes, des opportunités à court et à long terme.

On attendait de ces dirigeants qu’ils agissent rapidement pour combler les lacunes en matière de données, et qu’ils mettent en place des approches permettant de guider le futur portefeuille d’activités. Comme de nombreuses organisations travaillaient à distance, il était important de donner aux équipes les moyens d’agir rapidement et de leur permettre de faire des erreurs au fil de ce processus.

Dans une large mesure, la pandémie a rendu obsolète le modèle économique de la plupart des groupes de réflexion. C’est alors devenu l’autre défi des dirigeants : anticiper le changement et la transition vers un avenir post-pandémique plus robuste grâce à une planification proactive.

Promouvoir le design thinking et favoriser l’agilité

Cet article ne serait pas complet si nous ne mentionnions pas que si certains financeurs traditionnels de think tanks ont fini par changer leurs priorités, d’autres sont allés de l’avant et ont renforcé la foi mondiale dans la production et l’utilisation de données probantes à un moment où les connaissances existantes ne révélaient pas grand-chose.

Les think tanks qui ont réagi rapidement entretenaient déjà des relations de confiance avec les bailleurs de fonds et les communautés de pratique qui voyaient l’intérêt d’investir du temps et des ressources dans le design thinking et de passer des questions tactiques aux questions stratégiques. À l’avenir, on attend des chefs de projet et du personnel en milieu de carrière qu’ils fassent preuve d’une plus grande agilité pour fournir de nouvelles connaissances et en assurer la diffusion par des méthodes non traditionnelles.

 

The post Comment les think tanks des pays du Sud ont-ils réagi à la pandémie ? appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Le rôle des avis scientifiques dans l’élaboration des politiques en Éthiopie https://globaldev.blog/fr/le-role-des-avis-scientifiques-dans-lelaboration-des-politiques-en-ethiopie/ Sun, 04 Oct 2020 22:27:43 +0000 http://wordpress.test/le-role-des-avis-scientifiques-dans-lelaboration-des-politiques-en-ethiopie/ De nombreux gouvernements s’engagent à baser leurs décisions politiques sur des preuves scientifiques, mais dans la pratique, de nombreux obstacles se révèlent. Cet article étudie le cas de l’Éthiopie – les forces et les faiblesses de l’élaboration de politiques fondées sur des preuves scientifiques. Les liens se resserrent entre la recherche et les décisions politiques,

The post Le rôle des avis scientifiques dans l’élaboration des politiques en Éthiopie appeared first on Globaldev Blog.

]]>
De nombreux gouvernements s’engagent à baser leurs décisions politiques sur des preuves scientifiques, mais dans la pratique, de nombreux obstacles se révèlent. Cet article étudie le cas de l’Éthiopie – les forces et les faiblesses de l’élaboration de politiques fondées sur des preuves scientifiques.

Les liens se resserrent entre la recherche et les décisions politiques, en même temps que les défis deviennent plus globaux et plus complexes. Dans un monde idéal, le processus d’élaboration des politiques se baserait sur les résultats de la recherche et la participation de tous, et ni le développement durable ni la formulation des politiques ne se feraient sans une base scientifique solide. Mais bien sûr, les preuves scientifiques ne sont pas la seule considération dans ce genre de décisions.

Dans le cas de l’Éthiopie, l’incapacité à suivre un processus d’élaboration des politiques fondé sur des preuves a entraîné des résultats aussi imprévus qu’indésirables – notamment en matière de politique industrielle et de politique de développement rural. Aujourd’hui, les avis scientifiques jouent un rôle plus important dans la formulation de la politique et la prise de décision éthiopiennes, mais il reste des limites et des contraintes. Certains projets ont cependant bénéficié de ce renforcement du lien entre science et politique :

·      La construction du Barrage de la Renaissance, à la suite d’une série de rapports scientifiques qui ont fourni au gouvernement une analyse factuelle des contextes géologique, social, économique et politique du projet.

·      L’utilisation de données sur les profils de risques et de catastrophes pour aligner les stratégies d’urgence et les systèmes d’alerte précoce.

·      La création de différents comités consultatifs techniques permanents relevant de différents ministères et/ou secteurs afin de garantir la prise en compte des questions sectorielles lors de la formulation des politiques nationales.

·      Le recensement de la population pour l’élaboration d’une politique démographique, bien que le dernier recensement ait été retardé pour diverses raisons.

·      La création de plusieurs institutions impliquées dans la recherche ayant pour objectif d’élaborer des politiques de développement durable fondées sur des données probantes.

Mais les preuves sont noyées dans les motivations politiques, et les structures gouvernementales sont fréquemment conduites à recourir à des preuves biaisées. Comme l’indiquent les données relatives aux liens entre la recherche et l’élaboration des politiques en Afrique du Sud, parmi les facteurs les plus susceptibles de creuser le fossé on trouve :

·      Les décideurs politiques qui ont tendance à se fier à leur propre perception des problèmes politiques en sous-estimant le potentiel des contributions scientifiques.

·      Ceux qui veulent des réponses simples issues de la recherche afin de mettre en œuvre des solutions rapides aux défis politiques urgents sans prendre en compte leur applicabilité.

·      Ceux qui ont besoin de résultats sur des périodes relativement courtes, alors que la recherche scientifique s’étend plutôt sur un temps long, comme tout travail basé sur des preuves.

·      Les chercheurs qui s’emploient à contribuer à la compréhension des relations de cause à effet et qui jugent ce qu’ils recommandent comme la meilleure voie à suivre, ce qui contraste avec la tendance des décideurs politiques à utiliser la recherche pour légitimer les décisions politiques.

·      Les conseillers scientifiques qui recommandent des réformes globales pour faire face à des situations complexes, mais dont les propositions sont rejetées par les décideurs politiques.

Le processus consultatif scientifique pourrait comprendre cinq étapes :

Premièrement, la formulation d’une question : quelles sont les causes du ou des problème(s) ? Comme cette cause peut être multiforme, il faut faire appel à des experts multidisciplinaires pour analyser le problème et donner des conseils concrets au gouvernement.

