L’infrastructure publique numérique (IPN) promet d’améliorer l’inclusion financière et la prestation de services, mais elle peut aussi aggraver les inégalités socio-économiques. Le manque d’accès, l’analphabétisme numérique et les problèmes d’accessibilité financière excluent les communautés marginalisées de la société et accentuent les disparités. Les préoccupations relatives à la confidentialité des données et les biais algorithmiques éloignent encore davantage les groupes vulnérables. Pour garantir une croissance inclusive, les décideurs politiques doivent s’attaquer aux obstacles à l’accès, investir dans la culture numérique et mettre en œuvre des mesures de protection contre la discrimination.
Dans un monde de plus en plus numérique, la mise en place d’une infrastructure numérique équitable, la réduction de la fracture numérique et l’élargissement des opportunités dans tous les secteurs sont devenus des priorités essentielles pour les décideurs politiques du monde entier.
Reconnaissant l’urgence de garantir des systèmes numériques fiables, inclusifs et abordables, essentiels à la croissance économique, à l’équité sociale et à l’efficacité de la gouvernance, GlobalDev du Réseau mondial de développement (Global Development Network, GDN), ainsi que le Centre international pour la fiscalité et le développement de l’Institute of Development Studies (IDS) au Royaume-Uni, ont lancé un appel à contributions sur l’infrastructure publique numérique (IPN), la capacité de l’État et le développement.
L’IPN permet d’examiner sous un angle nouveau des sujets qui, jusqu’à récemment, faisaient partie de l’agenda plus large de la « numérisation ». Alors que sa définition et sa portée continuent d’évoluer, il devient essentiel d’examiner l’IPN sous l’angle des inégalités socio-économiques, en particulier dans les pays du Sud. L’IPN promet de transformer des secteurs aussi divers que les soins de santé, l’éducation, l’inclusion financière, le bien-être social, les droits de l’homme, la vie privée, l’égalité des sexes, les droits des personnes handicapées, et bien plus encore. Toutefois, les leçons tirées de la « numérisation » mettent en évidence le fossé persistant entre les promesses et la réalité.
Alors que le GDN s’efforce d’évaluer les impacts socio-économiques réels des déploiements de l’IPN dans les pays du Sud, le blog de GlobalDev a rassemblé des exemples et des idées tirés de ses publications qui sont essentiels à la mise en place d’un cadre numérique inclusif.
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https://www.undp.org/sites/g/files/zskgke326/files/2023-08/undp-the-dpi-approach-a-
playbook.pdf
Filipe Lage De Sousa, professeur à l’Universidade Federal Fluminense, a souligné dans son article sur le blog de GlobalDev que si l’accès à Internet se développe rapidement, une part importante de la population des pays en développement reste exclue des technologies numériques. La plupart d’entre eux n’ont toujours pas accès à l’internet à haut débit à un prix abordable.
S’il a noté que la pandémie de Covid-19 a accéléré l’adoption des technologies numériques sur le marché du travail, ce qui pourrait entraîner des gains de productivité et d’efficacité économique à long terme, ces changements risquent toutefois également d’exacerber les inégalités sociales, comme le montrent les disparités dans l’accès à l’apprentissage à distance. Sur le marché du travail, l’accès à l’internet est devenu un facteur clé qui influe sur les salaires, les études montrant que les travailleurs bien connectés et plus instruits sont ceux qui profitent le plus de la numérisation.
Citant diverses études, M. De Sousa a souligné que les Brésiliens ayant accès à Internet gagnent 20 % de plus que ceux qui n’y ont pas accès. Si l’expansion du réseau a contribué à réduire l’écart salarial, les disparités persistent. Des résultats similaires indiquent un écart salarial lié à l’accès à l’internet dans d’autres pays en développement, allant de 18 % au Mexique à 30 % au Honduras.
