Les jeunes sont notre avenir, oui – mais ces dernières années, ils ont subi certains des pires effets des crises économiques, sanitaires et environnementales, et ce surtout dans les pays en développement. GlobalDev a publié une série d’articles sur les défis de la jeunesse, notamment le développement des compétences, la recherche d’emploi et la prise de décisions clés quant à savoir s’il vaut mieux, pour eux, consacrer leur vie au développement de leur pays d’origine ou bien migrer vers d’autres opportunités.
5 août 2020. Il est 8 heures du matin et les rues de Beyrouth fourmillent de milliers de jeunes. Non, ce n’est pas un festival, une rave party ou une fête de ce genre. Ça n’y ressemble même en rien. Dans la chaleur estivale, je marche silencieusement, consternée, parmi les décombres, noyée dans les bruits perçants des alarmes de voiture et des bris de verre poussés dans des pelles métalliques. Hier, ma ville a été témoin de la plus grande explosion non nucléaire de l’Histoire.
Personne ne parle, tout le monde est sous le choc. Mais les jeunes Libanais, les mêmes qui avaient envahi les rues plus tôt dans l’année, sont redescendus spontanément dans ces mêmes rues, armés de pelles et de brosses, pour nettoyer la ville et aider les victimes et les personnes déplacées. En quelques jours, avant même que les autorités ne s’aventurent sur le terrain pour évaluer les dégâts, de jeunes volontaires ont déjà débarrassé le plus gros des décombres, et le processus de reconstruction peut commencer.
Il était alors clair pour moi, à ce moment-là et dans les mois qui suivirent, que les jeunes seraient le moteur de l’avenir de mon pays. Mais ils ont également compté parmi les principales victimes des crises sociales, politiques et économiques que traverse le Liban. Le taux de chômage des jeunes a atteint 47,8 % en mai 2022 , et le taux d’émigration est à un niveau record en ce qui les concerne.
Il est indéniable que les Greta Thunberg et les Malala, mais aussi tous les jeunes héros, activistes et citoyens engagés de la planète, ont un rôle majeur à jouer dans la détermination de l’avenir du monde dans lequel nous vivons. Mais ils et elles sont aussi souvent parmi les principales victimes des crises.
Alors que le monde célébrait la Journée internationale de la jeunesse plus tôt ce mois-ci, l’équipe de GlobalDev a décidé de réfléchir aux défis, en même temps qu’à la force, des jeunes des pays en développement de notre époque. Voici ce que nos auteurs nous ont appris.
Le fléau du chômage n’est pas réservé à la jeunesse libanaise. En effet, un nouveau rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) affirme que la pandémie a fait plus de mal aux jeunes qu’à tout autre groupe d’âge. On estime que le nombre total de jeunes chômeurs atteindra 73 millions en 2022, soit six millions de plus qu’avant la pandémie de 2019.
Dans leur article, Certification des compétences pour un meilleur appariement des emplois : l’exemple de l’Afrique du Sud , Eliana Carranza et ses collègues se penchent sur l’évaluation et la certification des compétences comme moyen d’augmenter l’emploi et les revenus de la tranche d’âge des 15-24 ans. Comme ils l’expliquent, un chômage élevé peut être dû en partie à ce que les économistes appellent des « frictions d’information : des erreurs dans les décisions d’embauche des entreprises ou dans les décisions de recherche des demandeurs d’emploi en raison du manque d’informations sur les compétences de ces derniers ».
Les chercheurs ont mené une expérience sur un groupe de chercheurs d’emploi : « Pendant deux jours, les participants ont passé six évaluations de compétences en calcul, communication (orale et écrite), détermination, concentration et planification. » Ceux qui ont reçu un certificat et qui s’en sont servi dans leur demande d’emploi ont vu leur taux d’emploi augmenter de cinq points de pourcentage par rapport au groupe témoin. La certification a également augmenté leurs revenus de 34 % par rapport au groupe témoin.
Les auteurs concluent que, même s’il subsiste des obstacles à l’emploi, l’évaluation et la certification des compétences représentent une politique efficace et peu coûteuse pour augmenter l’emploi chez les jeunes.
Simon Franklin s’intéresse à une autre façon d’augmenter l’emploi dans son article Faire travailler les jeunes chômeurs grâce à des subventions au transport. Il montre un lien de causalité entre les coûts de transport requis pour chercher du travail et les résultats de la recherche au niveau individuel.