Deuxièmement, la sélection des bons conseillers est essentielle pour que le gouvernement puisse bénéficier d’un avis éclairé. Dans le cas de l’Éthiopie, les comités consultatifs permanents sont sélectionnés par des fonctionnaires de haut niveau et se voient assigner des objectifs définis par le gouvernement. Ce fonctionnement peut néanmoins être biaisé et ne pas aboutir à la formulation de conseils appropriés si le comité consultatif ne sélectionne pas les bons experts du bon domaine. En outre, il affecte également l’indépendance des conseillers scientifiques, ce qui peut les conduire à donner des avis scientifiquement injustifiés et politiquement orientés.

Troisièmement, l’équilibre entre les points de vue et la compréhension des imprécisions sont importants dans la production d’avis scientifiques. Parvenir à un consensus sur les multiples aspects des différents domaines d’expertise et lever les éventuelles ambiguïtés est crucial pour la science quand elle est au service de la politique.

Quatrièmement, quelle que soit la qualité des avis scientifiques, ils ne sont utiles que s’ils sont correctement communiqués et défendus jusqu’à la disparition du dernier doute. En Éthiopie, beaucoup de résultats de recherche « dorment dans les tiroirs » des instituts et centres scientifiques. Il est donc nécessaire d’introduire progressivement une culture de la preuve en créant un lien durable entre la recherche et la politique et en renforçant la coopération entre les instituts de recherche et les universités.

Cinquièmement, l’évaluation de l’impact des avis scientifiques est une étape importante pour améliorer le processus consultatif et apprécier l’efficacité de ces conseils dans les résultats politiques. Tout dépend de la manière dont sont prodigués ces conseils. Il n’y a que peu de cas où le groupe consultatif a pu évaluer l’impact de ses avis scientifiques après leur mise en œuvre dans les processus et les résultats de l’élaboration des politiques.

Des données précises et de qualité permettant de parvenir à un consensus et de gérer les incertitudes doivent être mises à la disposition des décideurs sous une forme facilement compréhensible et qui leur permette de les utiliser dans l’élaboration des politiques. Pour résoudre les ambiguïtés et les défis liés à ce processus il faut :

  • Présenter les preuves au public afin d’obtenir son soutien et sa confiance.
  • Suivre une méthodologie claire pour évaluer la validité de la globalisation des données d’un contexte précis.
  • Partager les priorités avec les chercheurs afin d’obtenir d’eux des preuves plus ciblées et plus exploitables.
  • Apporter des preuves intelligibles au monde politique et ainsi combler le fossé entre les chercheurs et les décideurs.

 

The post Le rôle des avis scientifiques dans l’élaboration des politiques en Éthiopie appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Assurer l’efficacité parlementaire par le développement des compétences : l’exemple du Nigeria https://globaldev.blog/fr/assurer-lefficacite-parlementaire-par-le-developpement-des-competences-lexemple-du-nigeria/ Sun, 16 Aug 2020 19:15:46 +0000 http://wordpress.test/assurer-lefficacite-parlementaire-par-le-developpement-des-competences-lexemple-du-nigeria/ Un grand nombre de pays en développement ne disposent pas du cadre institutionnel en mesure de fournir aux décideurs des conseils politiques fondés sur des données probantes. Cet article se penche sur l’expérience du Nigeria, qui a créé un institut spécialisé pour accompagner les parlementaires dans leur travail. Malgré les progrès que cela représente en

The post Assurer l’efficacité parlementaire par le développement des compétences : l’exemple du Nigeria appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Un grand nombre de pays en développement ne disposent pas du cadre institutionnel en mesure de fournir aux décideurs des conseils politiques fondés sur des données probantes. Cet article se penche sur l’expérience du Nigeria, qui a créé un institut spécialisé pour accompagner les parlementaires dans leur travail. Malgré les progrès que cela représente en matière de renforcement des compétences, certains défis importants restent à relever, notamment en ce qui concerne l’inclusion des avis scientifiques dans l’élaboration des politiques.

Le corps législatif est un élément essentiel d’une démocratie efficace. Son rôle dans l’élaboration des lois, la représentation et le contrôle fait de lui un élément indispensable de la gouvernance.

Depuis le retour du Nigeria à un régime démocratique en 1999, le parlement national a évolué dans ses responsabilités constitutionnelles. Mais jusqu’à récemment, il n’existait pas de cadre institutionnel adapté pour apporter aux décideurs nigérians des conseils politiques fondés sur des données probantes. En comparaison, le bras exécutif du gouvernement, soutenu par divers technocrates, avait plus de poids et d’influence dans les relations exécutif-législatif.

Ces dernières années ont toutefois vu la valorisation croissante du rôle des conseils scientifiques au sein du corps législatif. Tout comme le Congressional Research Office aux États-Unis et le Parliamentary Office of Science and Technology au Royaume-Uni, l’Institut national d’études législatives et démocratiques (NILDS) a été créé en 2011 pour servir d’institution de recherche et de renforcement des compétences du parlement nigérian. Il mène des recherches et des analyses économiques, politiques et juridiques en même temps qu’il conduit des actions de formation auprès des parlementaires pour les soutenir dans leurs missions et promouvoir des mesures et des débats fondés sur des données probantes.

Malgré le caractère indispensable des preuves scientifiques dans l’élaboration des politiques, et même dans un cadre institutionnel, il n’est pas facile de conseiller les responsables gouvernementaux et les hommes politiques, y compris les parlementaires, sur la base de données scientifiques. Toutefois, la mise en place d’un cadre pour la transmission d’avis scientifiques a amélioré l’efficacité du parlement nigérian.

Un succès significatif a été obtenu par l’apport d’un soutien technique et politique aux institutions législatives nigérianes ; le corps législatif étant le plus à même d’assurer l’engagement efficace de l’exécutif et du législatif et un meilleur contrôle du budget. Son efficacité a également été améliorée grâce aux évaluations d’impact, qui permettent de s’assurer que la législation est conforme aux dispositions constitutionnelles et qu’elle contribue au développement national.

Mais il reste des défis à relever.

Les parlements sont instables. Au Nigeria comme partout ailleurs, la rotation parmi les membres du parlement est très forte. Les changements incessants dans la composition et la structure des commissions empêchent la collaboration efficace entre les scientifiques et les membres du parlement et, en fin de compte, affaiblissent les avis scientifiques fournis au corps législatif.

Il y a également le défi de l’insuffisance de l’expertise et des compétences. Au Nigeria, l’expertise sur les questions de politique publique ne manque pas. Mais la capacité à synthétiser les preuves, à comprendre le processus législatif, à communiquer les résultats de la recherche et à dialoguer avec les politiciens est plus rare.

