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GlobalDev et l’insécurité alimentaire

6 min

by

Catherine Otayek

Au lendemain de la pandémie de Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des millions de personnes sont confrontées à des problèmes d’accès à la nourriture. GlobalDev a publié une série d’articles sur les défis de l’insécurité alimentaire et les innovations technologiques, institutionnelles et politiques potentielles qui pourraient transformer les systèmes alimentaires, promouvoir une meilleure nutrition et mettre un terme à la faim.

Le rapport 2022 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde affirme qu’il ne devrait plus y avoir de « doutes qui pourraient subsister quant au fait que le monde perd du terrain dans sa lutte pour mettre un terme à la faim, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition sous toutes ses formes ».

Selon un rapport de la FAO et du Programme alimentaire mondial, 222 millions de personnes dans 53 pays/territoires devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et avoir besoin d’une aide urgente au cours de la période allant d’octobre 2022 à janvier 2023. La pandémie de Covid-19 couplée à la guerre en Ukraine ont exacerbé les problèmes d’accès et de disponibilité de la nourriture dans le monde, et la distance à parcourir pour atteindre les cibles de « faim zéro » des Objectifs de développement durable semble s’accroître chaque année.

Le 16 octobre, à la fin de la semaine, se tiendra la Journée mondiale de l’alimentation 2022, qui commémore la fondation de la FAO en 1945. Nous marquons l’occasion en revenant sur les articles que nous avons publiés sur l’insécurité alimentaire. Voici ce que nous avons appris.

 

Innovations dans les systèmes alimentaires : la clé de la santé humaine et planétaire

 

Dans son article « Innovations dans les systèmes alimentaires : la clé de la santé humaine et planétaire », Shenggen Fan, ancien directeur général de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), évoque le rôle de l’innovation dans le remodelage des systèmes alimentaires pour une meilleure nutrition, santé, inclusion et durabilité.

Comme il l’explique, « les systèmes alimentaires utilisent environ 85 % de l’eau douce du monde, et près d’un quart des terres de la planète est dégradé. Les systèmes alimentaires sont responsables d’environ un cinquième de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, les systèmes alimentaires ont le potentiel unique de résoudre une grande partie de ces problèmes – et ils peuvent permettre d’atteindre des objectifs de développement plus généraux, notamment la création d’emplois et l’autonomisation des femmes. »

Fan fait valoir que les innovations dans les technologies, les politiques et les institutions seront essentielles pour préserver la santé humaine et planétaire. Il donne des exemples de plusieurs innovations technologiques ayant prouvé leur efficacité dans l’amélioration des systèmes alimentaires, mais il insiste sur l’importance de considérer l’impact de ces technologies sur les petits exploitants, la nutrition des enfants et l’emploi. Fan parle également des innovations politiques qui donnent la priorité aux humains, à la santé et à l’environnement.

Enfin, il mentionne les innovations institutionnelles qui permettront aux technologies et aux politiques d’avoir un impact considérable sur les systèmes alimentaires. Il conclut son article en appelant à une coopération mondiale, clé de la diffusion de ces différents types d’innovations.

 

 Le rôle des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique

 

Les innovations technologiques sont également au centre de l’article d’Olga Mapanje et Rodney Mushongachiware, intitulé « Le rôle des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique ». Ils soulignent en particulier le rôle important des jeunes férus de technologie dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique, car les solutions agricoles résident de plus en plus dans la numérisation, l’automatisation et l’intelligence artificielle.

« Malgré les initiatives visant à promouvoir la production agricole et l’engagement des jeunes dans l’agriculture, la production agricole du continent africain reste faible par rapport au reste du monde. » Cette situation est aggravée par l’adoption limitée des technologies modernes, qui peut être contrée par une plus grande participation des jeunes aux systèmes alimentaires, car ils sont plus enclins à adopter les nouvelles technologies.

Les auteurs appellent les responsables politiques africains à intégrer les aspirations des jeunes dans leurs projets et interventions futurs dans le secteur agricole et à « [relever] les défis liés à l’accès aux ressources, telles que la terre et le crédit ».

