Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the polylang domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/u269751370/domains/globaldev.blog/public_html/wp-includes/functions.php on line 6114
Libéralisation des échanges : la nécessité d’établir des politiques nationales complémentaires
Uncategorized

Libéralisation des échanges : la nécessité d’établir des politiques nationales complémentaires

6 min

by

Ricardo Johnson

La libéralisation du commerce peut contribuer de façon significative à la prospérité des populations des pays en développement comme le Mexique. Cependant, comme le démontre l’auteur de cet article, afin de profiter des avantages potentiels de l’Accord États-Unis–Mexique-Canada (AEUMC), le gouvernement mexicain doit appliquer des politiques nationales complémentaires, notamment en matière d’investissements dans les infrastructures et des initiatives de lutte contre la corruption.

Les analyses théoriques et les études empiriques donnent suffisamment de preuves concernant les gains qu’offre le commerce. D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), des économies relativement ouvertes croissent plus rapidement que celles qui sont relativement fermées. Des données probantes montrent que les salaires et les conditions de travail ont tendance à s’améliorer dans les pays qui s’engagent dans le commerce.

De plus, les régions au sein des pays qui enregistrent les gains de productivité les plus importants consacrent une part croissante de leurs économies aux secteurs commerciaux. En général, des niveaux de productivité élevés entraînent la croissance économique, qui en retour, peut aider les citoyens d’un pays à échapper à la pauvreté.

Plus important encore, la libéralisation du commerce peut apporter des avantages concrets à la société sous la forme d’une meilleure allocation des ressources, d’un accès à de meilleures technologies, d’intrants et de biens intermédiaires, ainsi que d’une plus grande concurrence au niveau national.

Pourtant, malgré ses avantages présumés, dans de nombreux cas, l’augmentation des échanges a eu une incidence limitée en termes de stimulation de la croissance économique. À titre d’exemple, le Mexique a poursuivi des politiques d’ouverture commerciale pendant de nombreuses décennies, mais le pays n’a pas enregistré la croissance substantielle escomptée.

S’il est vrai que certains secteurs au sein des économies émergentes sont devenus plus compétitifs et plus prospères, l’ensemble des avantages de la libéralisation des échanges est resté limité. Ceci s’explique par le fait que les retombées positives du commerce n’interviennent pas dans un contexte de vide économique, mais elles sont étroitement liées aux politiques nationales.

Il convient de noter que les gains découlant du commerce sont exprimés en termes nets, ce qui signifie que les « gagnants » gagnent plus que ce que perdent les « perdants ». Mais les perdants sont plus motivés à faire entendre leurs voix dans le débat démocratique –  et ces dernières années, leurs voix ont souvent été plus fortes.

Au Mexique, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) n’a pas été à la hauteur de son potentiel concernant la réalisation d’une croissance économique durable et la réduction de la pauvreté. En réalité, l’économie mexicaine a connu une croissance plus lente que le reste de l’Amérique latine depuis l’entrée en vigueur de l’accord en 1993. Selon le journal El Economista, entre 2000 et 2016, le PIB par habitant du Mexique a augmenté de 1 % par an, alors que celui de l’Amérique latine dans son ensemble a cru de 1,5 % par an. Le magazine Forbes estime qu’en 2016, près de 44 % de la population mexicaine vivait dans la pauvreté.

La stagnation économique et les taux de pauvreté élevés du Mexique peuvent être largement attribués à l’échec du gouvernement dans l’introduction, en parallèle avec la politique commerciale, de réformes structurelles, pourtant indispensables. En outre, ceux qui ont été gravement affectés par le commerce n’ont bénéficié que d’un maigre soutien. Avec la mise en œuvre du nouvel Accord États-Unis – Mexique – Canada (AEUMC) qui arrive à grands pas, le Mexique devrait enfin considérer les politiques commerciales et nationales comme des questions interdépendantes.

Philip Sauré établit un lien entre les accords commerciaux et les politiques nationales. Étant donné que les politiques nationales dictent les conditions économiques locales, le refus de les prendre en compte peut compromettre les objectifs visés par les accords commerciaux les plus ambitieux. Ces politiques pourraient inclure des mesures visant à encourager la compétition, apporter des avantages à plus de personnes, et lutter contre la corruption.

Le Mexique devra développer ses capacités à tirer parti des avantages du commerce et à les distribuer efficacement au plus grand nombre de personnes possible. De véritables réformes sont nécessaires pour faire face aux inefficacités du marché et aux monopoles des industries nationales, en particulier dans les secteurs des communications et de l’énergie. Ceux-ci faussent les prix, génèrent des inefficacités et créent des règles de jeu inéquitables. Cette situation, à son tour, limite la productivité économique et entrave le renforcement de la croissance.

Le pays doit également travailler davantage pour investir dans l’infrastructure afin que toutes les régions aient les capacités nécessaires pour participer au commerce et en tirer profit. D’après Marcela González Rivas, les infrastructures sont essentielles pour stimuler le développement économique. En s’appuyant sur cette conclusion, elle explique que la piètre performance post-NAFTA des états du sud du Mexique découle en grande partie des décisions politiques qui négligent le développement des infrastructures appropriées. Les États tels que Chiapas, Oaxaca et Guerrero manquent de routes, de ports, d’hôpitaux et d’écoles. En l’absence d’infrastructures appropriées, ces régions resteront en marge du reste de l’économie nationale.

Le Mexique devrait s’assurer que les marchés de l’emploi et les filets de protection sociale fonctionnent efficacement, et que tous les membres de la société sont en mesure de participer aux possibilités créées par les échanges. Même si la création d’emplois est importante, elle ne suffit pas. L’OCDE, par exemple, soutient que l’inclusivité porte également sur l’autonomisation et la capacité à faire entendre sa voix ; il ne s’agit pas simplement d’emplois et de revenu.

Entre autres actions stratégiques spécifiques, il est nécessaire d’assurer un meilleur accès à des services de santé et éducatifs de qualité, en particulier pour les personnes les plus pauvres. Il faut également mettre en place des cadres efficaces pour encourager plus de personnes à intégrer le marché du travail – par exemple, les incitatifs fiscaux visant à réduire la taille du secteur informel.

Comme avec le NAFTA, il sera difficile pour le Mexique de réaliser des gains à partir du commerce dans le cadre de l’AEUMC, en l’absence de politiques de lutte contre la corruption et de réduction de la violence. Les coûts de la corruption représentent entre 2 % et 10 % du PIB du pays chaque année. Le gouvernement peut commencer à s’attaquer sérieusement à la corruption en mettant en place un système anticorruption national transparent et applicable, et en nommant un procureur général indépendant.

Le Mexique devrait apprendre de son expérience avec le NAFTA pour veiller à ce que les mêmes erreurs ne soient pas répétées. Cela signifie envisager des politiques alternatives pouvant être mises en œuvre en même temps que l’AEUMC afin d’accroître les résultats et les retombées. La politique commerciale peut améliorer considérablement la prospérité du peuple mexicain si le gouvernement décide d’adopter et d’appliquer parallèlement des politiques nationales complémentaires.

 

Ricardo Johnson
Economist