La forte demande de conseils politiques à court terme aggrave encore ce problème des compétences limitées. Le renforcement des capacités exigerait donc une formation spécialisée, pouvant transcender ce qui est actuellement offert dans les milieux universitaires classiques.

Dans certains cas, les chercheurs sont affectés à des comités spécifiques, mais les compétences limitées dans l’ensemble des disciplines et professions nuisent à l’efficacité de ce système. Cela prive également les comités de la possibilité de bénéficier d’une perspective pluridisciplinaire sur les questions de politiques publiques.

Même dans un cadre institutionnel, les problèmes de communication et d’engagement entre les parlementaires et les chercheurs/scientifiques au Nigeria sont importants. On voit là les conséquences d’un engagement inadapté des principaux acteurs de la connaissance, tels que les universités, les associations professionnelles/académiques, les organisations de la société civile, les sociétés savantes et l’académie nationale.

En outre, les preuves scientifiques ne représentent qu’une petite partie du processus législatif, et les parlementaires au Nigeria, comme partout ailleurs, sont motivés par des intérêts divers. Étant donné la nature politique des activités législatives, il est courant que les politiciens suivent ces intérêts sans souci des preuves scientifiques. Les parlementaires sont également susceptibles de privilégier certaines preuves scientifiques afin de soutenir des décisions politiques particulières.

Le Nigeria fait des progrès dans le renforcement des compétences et de la législation fondée sur des données probantes, mais il y a encore du travail. À long terme, des efforts sérieux seront nécessaires pour établir des relations officielles entre les scientifiques/experts, les acteurs de la connaissance et les parlementaires au Nigeria et assurer, enfin, une culture de conseil scientifique au sein du gouvernement.

 

The post Assurer l’efficacité parlementaire par le développement des compétences : l’exemple du Nigeria appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Défis éducatifs suite au Covid-19 : résultats des évaluations à grande échelle https://globaldev.blog/fr/defis-educatifs-suite-au-covid-19-resultats-des-evaluations-a-grande-echelle/ Mon, 22 Jun 2020 09:25:56 +0000 http://wordpress.test/defis-educatifs-suite-au-covid-19-resultats-des-evaluations-a-grande-echelle/ Avec la fermeture des écoles dans de nombreux pays et l’obligation pour les enfants d’étudier à la maison, la pandémie mondiale a particulièrement perturbé l’éducation. Cet article revient sur les données issues d’évaluations à grande échelle des systèmes éducatifs pour mettre en lumière certains des défis éducatifs révélés par la crise du Covid-19. Entre autres :

The post Défis éducatifs suite au Covid-19 : résultats des évaluations à grande échelle appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Avec la fermeture des écoles dans de nombreux pays et l’obligation pour les enfants d’étudier à la maison, la pandémie mondiale a particulièrement perturbé l’éducation. Cet article revient sur les données issues d’évaluations à grande échelle des systèmes éducatifs pour mettre en lumière certains des défis éducatifs révélés par la crise du Covid-19. Entre autres : l’initiation des jeunes à l’informatique et l’accès aux appareils numériques depuis le domicile, les écoles comme lieux de soins et d’éducation, ainsi que la distribution de repas scolaires gratuits pour les élèves défavorisés.

Nous savons tous que l’éducation est un processus en constante évolution. Nous nous efforçons constamment de l’améliorer, de nous tenir au courant des changements dans la pédagogie, la technologie et la société.

L’éducation exige l’évaluation des élèves, mais aussi des systèmes – ainsi qu’une réflexion constante si l’on veut qu’elle reste pertinente. Les évaluations à grande échelle du type de celles réalisées par l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire (IEA) sont utiles pour les éducateurs et les décideurs politiques, car elles jouent un rôle essentiel dans l’écosystème éducatif mondial. Elles fournissent également des informations précieuses sur les progrès vers la réalisation de l’ODD 4 (assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie).

Comme dans presque tous les aspects de nos vies, la pandémie du Covid-19 provoque d’énormes perturbations dans l’éducation – y compris au niveau des évaluations à grande échelle réalisées dans les salles de classe. Mais, grâce aux données recueillies au fil des ans, nous ne sommes pas démunis. Nous avons à disposition une multitude d’informations qui nous permettent de voir comment les élèves, leurs enseignants et les écoles étaient préparés à cette crise. Nous connaissons les principales difficultés auxquelles ils seront confrontés et les questions auxquelles les décideurs politiques devront accorder une attention particulière lorsqu’ils planifieront la réouverture des écoles.

À l’IEA, l’une de nos premières tâches a consisté à nous repencher sur les questionnaires contextuels des études – pour voir quelles questions pourraient avoir une résonance particulière en ces temps étranges – et à consulter les rapports internationaux précédents pour voir dans quelle mesure le monde était préparé pour l’école à la maison.

Depuis la publication des résultats de l’étude internationale des compétences en littératie numérique et pensée informatique (ICILS) de l’IEA en novembre 2019, nous savons qu’il existe un lien étroit entre le milieu socio-économique d’un jeune et sa capacité à utiliser efficacement les technologies de l’information. La fermeture des écoles et le travail à domicile ont entraîné une analyse supplémentaire des données de l’ICILS, qui met en lumière la relation entre le statut socio-économique et la disponibilité des appareils numériques dans les foyers.

L’étude avait interrogé 46 000 élèves de 4e sur les appareils numériques auxquels ils avaient accès à la maison : ordinateurs portables et de bureau. L’analyse a montré que 24 % des élèves dont les parents avaient un emploi de statut supérieur avaient moins de deux ordinateurs portables ou de bureau à la maison, contre 41 % des élèves dont les parents avaient un statut professionnel inférieur. Cela suscite de sérieuses inquiétudes sur les possibilités réelles des élèves à avoir un accès suffisant à des appareils pour pouvoir étudier à la maison.

Concernant les écoles innovantes qui passent à l’enseignement en ligne, un autre aspect dont on ne parle pas est le suivant : nous savons maintenant grâce à l’ICILS que de nombreux jeunes – que beaucoup considèrent comme des « natifs du numérique » – ne sont tout simplement pas très instruits en informatique.