Pour relever ces défis, il a proposé de meilleures initiatives politiques afin d’améliorer l’inclusion numérique. Les pays en développement sont confrontés à une exclusion numérique importante, mais la 5G à un prix abordable pourrait contribuer à combler ce fossé. Contrairement aux pays développés, qui ont construit leur infrastructure internet sur les réseaux téléphoniques existants, de nombreux pays en développement doivent s’appuyer sur des solutions sans fil et des partenariats public-privé (PPP). En outre, la culture numérique est essentielle pour que tous les travailleurs puissent bénéficier de l’économie numérique.
Karishma Banga, chargée de recherche principale à l’Overseas Development Institute, a écrit dans un billet de blog de GlobalDev que les femmes des pays du Sud sont confrontées à une fracture numérique à cinq niveaux, couvrant l’accès à la technologie, la participation au secteur des TIC, la culture numérique, les avantages économiques et la représentation au niveau de la prise de décision. Pour combler ce fossé, il faut investir dans l’infrastructure numérique, dans l’enseignement des STEM tenant compte des disparités hommes-femmes et dans des politiques équitables en matière de commerce numérique. Pour protéger l’avenir économique des femmes, elle a souligné la nécessité d’un contrôle national sur les flux de données, le partage du code source et la fiscalité numérique.
Le manque d’accès, l’analphabétisme numérique et les problèmes d’accessibilité financière excluent les communautés marginalisées et accentuent les disparités. Le manque d’accès, l’analphabétisme numérique et les problèmes d’accessibilité financière excluent les communautés marginalisées de la société et accentuent les disparités. Les préoccupations relatives à la confidentialité des données et les biais algorithmiques éloignent encore davantage les groupes vulnérables. Pour garantir une croissance inclusive, les décideurs politiques doivent s’attaquer aux obstacles à l’accès, investir dans la culture numérique et mettre en œuvre des mesures de protection contre la discrimination.
Elizabeth Naududu, diplômée de l’Université de Nairobi, dans son article pour GlobalDev, a examiné l’impact de la quatrième révolution industrielle (4IR) – une ère d’industrialisation caractérisée par la numérisation du secteur manufacturier – sur les personnes handicapées en Afrique.
Elle a noté que la main-d’œuvre industrielle et manufacturière de l’Afrique, qui dépend largement d’une main-d’œuvre bon marché, sera considérablement affectée par la 4IR, en particulier les personnes handicapées qui sont déjà confrontées à des taux de chômage plus élevés.
Selon elle, les technologies de la 4IR comme l’IA, l’IdO et la robotique améliorent l’efficacité mais creusent le fossé entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés. De nombreuses personnes handicapées, qui occupent souvent des emplois informels ou à temps partiel, ne disposent pas des compétences avancées nécessaires à la 4IR, ce qui les rend plus vulnérables à la perte d’emploi. Bien que certains pays africains, dont le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud et l’Égypte, aient développé des technologies d’assistance, leurs coûts élevés en limitent l’accessibilité. En outre, les employeurs ne savent pas comment intégrer les travailleurs handicapés dans la 4IR, ce qui les exclut encore davantage.
Naududu a souligné la nécessité de disposer de technologies d’assistance abordables pour favoriser l’inclusion dans les lieux de travail 4IR. Les partenariats public-privé (PPP) peuvent contribuer à réduire les coûts, et les employeurs devraient investir dans des dispositifs d’assistance pour garantir l’équité et l’inclusion au travail.
Avec cette nouvelle initiative mettant l’accent sur l’IPN, la capacité des États et le développement, GDN espère apporter un éclairage supplémentaire sur les facettes des technologies numériques et explorer comment l’IPN peut renforcer la capacité des États et favoriser une croissance inclusive dans un monde de plus en plus numérisé.Pour en savoir plus sur cet appel à contributions, contactez-nous via editors.globaldevblog@gdn.int. Pour soumettre un article, rendez-vous sur le site https://globaldev.blog/fr/write-for-globaldev/