La capitale de l’Ouganda, Kampala, multiplie actuellement les démarches pour construire un avenir plus durable et plus vivable pour ses habitants face aux menaces climatiques. Cet article étudie l’importance des stratégies fondées sur des données probantes dans le domaine des transports, de l’atténuation des inondations et d’autres formes d’infrastructures urbaines pour la résilience au changement climatique.
Comme beaucoup de pays en développement, l’Ouganda subit les effets profonds du changement climatique. La hausse des températures, l’imprévisibilité des précipitations et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes constituent des menaces importantes pour les infrastructures du pays, en particulier dans les zones urbaines.
Par exemple, les fortes pluies qui s’abattent sur Kampala provoquent de graves inondations qui endommagent les routes, perturbent les transports et engendrent des pertes économiques considérables. Les recherches montrent que le manque d’infrastructures résistantes au climat aggrave la situation, car les systèmes de drainage urbain et les routes, construits pour des conditions météorologiques plus stables, sont de plus en plus souvent débordés. En l’absence d’investissements substantiels dans des infrastructures adaptées en Ouganda, les conséquences économiques et sociales du changement climatique dans les zones urbaines devraient s’aggraver dans les années à venir.
Kampala constitue donc une étude de cas essentielle qui montre comment l’intégration de la résilience climatique dans la planification urbaine et les systèmes de transport peut aider les villes à s’adapter à ces défis. Cet article examine les stratégies fondées sur des données probantes qui permettent de renforcer la résilience climatique dans la ville.
Le rôle de la planification urbaine dans le renforcement de la résilience climatique
Les recherches montrent régulièrement que l’urbanisme joue un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience d’une ville aux chocs climatiques. Face à la flambée des défis posés par le changement climatique, le rôle de l’urbanisme dans l’atténuation de ses effets est devenu de plus en plus crucial.
Une planification urbaine efficace est essentielle pour renforcer la capacité d’une ville à résister et à réagir aux effets néfastes du changement climatique. C’est ce qui permet de promouvoir l’utilisation durable des sols, d’améliorer les infrastructures vertes (zones naturelles précieuses qui font vivre la société) et d’intégrer des modèles sensibles au climat afin de réduire la vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes et aux effets à long terme du changement climatique. Par exemple, les systèmes de villes compactes ont pour effet de minimiser l’étalement urbain et de réduire les émissions de carbone, tandis que les investissements dans des infrastructures résilientes, telles que les systèmes de gestion des inondations et les matériaux résistants à la chaleur, peuvent atténuer les effets de l’augmentation des températures et des inondations.
Les stratégies de planification urbaine efficaces comprennent la gestion des inondations, le transport durable et des infrastructures résistantes, telles que des systèmes de drainage améliorés, des logements résistants aux inondations et des transports publics respectueux de l’environnement. En outre, les processus de planification participative qui impliquent les communautés locales garantissent que les mesures de résilience climatique tiennent compte des disparités socio-économiques afin d’améliorer l’inclusion et l’équité dans les efforts d’adaptation.
La planification urbaine est donc un outil fondamental qui permet aux villes de prospérer dans des conditions climatiques changeantes. Kampala a lancé plusieurs initiatives de planification urbaine pour renforcer la résilience climatique, dans le cadre de la « Stratégie d’action de Kampala sur le changement climatique », qui met l’accent sur la réduction des émissions et le développement urbain durable.
La capitale s’est concentrée sur la création d’infrastructures vertes en adoptant une ordonnance sur les infrastructures vertes urbaines et sur la gestion des forêts urbaines, afin d’accroître la biodiversité et de réduire la chaleur en ville. La gestion des inondations et l’amélioration des infrastructures de traitement des déchets, soutenues par un financement de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement, visent à lutter contre les points faibles que sont encore les inondations et l’élimination inadéquate des déchets.
En outre, des efforts de résilience menés au niveau communautaire en partenariat avec des organisations comme ACTogether Uganda renforcent la capacité d’adaptation dans les quartiers informels. Ces mesures intégrées visent à créer un environnement urbain plus résistant au climat et plus inclusif.
Les transports, l’élément clé de la résilience climatique
Les transports sont un composant essentiel de la résilience climatique à Kampala, car ils influencent à la fois la vulnérabilité de la ville aux effets du climat et sa capacité d’adaptation. Le secteur des transports est la source de gaz à effet de serre qui se développe le plus rapidement ainsi qu’un contributeur majeur au changement climatique. Consciente de cela, l’autorité de la capitale Kampala a lancé des projets, notamment « Developing and Sharing the Low Carbon and Climate Resilient Kampala (Développer et partager une ville à faible émission de carbone et résistante au changement climatique) », qui visent à intégrer les questions relatives à l’énergie durable et au changement climatique dans le développement urbain.