Les gens sont souvent choqués de constater que seuls 21 % des étudiants participant à l’ICILS se sont révélés être des utilisateurs d’ordinateur autonomes. Par exemple, 79 % des étudiants n’ont pas été en mesure de démontrer qu’ils pouvaient « évaluer la fiabilité des informations présentées sur un site Web participatif » ou « identifier les cas où le contenu publié sur Internet peut être biaisé en raison des directives de l’éditeur en matière de contenu ou des recettes publicitaires qui dirigent ledit contenu ». Ce sont des compétences essentielles à transmettre si nous voulons inciter une plus grande utilisation des ordinateurs à la maison.

La crise du Covid-19 a également montré que les écoles ne sont pas qu’un simple bâtiment où l’on enseigne, mais un lieu de soins et d’éducation. Nous nous sommes à nouveau penchés sur le questionnaire du dernier cycle de l’étude internationale de recherche en lecture scolaire (PIRLS) de l’IEA, qui demandait aux participants de CM1 (d’environ 10 ans) à quelle fréquence ils arrivaient à l’école en ayant faim.

Il est navrant de constater que plus d’un quart (26 %) des élèves déclarent avoir faim la plupart du temps et que, dans tous les pays, les élèves ayant faim obtiennent en moyenne de moins bons résultats que leurs camarades qui viennent rarement à l’école le ventre vide. Les résultats révèlent que près de 45 % des écoles dans 45 des systèmes éducatifs participant à l’étude fournissent des repas scolaires gratuits à certains de leurs élèves – un rôle qu’elles ne peuvent pas jouer lorsque leurs portes sont fermées.

Alors que nous surmontons la crise et que certaines écoles envisagent une réouverture progressive des salles de classe, les données de l’IEA, tirées cette fois de notre étude internationale sur l’évolution des acquis en mathématiques et en sciences (TIMSS), donnent un aperçu de la difficulté de cette tâche.

Parmi les questions posées aux enseignants, ils devaient dire dans quelle mesure ils étaient d’accord avec l’affirmation : « Il y a trop d’élèves dans la classe ». Parmi les enseignants des élèves de CM1, 62 % ont exprimé leur accord avec la déclaration, ainsi que 66 % des enseignants des élèves de 4e. Si les classes étaient déjà trop chargées avant la crise, cela posera certainement des problèmes aux écoles tentant de faire respecter une distance sociale à la réouverture.

Ce qui est devenu plus clair que jamais tout au long de la crise du Covid-19, c’est la valeur de la connaissance et des données. Les experts en santé publique ont fait pression pour obtenir des données sur les taux de virus à tester, non pas parce qu’ils pensent que cela guérira la maladie, mais pour qu’ils sachent à quoi ils sont confrontés et puissent planifier leurs réponses.

D’une certaine manière, les évaluations à grande échelle remplissent une fonction similaire. Elles mettent en lumière les nombreux et divers facteurs qui influencent la façon dont les jeunes peuvent apprendre et se développer. Sans ces connaissances, il sera difficile pour les systèmes éducatifs de sortir de cette crise non seulement intacts, mais meilleurs.

 

The post Défis éducatifs suite au Covid-19 : résultats des évaluations à grande échelle appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Améliorer les résultats scolaires en Bulgarie : données et recherche https://globaldev.blog/fr/ameliorer-les-resultats-scolaires-en-bulgarie-donnees-et-recherche/ Mon, 01 Jun 2020 07:54:19 +0000 http://wordpress.test/ameliorer-les-resultats-scolaires-en-bulgarie-donnees-et-recherche/ Il est bien connu qu’un faible niveau d’alphabétisation a des conséquences néfastes tant pour les individus que pour la société tout entière. Comme le précise cet article, l’alphabétisation ne s’arrête pas aux compétences en lecture : elle implique la capacité à comprendre ce qu’on lit et, à l’aide des connaissances acquises, à l’utiliser et à l’évaluer

The post Améliorer les résultats scolaires en Bulgarie : données et recherche appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Il est bien connu qu’un faible niveau d’alphabétisation a des conséquences néfastes tant pour les individus que pour la société tout entière. Comme le précise cet article, l’alphabétisation ne s’arrête pas aux compétences en lecture : elle implique la capacité à comprendre ce qu’on lit et, à l’aide des connaissances acquises, à l’utiliser et à l’évaluer de manière critique. Plus largement, l’alphabétisation fonctionnelle est la capacité à faire face aux circonstances de la vie, tandis que l’analphabétisme fonctionnel généralisé rend toute une société dysfonctionnelle. C’est là tout l’intérêt des évaluations internationales à grande échelle des résultats scolaires qui peuvent éclairer les efforts nationaux visant à améliorer la qualité de l’éducation. Sans oublier non plus l’intérêt de la recherche qui permet d’interpréter les résultats afin de mettre en œuvre des politiques et pratiques efficaces.

Les évaluations internationales à grande échelle des résultats scolaires permettent de mesurer l’alphabétisation fonctionnelle. Leurs résultats sont destinés à documenter les efforts nationaux qui sont faits pour améliorer la qualité de l’éducation. En Bulgarie, les deux dernières vagues d’une de ces évaluations – PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) – ont révélé, concernant les compétences en lecture, une proportion alarmante d’élèves analphabètes.

Pourtant, l’évaluation externe nationale (NEA) au même stade de la scolarité – organisée par le ministère de l’Éducation du pays – a donné des résultats différents. Plus encore, les résultats ne sont pas comparables, de sorte qu’il est impossible de dire quelles réformes éducatives sont nécessaires ni quelle est la façon de les mettre en œuvre.

Ce que l’enquête PISA évalue dans son volet sur la maîtrise de la lecture est un ensemble de compétences visant à montrer ce que les apprenants comprennent d’un texte en tant qu’élément d’information et ce qu’ils peuvent en faire. Il s’agit donc d’un outil orienté vers l’avenir, qui mesure l’alphabétisation fonctionnelle.

Lors du dernier test PISA, en 2018, le résultat moyen des élèves bulgares était de 420 points. La signification de ce résultat n’est pas intrinsèque mais relationnelle, il faut prendre en compte tous les participants au test. Le score moyen des pays est comparé à celui des autres pays de l’OCDE, soit 487 points en 2018. Ce résultat place les étudiants bulgares au dernier rang des pays européens.