Franklin concentre son étude sur la capitale éthiopienne d’Addis-Abeba, dans laquelle les vacances de postes sont affichées sur des tableaux d’affichage installés uniquement à trois endroits du centre-ville. Il constate qu’au fil du temps, alors que les jeunes arrivent à court d’argent et n’ont plus les moyens de payer les frais de transport vers le centre-ville, ils se découragent et diminuent leurs efforts de recherche.
Franklin en appelle à des politiques qui prônent la réduction des coûts de recherche d’emploi et de soutien aux chômeurs tout au long de leur recherche. Il souligne l’importance des outils en ligne dans la recherche d’emploi ainsi que « l’importance de la promotion de logements urbains plus denses et abordables, afin que les chercheurs d’emplois les plus défavorisés sur le plan économique puissent vivre à proximité de leurs lieux de travail, ayant ainsi un meilleur accès à des opportunités dans les villes en expansion ».
Faire travailler les jeunes chômeurs grâce à des subventions au transport
Alors que certains jeunes finissent par trouver un emploi, d’autres se découragent et préfèrent quitter leur patrie à la recherche de meilleures opportunités dans les pays plus développés. Dans leur article, David McKenzie et ses collègues nous parlent des conséquences du Covid-19 sur les intentions migratoires des jeunes Gambiens vers l’Europe.
Comme ils l’expliquent, « L’expansion des populations jeunes, le manque d’opportunités économiques, l’instabilité politique et les conflits ont été autant de facteurs qui ont contribué à la croissance de la migration clandestine de l’Afrique vers l’Europe au cours de la dernière décennie. » Après un coup d’État en 1994, la Gambie est devenue le pays africain avec la plus forte incidence de migration clandestine par rapport à sa population totale.
Mais la pandémie en a dissuadé certains de partir. Selon l’étude, 30,6 % des répondants étaient, depuis, moins susceptibles de vouloir migrer. Néanmoins, « le désir de migrer vers l’Europe reste incroyablement élevé chez ces jeunes hommes, 65 % d’entre eux déclarant qu’il est probable ou très probable qu’ils essaient d’émigrer, et 58 % qu’ils envisageraient la migration clandestine ».
Les auteurs appellent à des actions pour explorer des options « permettant d’ouvrir davantage de voies légales de migration vers l’Europe, compte tenu de cette forte demande » ainsi qu’à « expérimenter différentes approches pour réduire la demande de migration clandestine ».
Les conséquences du Covid-19 sur les intentions migratoires des jeunes Gambiens vers l’Europe
Dans le même temps, il est important d’inciter les jeunes à rester car ils peuvent jouer un rôle clé dans le développement de leur propre pays. Dans un article sur Le rôle des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique, Olga Mapanje et Rodney Kurai Mushongachiware affirment que les solutions agricoles se trouvant de plus en plus dans la numérisation, l’automatisation et l’intelligence artificielle, les jeunes technophiles ont un rôle à jouer dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique.
Comme ils l’expliquent, la majorité des jeunes dans les pays africains vivent dans les zones rurales, raison pour laquelle ils sont familiers du secteur agricole, du fait de la production familiale de subsistance et des programmes d’enseignement. En outre, les personnes âgées de 15 à 34 ans représentant plus de 40 % de la population dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, la plupart des initiatives agricoles visent ce groupe afin d’accroître leur participation au développement agricole et économique.
Néanmoins, la production agricole du continent africain reste faible par rapport au reste du monde, une situation exacerbée par la crise climatique ainsi que par le faible taux d’adoption des technologies modernes. En outre, comme l’expliquent Mapanje et son collègue, les jeunes « exploitent généralement de plus petites parcelles de terre, préférant des saisons plus courtes et des entreprises agricoles à forte valeur ajoutée, telles que la production horticole, l’aviculture, l’apiculture et l’élevage de lapins ».
Pour ces raisons, leur conseil aux décideurs africains est comme suit : « Les initiatives futures devraient se concentrer sur des approches tenant compte des aspirations des jeunes et relevant les défis liés à l’accès aux ressources, telles que la terre et le crédit. »
Le rôle des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique
Chez GlobalDev, nous encourageons les jeunes chercheurs à saisir chaque occasion pour partager leurs connaissances et leur point de vue sur les questions de développement. Vous pouvez trouver leurs articles dans notre section jeunes chercheurs.
Êtes-vous désireux d’écrire pour GlobalDev ? Lisez notre brochure et notre guide de style et envoyez-nous votre proposition à editors.globaldevblog@gdn.int.