De plus, la remise en état du chemin de fer à voie métrique Kampala-Malaba, soutenue par le Global Center on Adaptation, vise à adapter au climat les infrastructures de transport essentielles afin de réduire les risques climatiques.
Kampala prévoit également d’introduire un système de bus à haut niveau de service (BRT), afin de désengorger le trafic et d’améliorer la qualité de l’air. Si le succès est au rendez-vous, ce système pourrait réduire les embouteillages de 20 %, tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre.
La gestion des inondations et les infrastructures résilientes
La vulnérabilité de Kampala face aux inondations provoquées par le changement climatique est aggravée par l’urbanisation rapide et l’insuffisance des systèmes de drainage.
La gestion des inondations et les infrastructures résilientes jouent un rôle crucial dans le renforcement de la résilience climatique en réduisant les risques de crues liés à des conditions météorologiques extrêmes.
Ces systèmes, notamment les réseaux de drainage, les bassins de rétention et les barrières anti-inondation, contribuent à protéger les populations et les biens tout en maintenant la fonctionnalité des services essentiels, tels que les transports et l’énergie, en cas de perturbation.
Les infrastructures résilientes réduisent les coûts économiques à long terme en diminuant les dépenses de rétablissement et de réhabilitation, et intègrent souvent des solutions naturelles, telles que les zones humides, pour absorber l’excès d’eau et préserver la biodiversité urbaine. En outre, donner la priorité aux communautés vulnérables et premières victimes des inondations favorise un développement urbain inclusif et durable (GIEC, 2022).
Les autorités de Kampala ont développé des solutions structurelles, telles que la réhabilitation et l’expansion des réseaux de drainage des eaux pluviales, notamment le canal de Nakivubo, afin d’atténuer ces risques. Des solutions naturelles, telles que Lubigi – une zone humide dégradée et restaurée – améliorent l’absorption des eaux de crue. La collaboration avec des agences internationales, dont la Banque mondiale, a facilité les investissements dans des infrastructures urbaines résilientes afin d’améliorer le drainage, de réduire les dommages causés aux routes et de renforcer la capacité d’adaptation de la ville.
Par ailleurs, le nouvel échangeur de Mulago est doté de systèmes de drainage avancés conçus pour gérer les fortes pluies. Des recherches menées dans d’autres villes africaines, telles que Lagos (Nigeria) et Accra (Ghana), montrent que de tels investissements dans des infrastructures résilientes peuvent réduire de manière significative les perturbations économiques et sociales causées par des phénomènes météorologiques extrêmes.
En accordant la priorité à la gestion des inondations dans sa planification, Kampala prend des mesures importantes pour réduire sa vulnérabilité climatique.
L’infrastructure verte et les réglementations en matière de construction
L’intégration d’espaces verts, tels que les parcs, dans la planification urbaine est une autre stratégie fondée sur des données probantes qui renforce la résilience climatique. Selon une étude de l’ONU-Habitat, les villes dotées d’infrastructures vertes voient leurs îlots de chaleur urbains diminuer, la qualité de l’air s’améliorer et la gestion des eaux de ruissellement se développer. Ces avantages sont cruciaux pour les villes à croissance rapide comme Kampala, où l’expansion des quartiers informels et la perte d’espaces verts ont exacerbé la vulnérabilité aux effets du climat.
Le plan directeur de la ville de Kampala comprend des réglementations relatives aux bâtiments économes en énergie et résistants aux intempéries. Ces réglementations, étayées par des recherches menées dans d’autres villes africaines comme Nairobi (Kenya), permettent de réduire l’empreinte carbone globale des zones urbaines et de rendre les bâtiments plus résistants aux conditions météorologiques extrêmes. L’intégration de bâtiments économes en énergie dans la planification urbaine peut réduire de 15 % l’exposition d’une ville aux risques climatiques. Dans ce contexte, les infrastructures vertes et les réglementations en matière de construction ne sont pas seulement un impératif environnemental, mais aussi une stratégie d’adaptation nécessaire.
Conclusion
La démarche de Kampala, qui consiste à intégrer la résilience climatique dans sa planification urbaine et ses systèmes de transport, donne un aperçu intéressant de la manière dont les villes africaines peuvent s’adapter aux défis posés par le changement climatique. En se concentrant sur des stratégies fondées sur des données probantes, telles que l’amélioration des transports publics, l’investissement dans des infrastructures résistantes aux inondations et l’application de règles de construction écologiques, Kampala est en train de bâtir un avenir plus durable et plus vivable pour ses habitants.
Au fur et à mesure que la ville s’étend, l’importance d’une planification urbaine fondée sur la recherche ne fera que croître, garantissant que Kampala est bien préparée à faire face aux défis climatiques de l’avenir.