En effet, depuis l’évaluation PISA de 2012, les résultats de la Bulgarie ne cessent de se dégrader. Par exemple, dans le dernier test, l’indicateur le plus important, celui des élèves dont les résultats sont inférieurs au niveau critique 2 – le seuil d’alphabétisation fonctionnelle – avoisine les 50 %. Dans le même temps, le nombre d’élèves dont les résultats sont aux niveaux 5 et 6, les plus élevés, est inférieur à 5 %.

Cette découverte a suscité un vaste débat public, au cours duquel diverses opinions ont été exprimées. Certains ont blâmé le système éducatif obsolète (son contenu), d’autres la préparation insuffisante des enseignants (la méthode) et d’autres encore le manque d’intérêt des étudiants et des enseignants (la motivation).

Pour ce qui est des tests nationaux, leur objectif est de servir à réformer les programmes scolaires, les plans et le contenu des cours et à réajuster les méthodes d’enseignement afin d’améliorer la qualité de l’éducation. Pourtant, lorsque nous étudions les résultats, nous constatons qu’ils présentent des données de faible qualité, qui ne sont pas adaptées à l’analyse en raison de nombreuses omissions et incohérences.

Par exemple, si nous prenons les résultats pour 2015, qui correspondent à la vague d’évaluation PISA précédente, la moyenne annoncée est de 58,68 sur 100, ce qui est un score de « bon à très bon ». Mais après avoir examiné et vérifié la cohérence des données, nous avons obtenu une note moyenne de 34,10 sur 100, la partie la plus basse de la fourchette.

Alors, que se passe-t-il lorsque nous mettons les résultats des deux évaluations face à face ? D’abord, nous avons un résultat NEA qui, selon l’interprétation bulgare, est qualifié d’assez bon, et un résultat PISA indiquant un analphabétisme fonctionnel de près de la moitié de la population. Ensuite, nous constatons une différence négligeable entre les scores des deux dernières vagues PISA, mais une différence substantielle entre les évaluations respectives du NEA.

Un autre ensemble de données montre une véritable différence. Il y a plusieurs années, le concept « d’école innovante » a été introduit en Bulgarie, permettant à chaque école de concevoir et de mettre en œuvre de nouvelles approches, méthodes, activités d’enseignement et d’apprentissage et de les certifier comme innovantes. Quand on analyse les résultats NEA des écoles certifiées des cinq dernières années, on découvre qu’elles ont toujours obtenu les meilleurs résultats.

Quelles sont les principales conclusions de cette recherche ?

D’abord, les résultats des tests internationaux et nationaux ne sont pas comparables en raison de la grande différence de méthodes et de contenu entre les tests eux-mêmes. Ce décalage empêche de les utiliser pour étayer les réformes qui visent à améliorer la qualité de l’éducation.

Deuxièmement, le système national de classement des résultats ne correspondant pas aux normes internationales, il ne peut fournir un niveau suffisant d’assurance qu’il est adapté.

Troisièmement, alors que les données accessibles – telles que les résultats de l’enquête PISA – se multiplient à l’échelle mondiale, leur donner un sens n’est pas facile. La connaissance oriente la société, mais c’est la recherche qui permet de savoir si les idées doivent être prouvées pour être considérées comme des connaissances.

La recherche est importante pour trois raisons.

D’abord, c’est un moyen de comprendre et de sensibiliser le public à différents sujets. Dans l’éducation par exemple, le problème est clairement systémique et ne peut être résolu uniquement par des initiatives civiles. Si elles sont correctement ciblées, ces dernières peuvent apporter une contribution, mais elles ont besoin d’informations et d’orientation. Ce qui conduit à la deuxième raison.

La recherche est un moyen de mettre au jour, d’évaluer et de saisir des opportunités. La lutte contre l’analphabétisme fonctionnel est une tâche ardue qui peut être abordée de différentes manières. Mais même avant cela, il y a de nombreuses questions auxquelles il faut répondre : où sont les carences les plus graves (au niveau du contenu, de la méthode ou de la motivation) ? Les carences numériques et linguistiques sont-elles liées ? Et sont-elles liées à la façon dont les connaissances sont transmises à l’école ?

Des opportunités se cachent dans les réponses à ces questions et pour les découvrir, nous avons besoin de preuves. Ces dernières se retrouvent généralement dans les données, mais en étudiant celles qui sont disponibles, nous nous rendons compte qu’il faut, dans un premier temps, les rendre utilisables. Dans notre cas, cela sous-entend un traitement permettant de révéler les facteurs pertinents et d’illustrer les corrélations et liens possibles. En même temps, cela dévoile les lacunes potentielles.

La troisième raison pour laquelle la recherche est importante est qu’elle est un moyen de révéler les idées fausses et de consolider les vérités. Parfois, cela met en lumière des problèmes ignorés et des questions que nous ne savions pas qu’il fallait poser.

Le Centre Immigration et Intégration (CII) est une organisation civile qui s’appuie sur la recherche dans son travail avec les jeunes. Parce que notre mission est de traiter les problèmes liés à la jeunesse, nous surveillons de près les développements de notre société, ainsi que ceux du reste du monde.

D’expérience, nous savons que pour trouver les causes d’un problème, il faut une question bien formulée. Pour le CII, fonctionner comme une organisation civile implique une activité responsable socialement. Cette responsabilité n’est pas seulement une posture – elle nécessite également des connaissances.

 

The post Améliorer les résultats scolaires en Bulgarie : données et recherche appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Quand s’unissent politique progressiste et recherche de qualité https://globaldev.blog/fr/quand-sunissent-politique-progressiste-et-recherche-de-qualite/ Wed, 25 Mar 2020 12:30:33 +0000 http://wordpress.test/quand-sunissent-politique-progressiste-et-recherche-de-qualite/ Ce blog fait partie d’une série organisée en marge de la 19ème conférence mondiale sur le développement. Une recherche de grande qualité est la condition sine qua non de la réussite de l’Inde dans la concrétisation de ses objectifs de développement durable. Cet article, écrit dans le cadre du concours international de blogs jeunesse 2019

The post Quand s’unissent politique progressiste et recherche de qualité appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Ce blog fait partie d’une série organisée en marge de la 19ème conférence mondiale sur le développement.

Une recherche de grande qualité est la condition sine qua non de la réussite de l’Inde dans la concrétisation de ses objectifs de développement durable. Cet article, écrit dans le cadre du concours international de blogs jeunesse 2019 de GDN, présente des travaux reconnus dans le cadre de l’Initiative de recherche du Président du Parlement indien.