 

La diversité au service de la résilience agricole et de la sécurité alimentaire : L’exemple de la Finlande 

 

Dans leur article « La diversité au service de la résilience agricole et de la sécurité alimentaire : L’exemple de la Finlande » Helena Kahiluoto et Janne Kaseva évoquent un autre type d’innovation. Ils réfutent un mythe persistant, expliquant que le paradigme de l’efficacité rationalisée a répandu la croyance erronée que la diversité dans l’agriculture mène à l’inefficacité. Dans une étude portant sur des exploitations finlandaises, ils prouvent que « les exploitations ayant une plus grande diversité dans l’utilisation des terres – des cultures plus variées – ne sont pas moins efficaces dans leur utilisation des ressources que les exploitations ayant des cultures moins diversifiées. ».

Les auteurs concluent que la « spécialisation insouciante » a rendu « l’approvisionnement alimentaire inutilement fragile en cette période d’instabilité écologique et sociale », et appellent à des changements dans les pratiques agricoles au nom de la durabilité et de la résilience.

 

Sécurité alimentaire dans les mégapoles : migrations climatiques et systèmes alimentaires informels

 

Dans son article intitulé, « Sécurité alimentaire dans les mégapoles : migrations climatiques et systèmes alimentaires informels », Mohammad Moniruzzaman plaide en faveur d’une innovation politique : il appelle les gouvernements des mégapoles à considérer « l’approvisionnement alimentaire informel » comme une partie de la solution pour réduire l’insécurité alimentaire et à intégrer les systèmes alimentaires informels dans le système alimentaire urbain.

Il cite l’exemple de la capitale du Bangladesh, Dhaka, qui accueille chaque année un demi-million de migrants en provenance des zones côtières et rurales. « Par conséquent, le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles urbains n’ayant pas accès aux services et aux commodités de base a augmenté de 60 % depuis 2000. Les systèmes alimentaires informels de Dhaka sont devenus un réseau dense et diversifié de marchés informels, de commerçants ambulants, de vendeurs à la sauvette, de vendeurs à la criée, de détaillants, de fournisseurs et de transporteurs. »

Ces systèmes rendent la nourriture plus accessible et plus abordable pour les migrants à faibles revenus : une étude montre qu’à Dhaka, « Un citadin sur deux dépend de ces marchés informels pour s’approvisionner en aliments. » Pour Moniruzzaman, l’intégration des systèmes informels est essentielle pour rendre « les mégapoles plus résilientes aux répercussions combinées des changements climatiques et de la croissance démographique rapide ».

 

Leçons d’une vie passée dans la politique alimentaire

 

Enfin, nous ne pouvons pas parler de sécurité alimentaire sur GlobalDev sans mentionner l’article de Shenggen Fan intitulé « Leçons d’une vie passée dans la politique alimentaire ». Dans cet article, dont nous vous recommandons vivement la lecture, Fan partage les leçons retenues après plus de 40 ans passés à travailler dans le domaine de la politique alimentaire (dont 10 ans en tant que directeur général de l’IFPRI).

Voici les principales leçons qu’il a tirées de son expérience :

  • Commencer avec le contexte local ;
  • Améliorer l’accès aux marchés qui fonctionnent bien ;
  • Travailler en partenariat ;
  • La nourriture seule ne suffit pas ;
  • Voir par les yeux du système alimentaire.

La sécurité alimentaire a été une préoccupation majeure pendant la pandémie. Voici quelques articles que nous avons publiés :

Covid-19 et crise alimentaire au Bangladesh : un plan d’action, par Asad Islam et Firoz Ahmad 

Insécurité alimentaire pendant le Covid-19, par Firoz Ahmad, Asad Islam, Debayan Pakrashi, Tabassum Rahman, et Abu Siddique

Covid-19 : La panique pourrait provoquer une crise alimentaire mondiale par Shenggen Fan

 

Catherine Otayek
Blog Manager, GlobalDev