Pour de multiples raisons, l’année 2015 a marqué un tournant dans la démarche de l’Inde pour le développement durable. Le pays a soumis sa Contribution Nationale Intentionnelle (INDC) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, signé la Déclaration du Programme à l’horizon 2030 comprenant les 17 objectifs de développement durable (ODD) et assisté à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) où les parties ont négocié l’Accord de Paris.

Mais une autre initiative gouvernementale majeure n’a pas reçu beaucoup d’attention en 2015 : le Parlement indien inaugurait la Speaker’s Research Initiative (SRI – l’Initiative présidentielle pour la recherche) pour générer des contributions de recherche de haute qualité et mettre à la disposition des membres du Parlement (MP) les connaissances et l’expertise liées aux ODD. Rétrospectivement, la contribution de la SRI est la condition sine qua non de la réussite de l’Inde dans la concrétisation de ses objectifs de développement durable.

Fonctionnement de la SRI

La SRI met en relation les décideurs politiques avec les scientifiques et les chercheurs, leur fournissant une plateforme sur laquelle ils peuvent obtenir des informations sur des questions d’importance nationale, telles que le changement climatique, l’agriculture et la gestion de l’eau potable.

Il s’agit d’une étape majeure vers l’élaboration de politiques fondées sur des preuves scientifiques, puisque les chercheurs présentent aux députés leurs réflexions concernant des questions d’importance nationale. Forts de preuves scientifiques, de données récentes et de faits, les législateurs peuvent prendre des décisions éclairées et réfléchies.

La SRI mène ses activités quotidiennes dans les locaux du Parlement. Il existe un corps distinct appelé Cellule SRI, créé pour s’occuper des travaux relatifs à la SRI. Il leur incombe d’organiser et de mettre sur pied les ateliers, de se coordonner avec les experts et de publier les travaux de recherche menés dans le cadre de la SRI. Les membres de cette cellule sont généralement des cadres supérieurs de la fonction publique.

La SRI a son propre programme de bourses et de stages via lequel elle sélectionne chaque année des chercheurs et des stagiaires. Ces chercheurs, sélectionnés à la suite d’un processus rigoureux, travaillent ensuite sur les thèmes définis par la Cellule SRI. Cette dernière les aide également à présenter leur travail aux députés et à le publier pour les besoins futurs. Mais il convient de noter que la plupart des experts ayant présenté leur travail n’étaient pas employés par la SRI.

L’impact de la SRI

Depuis sa création, la SRI a organisé plusieurs ateliers, présenté des documents de recherche et publié des notes d’information d’experts destinées aux parlementaires. Elle a eu un impact direct et indirect remarquable sur l’élaboration des politiques. Le tableau ci-dessous contient une brève estimation des contributions directes quantifiables apportées par la SRI.

 

Contribution

Nombre

Documents présentés

45

Ateliers organisés

37

Notes d’information publiées

18

Scientifiques/experts participants

94

Bourses de recherche

25/an

Opportunités de stages

100+

 

Outre les contributions mentionnées ci-dessus, la SRI a également publié deux documents détaillés traitant de la position de l’Inde par rapport aux ODD et les défis liés à leur mise en œuvre.

Parmi les experts impliqués dans la SRI, on retrouve le Dr Ajay Mathur (Directeur général de l’Institut de l’énergie et des ressources), le Dr Harsh Kumar Bhanwala (Président de la Banque nationale pour l’agriculture et le développement rural, NABARD), Madhav Gadgil (fondateur du Centre des sciences écologiques) et Mohandas Pai (lauréat du Padma Shri). Tous sont reconnus dans leurs domaines respectifs pour la rigueur de leur formation académique, la profondeur de leur expérience et leur expertise.

À travers les ateliers et les articles présentés aux parlementaires, les chercheurs attirent l’attention sur les causes principales des grands problèmes et formulent des recommandations pour les résoudre. Plus qu’une idée générique, les législateurs ont donc une vraie compréhension des questions importantes, ce qui leur permet de travailler à des solutions beaucoup plus efficaces et rapidement applicables.

Par exemple, un document sur les Préoccupations environnementales en Inde du Dr Ajay Mathur a énuméré les principales raisons de la détérioration de la qualité atmosphérique en Inde et recommandé la mise en œuvre d’un programme national d’assainissement de l’air. Ce programme a été accepté et lancé au cours de l’année suivant sa présentation.

De même, dans un atelier sur les Défis et opportunités dans l’agriculture, le Dr Harsh Kumar Bhanwala a souligné les problèmes fondamentaux qui affectent l’agriculture indienne et recommandé d’augmenter les flux de crédit vers l’agriculture. Le gouvernement a opéré ces changements à travers le projet d’amendement de la NABARD et a multiplié le capital de la NABARD par six.

Autre exemple encore, dans son article sur la gestion de l’eau douce, TC James a souligné la possibilité de tirer profit du dessalement et plaidé en faveur de l’investissement dans la R&D pour l’eau douce. L’année suivante, le ministère de l’Eau Potable et de l’Assainissement s’est vu alloué son plus gros budget jamais enregistré, notant une augmentation de 49 % par rapport à l’année précédente. Récemment, l’Inde a commencé à travailler sur une nouvelle usine de dessalement dans une ville que TC James explore, dans ses travaux de recherche, comme une option viable.

Ce ne sont là que quelques exemples parmi les nombreux changements apportés grâce aux travaux de recherche présentés sous l’égide de la SRI.

Les chercheurs ont soumis de nombreux articles influents sur des sujets liés aux ODD. Bien que la plupart des travaux de recherche présentés jusqu’à présent aient été concentrés sur les ODD 1, 2, 3, 14 et 16, ils ont eu un impact mesurable sur presque tous les objectifs, étant donné que tous les ODD sont liés. En effet, au fil des années, quatre ateliers ont porté exclusivement sur le sujet des ODD, y compris le tout premier.

Depuis la création de la SRI en 2015, l’Inde est devenue beaucoup plus sensible au changement climatique et plus active dans sa poursuite des ODD. Sur le terrain, l’impact a été significatif.

En 2016, l’Inde a décidé de passer directement des normes d’émission BS-IV à BS-VI. En 2017, le ministre des Transports indien a annoncé un plan ambitieux pour ne produire que des voitures électriques à partir de 2030 pour réduire la pollution, et l’Inde devrait atteindre les objectifs INDC avant l’échéance. Le rôle de la SRI a été déterminant pour amener un tel changement de paradigme dans l’approche du gouvernement en matière de développement durable.

La SRI a également eu un impact indirect significatif sur le processus de mise en œuvre d’une recherche de qualité dans l’élaboration des politiques. Il est important de reconnaître que lorsque les décideurs politiques apprécient un travail de recherche de haute qualité, cela agit également comme un coup de pouce au moral des autres scientifiques et les encourage à poursuivre leur travail en toute confiance.

Un autre impact indirect majeur de la SRI a été de rassembler une jeune génération de chercheurs motivés à travers des programmes de bourses et de stages. Chaque année, plus de 100 chercheurs prennent part à cette initiative via le programme de stages, ce qui leur donne l’occasion de réseauter avec des experts et la possibilité de mettre en œuvre leurs idées à grande échelle.

Défis

Malgré les nombreuses contributions de la SRI, l’initiative est également confrontée à plusieurs défis qu’elle devra relever dans les années à venir. Pour commencer, la SRI sous sa forme actuelle est un « tigre de papier ». Les recommandations présentées sont consultatives et ne sont pas susceptibles d’être mises en œuvre. Les députés ne sont pas tenus de répondre aux recommandations proposées.

En outre, les thèmes des ateliers ne suivent aucune structure définie et sont organisés selon les besoins. Cela signifie que de nombreuses recherches bien documentées passent inaperçues.

Un autre défi majeur auquel est confrontée la SRI est le manque de sensibilisation à son programme de stages et de bourses parmi les étudiants en dehors de la capitale, Delhi. Cela signifie que beaucoup de chercheurs émergents talentueux ratent la chance de participer au programme.

La marche à suivre

La SRI est une initiative unique qui place les chercheurs et les scientifiques au premier plan de l’élaboration des politiques, améliorant ainsi la qualité des débats et des discussions au sein du Parlement. Cela permet aux législateurs une plus grande réactivité face aux problèmes actuels, puisqu’ils ont accès à des données de recherche et des informations actualisées.

À la suite de ce succès, les provinces de l’Inde ont commencé à mettre en œuvre leur propre version locale de la SRI. Compte tenu de la montée des politiques protectionnistes dans le monde, les possibilités de lancement de programmes similaires dans d’autres pays sont nombreuses. Cela signifiera que les législateurs ont désormais la responsabilité et la capacité nécessaires pour prendre des décisions fondées sur la recherche et les données, afin de créer un impact positif à long terme.

 

The post Quand s’unissent politique progressiste et recherche de qualité appeared first on Globaldev Blog.

]]> Services d’information sur le climat pour les agriculteurs : les leçons de la recherche https://globaldev.blog/fr/services-dinformation-sur-le-climat-pour-les-agriculteurs-les-lecons-de-la-recherche/ Tue, 11 Feb 2020 12:15:16 +0000 http://wordpress.test/services-dinformation-sur-le-climat-pour-les-agriculteurs-les-lecons-de-la-recherche/ Ce blog fait partie d’une série organisée en marge de la 19ème conférence mondiale sur le développement. Faire en sorte que les petits exploitants agricoles aient accès à des services d’information climatique pourrait être déterminant pour rendre le secteur agricole des pays africains plus résilient face au changement climatique. Cet article, écrit dans le cadre

The post Services d’information sur le climat pour les agriculteurs : les leçons de la recherche appeared first on Globaldev Blog.

]]>
Ce blog fait partie d’une série organisée en marge de la 19ème conférence mondiale sur le développement.

Faire en sorte que les petits exploitants agricoles aient accès à des services d’information climatique pourrait être déterminant pour rendre le secteur agricole des pays africains plus résilient face au changement climatique. Cet article, écrit dans le cadre du concours international de blogs jeunesse 2019 de GDN, décrit un cadre utilisé pour garantir la diffusion de données fondées sur la recherche sur le changement climatique aux parties prenantes du secteur agricole.

L’agriculture est le pilier de nombreux pays africains en développement. Elle est généralement dominée par les petits exploitants agricoles, qui résident en majorité dans des régions semi-arides. Ils sont régulièrement victimes de conditions météorologiques défavorables – précipitations insuffisantes, inondations et températures extrêmes – associées à des déferlements de nuisibles et de maladies, qui entraînent souvent de lourdes pertes de récoltes et de bétail.

Bon nombre des risques auxquels sont confrontés les agriculteurs sont causés par le changement climatique. Étant donné que la majorité de ces petits exploitants agricoles n’ont pas accès à des services climatiques spécifiques, fiables et exploitables, ils ne peuvent pas se préparer efficacement pour les saisons agricoles.

En ce qui concerne l’adaptation au changement climatique, les services d’information sur le climat sont un élément clé pour la prise de décision des agriculteurs. Leur rôle peut être déterminant pour renforcer la résilience du secteur agricole des pays africains.

Arame Tall, spécialiste des services climatologiques, a mené plusieurs études de cas en Afrique et en Asie. En donnant des indications sur la façon de fournir des services d’information climatique aux petits exploitants agricoles, elles répondent au 13e objectif de développement durable : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques. Apporter des services d’information climatique aux groupes les plus vulnérables d’une communauté permet de renforcer leur résilience et devrait être une priorité totale.

Le travail d’A. Tall a favorisé la conception et la production de projets de services climatiques dans la plupart des pays en développement, aidant ainsi les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. De plus, ses recherches sur les services climatiques ont inspiré le personnel de certains départements des services météorologiques nationaux (SMN) en Afrique, les incitant à prendre des initiatives dans leurs pays afin de mettre en place des cadres de services climatiques au niveau national.

Pour que les petits exploitants puissent bénéficier des services climatologiques, cinq questions stratégiques doivent être traitées : la saillance, l’accès, la légitimité, l’équité et l’intégration. Le travail d’A. Tall et de ses collègues met en évidence la manière dont ces défis peuvent être surmontés et constitue le cadre dans lequel les départements NMS des pays en développement et leurs partenaires fournissent des services d’information climatique aux utilisateurs finaux.

Saillance

La saillance exige que les informations climatiques soient adaptées et puissent être utilisées par l’agriculteur au moment de la prise de décision. Cela implique de combler l’écart entre les informations climatiques dont les agriculteurs ont besoin et celles qui leur sont fournies. Pour que le défi de la saillance soit relevé avec succès, des partenariats producteurs-public-privé – entre les départements des SMN, les acteurs de l’agriculture, du développement, de la communication, les agriculteurs, etc. – sont nécessaires.

Au Rwanda, par exemple, certains petits agriculteurs déclarent être en mesure de prendre des décisions éclairées au niveau de leur exploitation grâce aux prévisions saisonnières qu’ils reçoivent de Meteo Rwanda. Si cela leur est possible, c’est grâce à une formation reçue avant le début de la saison agricole concernant les « Services climatiques participatifs intégrés à l’agriculture », au cours de laquelle les prévisions liées à l’agriculture ont été discutées entre les agriculteurs, les agronomes et les partenaires locaux du projet.

Accès

L’accès consiste à fournir des services climatiques en temps opportun aux communautés rurales éloignées et dont l’infrastructure n’est pas développée. Étendre l’accès aux services climatiques nécessite d’associer plusieurs canaux de communication tels que les médias de masse (radio et télévision), les médias électroniques (SMS et appels) et les canaux communautaires (services de vulgarisation agricole, organisations paysannes et réseaux sociaux).

En Afrique, les principaux canaux de diffusion pour les informations climatiques sont la radio, la télévision, les communiqués et les mails. Des pays comme le Kenya, l’Éthiopie et le Soudan ont développé des sites web d’information climatique, où il est possible de partager des informations avec les utilisateurs finaux qui le souhaitent.

En Inde, la présence d’un centre agrométéorologique local, grâce au projet intégré de Service consultatif agrométéorologique (AAS), a amélioré l’accès aux renseignements et leur utilisation. Une évaluation de ce projet indique que les meilleurs canaux de diffusion sont la formation et la discussion dans les villages.

Pour les agriculteurs impliqués dans l’évaluation du projet AAS, c’est la variété des canaux de communication utilisés pour les atteindre qui a été un élément majeur de sa réussite. Entre autres : SMS et messagerie vocale, médias (journaux, radio et télévision), Internet, réunions et formation avec des vulgarisateurs agricoles, centres d’information locaux, ONG locales, clubs d’agriculteurs, communiqués et annonces au micro dans les villages. Là où les agriculteurs déclarent recevoir des informations sur les AAS via un plus grand nombre de canaux de communication, la sensibilisation est plus importante et leur utilisation plus répandue.

Légitimité

La légitimité consiste à s’assurer que les agriculteurs sont propriétaires des services climatologiques qui leur sont fournis et également qu’ils sont impliqués dans la conception et la prestation de ces services. Dès 1982, au Mali, un projet fournissant aux agriculteurs des informations sur le climat a été lancé. L’objectif était de découvrir comment ceux-ci faisaient usage des informations climatiques pour prendre des décisions agricoles éclairées.

Les agriculteurs participant au projet ont été directement impliqués dans des activités agrométéorologiques, telles que la collecte de données pluviométriques et leur envoi aux départements des services météorologiques. Ils ont également participé à la conception des données météorologiques et climatiques dont ils avaient besoin. En 2014, des milliers d’agriculteurs maliens participaient toujours à des activités agrométéorologiques et étaient capables d’interpréter les informations pour adapter leurs décisions.

Équité

En Afrique, les femmes ont généralement moins accès à l’information et aux ressources que les hommes. L’équité consiste à inclure les femmes, les pauvres et les autres groupes socialement marginalisés dans la conception et la prestation des services d’information climatique.

Une étude de cas dans la région de Kaffrine au Sénégal, concentrée sur les besoins d’information sur le genre et le climat, indique que les femmes ont une préférence pour certains canaux de communication, notamment les points de collecte d’eau tels que les forages, ou encore le marchés et les SMS.

Intégration

Les services d’information sur le climat peuvent se fondre dans un ensemble plus vaste de programmes de soutien ou de développement agricole. Cela permettra d’améliorer la capacité de réaction des agriculteurs face aux informations qu’ils reçoivent. En outre, les informations climatiques peuvent être intégrées à d’autres formes d’informations vitales pour les agriculteurs, par exemple les informations relatives aux marchés agricoles.

En partenariat avec Plan International et la Southern Alliance for Indigenous Resources (Alliance du Sud pour les ressources indigènes – SAFIRE), Oxfam a réalisé un projet soutenu par le gouvernement du Zimbabwe, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds pour l’environnement mondial. Dans le cadre de ce projet, les petits exploitants, en plus de recevoir des services climatiques sur mesure, avaient accès à des services financiers ainsi que l’opportunité de créer des liens commerciaux. Cela a contribué à améliorer la résilience des agriculteurs face aux chocs climatiques.

Conclusions

La présentation ci-dessus met en évidence les cinq défis à relever en terme de communication d’informations pour assurer l’efficacité des services climatiques. Le changement climatique et l’impact des projets ayant trait à ce changement s’envisagent sur le long terme. Néanmoins, en ce qui concerne les cinq défis, les expériences de recherche en Afrique et en Asie indiquent que les services d’information climatique montrent un vrai potentiel pour améliorer la capacité d’adaptation des agriculteurs.

Le changement climatique est une question d’intérêt général, qui rassemble une grande variété d’acteurs au sein de l’économie. Par conséquent, pour que les services d’information climatique aient plus d’impact sur les agriculteurs, il est nécessaire de canaliser davantage de fonds publics vers la mise en œuvre de projets ayant trait au changement climatique ainsi que vers les partenariats nécessaires. L’augmentation des investissements publics dans les projets relatifs au changement climatique, par exemple ceux qui visent à mettre en place des cadres pour les services climatiques, aideront non seulement à améliorer l’adaptation des pays au changement climatique, mais aussi à résoudre le problème de la rareté des données climatiques, en particulier en Afrique.

Les partenariats nationaux et les collaborations entre les acteurs de l’agriculture et du changement climatique sont également importants. Ces partenariats peuvent impliquer les experts en changement climatique des départements des services météorologiques, les agronomes d’agences gouvernementales pour l’agriculture, les entreprises privées en agriculture et en technologies de l’information, les universitaires et les agriculteurs eux-mêmes. Ensemble, ils devraient travailler à la production, la diffusion et l’apport efficace de services d’information climatique concrets.

 

The post Services d’information sur le climat pour les agriculteurs : les leçons de la recherche appeared first on Globaldev Blog.

]]>